Le lendemain de tout cette histoire de Spotted, j'ai de nouveau eut mes Secondes. Et à nouveau le bruit et les jets de stylos. Ils ne croyaient plus à mon histoire de photomontage. J'ai dû mettre de heures de colles généralisées pour avoir le calme.
Ensuite j'ai été convoquée chez le proviseur. On s'est entretenu à propos de cette histoire de photo polémique. Il m'a demandé si j'arrivais à gérer tout ça.
J'ai dit oui.
Ma tête hurlait non.
Il a hoché la tête et m'a laissé partir.
Mon cœur avec les terminale a été aussi horrible que la dernière fois. Mais en sortant des élèves ont craché sur le tableau, et m'ont traité de "catin."
Pendant la pause de midi, je me suis détendue. Imanol m'en voulait de ne rien faire pour trouver l'auteur de la photo. Mais j'étais à bout.
Je suis sortie de la salle des profs, avec mon café, sous les regards lourds de sens de mes collègues, et sous les appels d'Imanol que j'ai ostensiblement ignorés.
J'avais alors cour avec mes premières. Pour la première fois depuis la découverte de la photo.
Cette classe étant particulièrement affreuse en temps normal, je redoutais le pire.
Je suis arrivée en avance dans la salle. J'ai préparé mon cœur. J'espérais. J'espérais que tout se passerait bien.
Je me suis assise.
J'ai bu mon café.
Ça a sonné.
La porte s'est ouverte.
J'ai vu de la farine m'arriver dessus.
Par chance elle ne m'a pas atteinte.
Alors je me suis levée pour aller chercher les élèves auteurs de ce geste. Bien sûr personne ne s'est dénoncé. Je les aie fait rentrer comme si de rien n'était.
Bruit.
Boulette de papier.
Insulte.
Bruit.
Beaucoup de personnes sont sur leur portables.
Je décide de confisquer donc ces objets. Je tends la main à Fanny. Elle y met son portable. À Édouard : idem. À Étienne : pareil.
Plus un bruit. Je me dis que c'est fini.
Gabriel tente de ranger discrètement son portable dans sa poche. Je m'approche. Je tends la main.
Il y crache.
Et je m'énerve (enfin c'est normal) et je lui demande son portable.
Il me gueule : "NON" et amène son téléphone à son cœur. Mais ce dernier tombe et je peux voir son écran.
Le Spotted.
Je ramasse le téléphone avant qu'il ne le ramasse. Il me regarde paniqué et tente de le récupérer.
Mais c'était trop tard. J'avais vu. Il était en train d'éditer un nouveau post. Sur moi.
Je sais toujours pas si c'est lui l'auteur de la photo. Mais c'est lui le Spotted Man. Soit celui qui gère la page Spotted. Enfin... reprenons :
En tentant de récupérer son portable, il tire sur ma main. Ca me fait mal. Et ça me rappelle tout ce qu'il s'était passé avant.
Bruit.
Insulte.
Boulette.
Stylo.
Crachat.
Farine.
Et je frappe.
Un coup. Puis deux. Et trois. Et son nez saigne mais je continue. Et il se défend mais je continue. Et il pleure mais je continue. Et les autres élèves tentent de m'écarter de lui mais je continue.
Un élève, par chance, prévient un pion.
Et Gabriel est pris en charge.
Ainsi que moi.
Je lâche le stylo. Stop.
C'est fini.
C'est écrit.
Cette ultime partie.
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Le quatrième harcèlement
Short StoryBarbara Sevenson, professeure d'anglais au lycée Arthur Rimbaud, a connu parmi ses élèves trois types de harcèlement différents. Celui fait de mots, celui fait de coups, et celui fait de commentaires sur Internet. Barbara est donc persuadée que le p...