L'ombre de lui-même

Chapitre 33 : Vivre à nouveau

Leo jouait avec son collier, le faisant glisser sur sa peau, le regard perdu au loin. Il pensait à sa vie, aux choix qu'il avait fait, bon ou mauvais d'ailleurs.

- Leo, ça va ? Demandait le Grand Mestre.

- Hein ? Oui, ça va. Emmène-moi là-bas c'est tout.

- Tu es sûr de vouloir les combattre seul ? Maintenant que tu es humain ?

- Oui. Je ne vais pas les combattre vraiment. Je vais juste leur proposer une nouvelle vie, leur offrir celle qu'ils auraient dû avoir s'ils n'avaient pas croisé ma route.

- Tu l'as fait parce que tu croyais que c'était ce que tu devais faire. C'était il y a longtemps, tu étais un gamin à ce moment-là.

- Tu essayes de ma rassurer là ?

- Euh ouais. Répondait-il tout sourire.

- Idiot.

Quelques minutes plus tard ils arrivèrent près de la DMZ. Leo sortit de la voiture, remontant le col de son manteau sur son cou glissant ses mains dans sa veste.

- Ça fait combien de temps que tu n'es pas venu ici ?

- Très longtemps.

Leo avança jusqu'à la limite entre la Corée du Nord et du Sud et pénétra dans la forêt, le Grand Mestre à sa suite. Au bout de quelques longues minutes de marche dans la forêt qui se densifiait, ils tombèrent sur une ancienne maison en pierre qui semblait sur le point de s'écrouler sous l'assaut de la nature qui luttait pour retrouver ses droits. Leo passa entre deux piliers et s'accroupit devant l'un d'entre eux, repoussant le lierre afin d'accéder à la petite crevasse qui s'y trouvait et d'en sortir une vieille clé en or. Il se redressa et s'avança vers la porte qui semblait ne tenir que par la force du Saint-Esprit.

- Tu es sûr de ton coup ?

- Oui. En revanche je vais avoir besoin de toi. J'avais scellé ça magiquement, avec le peu de pouvoir que je pouvais malaxer en tant que vampire.

- D'accord. Qu'est-ce que je dois faire ?

- Prends ma main.

Il le fit. Leo glissa la clé dans un petit trou caché au milieu du lierre, fermant les yeux. Finalement, ils entendirent un léger clic qui brisait le silence apaisant et en même temps funèbre de la zone. Leo s'avança au centre d'une pièce presque vide de tout meuble, au sol se trouvait un tapis ancien qui devait avoir une valeur historique importante désormais. Si la maison semblait sur le point de s'écrouler depuis l'extérieur, à l'intérieur on avait l'impression que le temps s'était figé.

- Tu l'as mis où ce truc ?

- Aide-moi à soulever le tapis, s'il te plaît.

Ils tirèrent le tapis dans un coin ce qui dévoilait une trappe. Leo se baissa pour l'ouvrir puis, équiper de la lumière de son téléphone fraichement acheté, il descendit les marches en vieille pierre dans une crypte recouverte d'écriture qui, dès qu'il entra dans la pièce réagirent à mon pendentif, elles se mirent à luire d'une lueur bleu cristalline. Le Grand Mestre regardait partout, émerveillé pendant que Leo se saisissait d'un artefact qu'il glissa dans sa poche.

- Allons-y.

***

Ken était dans la voiture aux côtés de ses frères, enfin de ses demi-frères. Il avait la tête qui reposait contre la vitre, la musique dans les oreilles. Il sentait le regard de Shikkie sur lui. Une larme coula sur sa joue, il l'essuya rapidement avec la manche de son sweat. Mais plus il les essuyait plus elles coulaient.

- Kennie ? Tu vas bien ? Lui demanda sa mère.

- Oui maman. Ce n'est rien. Désolé de vous inquiéter.

- On est bientôt arrivé, tu pourras te reposer un peu. Je te trouve patraque en ce moment...

Ken s'installa un peu plus confortablement dans son siège et ferma les yeux, finissant par s'endormir.

Il courait en direction de Leo qui était face à lui mais loin, trop loin. Son Leo si sexy dans son pantalon en cuir et sa chemise blanche presque transparente, trop grande pour lui mais tellement sexy. Ses bottines cirées grandissaient sa silhouette, ses cheveux bougeaient comme si une légère brise chaude passait dedans alors qu'il n'y avait aucun vent. Il n'y avait rien d'autre autour d'eux, juste un vaste monde blanc. Il lui souriait avec ce sourire qui pouvait le faire fondre comme neige au soleil. Ken courra, encore et encore, tendant le bras vers lui. Leo faisait de même mais plus il courrait, plus il avait l'impression qu'il s'éloignait. Et plus il courrait, plus son sourire semblait faner au fur et à mesure, devenir de plus en plus triste. Ken courrait, encore et encore puis il fut assez prêt pour voir la tristesse être remplacée de la douleur et de la déception puis Leo s'enflamma, les flammes léchaient son corps depuis ses pieds, épousaient presque amoureusement ses mollets, remontant peu à peu le long de ses longues jambes fuselés, commencer à mordre son torse, avalant ses bras, montant le long de son cou et alors au moment où Ken arriva à sa hauteur, le bras tendu prêt à le sortir de ses flammes, ces dernières montèrent sur son visage, l'embrasant entier, emportant avec lui Leo et son regard déçu destiné à Ken. Et ces derniers mots :

- Je te faisais confiance Ken, tu m'as menti !

Et il se réveilla, hurlant, couvert de sueur, le cœur battant tellement fort qu'il lui faisait mal. Il regarda autour de lui et ne vit que son frère qui le regardait inquiet.

C'était juste un cauchemar.

Ken baissa la tête laissant les larmes couler sur ses joues.

Il n'est plus là...

- Je suis désolé Leo... Murmura-t-il à voix haute.

- Ken ? Ça va ? Demanda Wonshik en posant sa main sur son épaule.

- Je l'ai abandonné. Au lieu de le soutenir je l'ai abandonné. Je ne lui ai pas fait confiance alors qu'il avait confiance en moi... Et maintenant il est parti, Shikkie ! J'ai mal, comment je peux faire ? A-Aide-moi.

Et il explosa à nouveau en pleure. Son frère le prit dans ses bras, caressant ses cheveux gentiment.

- C'est lui qui t'a abandonné. Ce n'est pas toi idiot. Ce lâche préfère vivre tranquille pendant que toi tu souffres.

- Où est-il ?

- Comment veux-tu que je le sache ?

- Shikie ! Ne me mens pas ! Où est-il ?

- Loin.

- Où est-il ? Redemanda-t-il en serrant des dents.

- Ken...

- Wonshik. Dis-moi où il est. MAINTENANT !

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Publié en 2017

Corrigé le 14 novembre 2020