Aujourd'hui, c'est un grand jour pour les deux jeunes bédéistes. Ils m'attendent au petit café du Cardinal, avec leurs planches. Je les rejoints.
- Bonjour vous deux !
- Bonjour Mme Sevenson ! Me disent-ils en même temps.
- Alors, faîtes moi voir ce que vous avez créé quand je préférais m'attarder sur la pluie plutôt que de profiter du soleil.
Ils se regardent bizarrement et Maxime me tendit un petit paquet de feuilles remplies de dessin. Je lis donc leur petit gag, et je ris beaucoup.
- Okay. Ça m'a fait rire, donc ça peut bien faire rire n'importe qui d'autre !
Je leur souris, et j'attends que l'un d'eux se lancent. C'est Maki :
- Et du coup, pour... le journal... vous allez nous aider ?
- Pour sûr !
Il y a quelques temps, (en fait, il y a environ deux ans) mon cousin qui dirige la partie "loisirs" du journal local m'a dit qu'il avait du mal à trouver des scénaristes et dessinateurs pour ses pages de BD, ce qui le forçait à changer de BD tous les six mois. Alors quand j'ai vu le journal artisanal de ces deux petits génies, j'ai immédiatement pensé à lui.
Je saisis donc mon portable :
- Regardez...
Ils se penchent vers mon portable. Je fais défiler mes contacts jusqu'à "Daniel Treynaud" et je l'appelle. Maki a les yeux qui brillent intensément, et Maxime sourit comme pas possible.
Ils ne peuvent pas entendre ce que dit mon frère à l'autre bout du fil, mais moi, je sais tout :
- Allô... Daniel ?
- Oui, Barbara ? Tu vas mieux ?
Je n'ai pas envie de m'attarder sur les banalités, mais soyons polie...
- Oui oui... Et toi comment tu vas ?
- Ça va très bien ! Que me vaut cet honneur ?
- Je crois que j'ai avec moi un scénariste et son dessinateur qui ont parfaitement envie d'être publié dans tes pages... Quelque soit la rémunération !
- Oh très bien ! Et... Qui sont-ils ?
- Ils s'appellent Maki et Maxime. Ils ont dix-sept ans chacun, et leurs parents sont d'accord pour qu'ils soient publiés. Et surtout, ils sont très doués et passionnés.
- Je... Euh... Très bien. En plus, les derniers embauchés ont déjà envie de partir, car "pas assez payés !"
- Tu... Tu serais d'accord pour les voir et voir si tu peux faire quelque chose pour eux ?
- Euh... Je pense qu'il n'y aura pas de soucis pour organiser tout ça... Tu... Ils sont avec toi ?
- Oui.
- Passe les moi s'il te plait.
Je me tourne vers les garçons, et leur demande : "Qui veut faire ses premiers pas de vendeurs de rêves ?" Maxime lève la main. Je lui passe mon téléphone.
Il se lève et s'éloigne.
- Barba... Madame ? Me demande Maki.
- Oui ?
- Pourquoi vous faîtes tout ça pour nous ?
- Parce que... Parce que quand on a un rêve, il faut tout faire pour l'atteindre. Et quand on connait quelqu'un qui a un rêve, il faut tout faire pour l'aider. Et puis, je suis sûre que ça ne pourra me faire que du bien. De faire le bien.
Après avoir fait du mal, donner le sourire à quelqu'un, c'est ce qui va me permettre de m'en sortir. De faire partir mes idées noires. Et de sourire.
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Le quatrième harcèlement
القصة القصيرةBarbara Sevenson, professeure d'anglais au lycée Arthur Rimbaud, a connu parmi ses élèves trois types de harcèlement différents. Celui fait de mots, celui fait de coups, et celui fait de commentaires sur Internet. Barbara est donc persuadée que le p...