L'ombre de lui-même

Chapitre 21 : Les reliquats du passé

- Lee Jaehwan... Murmura Ken.

- Qu'est-ce que tu as dit ?

Ken fermait le livre et le montrait à Leo. Il regarda le manuscrit sans titre. Il le reconnut sans peine. Il leva les yeux vers Ken pour voir sa réaction mais il semblait agir normalement comme s'il ne se doutait de rien.

- Dans le livre, les protagonistes, ils...

- Ils se nomment comme nous.

- Pourquoi ? Qui a écrit cette histoire ? Est-ce que c'est réel ?

- Non. C'est un conte écrit par mon ancêtre. On se le transmet de génération en génération. Comme je te l'ai dit je suis né à Busan, ici, pas dans cette maison mais pas loin d'ici. Mes parents m'ont raconté que l'histoire a une part de vérité, que le petit Taekwoon de l'histoire était mon ancêtre. Mon centuple arrière-grand-père, qu'il était curieux et aurait vraiment découvert le temple en haut de la montagne. Evidemment il était pillé depuis longtemps, il aurait rajouté tous ces détails de luxure et il a raconté ça à son fils, qui l'a à son tour raconté à son fils jusqu'à mon arrière-arrière-arrière- grand-père qui était un conteur à Rovixx. Le Taekwoon de Rovixx, le premier de la ville. C'est lui l'a écrit et je le soupçonne de l'avoir amélioré. Je soupçonne même mes ancêtres de l'avoir modifié au fur et à mesure des années afin de l'embellir, y ajoutant un peu de leur histoire dans ce livre. C'est l'héritage de la famille Jung. Et la vieille baraque d'apothicaire aussi je crois. Cette maison je me la suis offerte. Voilà c'est tout. Pas trop déçu ?

- Tu l'as lu ?

Leo acquiesça.

Si seulement il savait.

Il ne devait jamais l'apprendre.

- Mais si ton arrière-grand-père a déménagé à Rovixx et que tu as vécu là-bas. Comment tu peux être né à Busan ?

- Une autre des traditions Jung, on est tous né à Busan. Après on vaque où on veut, moi j'ai choisi Rovixx.

- Pourquoi Rovixx ?

- Est-ce que c'est vraiment important ?

Ken plongea dans ses pensées. Leo lui caressa la joue, il ne voulait pas qu'il y pense plus. Il ne voulait pas qu'il mette le doigt sur les failles du mensonge de sa vie. Ken tourna le visage vers Leo.

- Est-ce que tu aimerais avoir des enfants ?

- Pourquoi cette question subitement ?

- A cause du livre. Alors ?

- On ne peut pas avoir d'enfants. Tu le sais ?

- Evidemment. C'est sûr que physiologiquement parlant on ne peut pas mais il y a d'autres moyens, on pourrait adopter.

- Je ne suis pas sûr...

- Pourquoi pas ?

- Tu sais, les traditions familiales...

- A cause du récit légèrement pédophile de ton ancêtre ? Rigola Ken. Alors oui, c'est vrai que c'est peu engageant mais les traditions sont faîtes pour être détournées.

- Qu'avez-vous fait à mon Kennie ?

Ken explosait de rire. Leo se ravitailla de cette mélodie.

- Non mais sans blague : tu ne veux vraiment pas d'enfants ?

- Arrêtons de parler de ça. Je veux profiter de toi maintenant. Ça fait des jours que tu préfères lire que d'être avec moi.

- Leo, je t'aime.

- Et moi encore plus.

Leo prenait ses lèvres en otage alors que son corps se posait avec tendresse sur celui de Ken. Le baiser était lent et profond, à la recherche de la moindre trace de sentiment présent l'un pour l'autre. Le vampire percevait distinctement les battements affolés de son cœur.

Trop tôt.

Leo embrassa une dernière fois ses lèvres. Il caressa sa joue avec tendresse avant de se lever. Il sentit la main de Ken s'enrouler autour de son poignet et le retenir. Quand il se retourna, il découvrit un visage inquiet qui lui brisa le cœur.

- Tu vas où ?

- Je vais te préparer mon fameux chocolat chaud. Je reviens vite.

- Si tu n'es pas là dans deux minutes, je viens te kidnapper.

- Je ne sais pas si je vais revenir alors...

- Leo !

Leo ria à gorge déployée.

***

Ken profita de son absence pour penser à ce qu'il venait d'apprendre. Il n'en savait guère plus mais il cernait plus le personnage. Et il était forcé de constater qu'il ne l'aimait que d'autant plus. Il aimait cette aura mystérieuse qui l'entourait.

Okay, il avait peut-être un peu trop lu de fictions.

- Ken ? M'appela-t-il.

- Oui ? Dit-il en se tournant rapidement. Il avait une tasse fumante dans les mains, Ken s'en saisissait. Merci.

Leo reprit place à ses côtés, l'attirant dans ses bras. Ken s'installa à son aise, profitant de sa chaleur et de la vue magnifique face à lui.

Il était bien.

Il se sentait bien.

.

Publié en 2017

Corrigé le 31 octobre 2020