4. Des vacances anticipées

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Une semaine avant les vacances de Toussaint, Écosse (*)

L'avion atterrit, après quelques heures de vols. Mes pensées ont tourbillonné autour de beaucoup de sujets. Beaucoup trop. Tous ces incidents qui m'ont valu ce départ anticipé en Écosse.

Comment est-ce que j'ai pu passer à côté d'un truc si énorme ? Alors que j'étais au centre de l'attention ? C'est pas croyable... Je suis incroyable. Dans le mauvais sens du terme.

Je cherche Austin du regard. Il m'a dit qu'il viendrait me chercher à l'aéroport, à la sortie de l'avion. Je suis sortie de l'avion. Alors où est-il ?

Puis je le vois. Il me fait de grands signes. Je cours vers lui, à en faire tomber ma valise, et je lui saute au cou :

- Austin !

- Barbara !

Je regarde ses yeux, ils sont heureux de me revoir :

- Tu sais que j'ai rien fait, hein ? Tu me crois ? Dis-je, les yeux au bord des larmes.

- Oui, Barbara, je te crois.

J'aime bien quand il dit "Barbara" avec son accent. Les deux dernières syllabes se confondent, et cela crée un nouveau son que j'apprécie énormément...

En me faisant cette réflexion, j'ai les yeux dans le vide. Comme souvent depuis l'incident. Austin s'inquiète et prend ma tête entre ses deux mains.

- Eh ? Barbara, tu es avec moi ?

- Oui. Oui... Je suis là. C'est que... parfois je me dis que si tu avais été là, tout aurait été différent.

- Oublie un peu cette histoire. Tu es en Écosse, tu es en vacances, tu es avec moi, profite.

- Je suis pas en "vacances," je suis suspendue de mon poste c'est pas pareil ! M'écrié-je avant de remarquer que tout l'aéroport me toisait avec un vilain regard.

- Chut... D'accord, Barbara. Mais l'essentiel c'est que tu sois en vie, ici, avec moi, non ?

- Humpf...

J'ai l'impression d'être une gamine qui boude. Austin prend ma valise, hèle un taxi, dans lequel on s'installe, et qui nous emmène vers son petit appartement. Ce dernier n'est constitué que de quatre pièces : un salon assez petit, une chambre tout aussi petite, une cuisine minuscule, et une salle de bain pour poupée Barbie.

- Tu veux te reposer ou on pourra faire un tour cet aprèm ? Me demande-t-il.

- Euh... Je vais me reposer je pense.

- D'accord.

Il dépose ma valise dans un coin de la chambre. Puis il part dans la cuisine et revient avec un cadeau dans les mains :

- Tiens, au moins tu pourras dormir avec ça, dit-il avec un sourire en coin.

Je prends le paquet, et l'ouvre :

- Oh ! Merci, c'est super mignon.

C'est une chemise de nuit, avec une inscription : NO SEX, NO DRUGS, NO ROCK'N ROLL... A SOUP AND BED ! ce qui correspond totalement à mon état d'esprit du moment. J'embrasse Austin, et il me sourit :

- Par contre, pour ce qui est du NO SEX, tu pourrais faire une exception ?

Je ris, mais ne réponds pas. Je l'embrasse à nouveau, et j'estime que la réponse est incluse au baiser.

Il m'enlace, et on reste un instant dans cette position. Je pense : " Si mes élèves savaient ce que l'on vient de m'offrir, il n'y croiraient pas !" et je me dis ensuite que je risque de ne jamais revoir mes élèves.

Tout commençait pourtant bien...

Pourquoi tant de haine ?

Et Imanol qui ne veut plus me parler.

Et Maki et Maxime qui doivent attendre mon appel. Ces deux génies de la BD, leur projet est compromis par ma faute...

C'est ahurissant comme quelques semaines peuvent pourrir une vie.

Comme je commence à m'énerver, je me crispe inconsciemment, et Austin le sent pendant notre câlin.

- T'inquiètes pas Barbara, tout va s'arranger.

Je l'espère...

Il va bien falloir que l'on comprenne que dans cette histoire, la victime c'est moi !

(*) J'espère que cette immense ellipse ne vous choque pas !

Le quatrième harcèlementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant