Cauchemar

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Il est difficile de savoir si l'on dort ou l'on est réveillé, surtout lorsque c'est un cauchemar.

Amélie ouvrit l'une des grandes portes du manoir et sortit à l'extérieur. C'était la nuit, le brouillard toujours aussi présent permettait de voir qu'à deux mètres près. Dans le noir complet, la jeune fille s'orienta grâce à sa lampe de poche qui reflétait sur le filtre. Elle marchait, seule sur un chemin de pierre gelé. Il n'y avait point de bruit. Pourtant, dans la brume devant elle se cachait un être à quatre pattes. Amélie continua d'avancer jusqu'à ce qu'elle l'aperçoive. Elle fut terrorisée et n'osa plus bouger à cause de ce qui s'était passé à l'intérieur du manoir.

Et si la chose l'avait poursuivit?

Puis, la créature s'avança et montra son museau hors de la fumée. Il montra ses crocs avant d'aboyer comme un déchaîner. C'était le chien des enquêteurs.
Amélie eut un saut et recula par crainte que le chien ne la mordre. Elle le reconnut, mais ne savait pas quoi faire, elle utilisa sa lampe de poche comme bâton, le montra au chien pour lui faire comprendre, l'agita et le lança de toutes ses forces vers le côté droit de la maison. Le chien ne bougea pas d'un seul poil. Il semblait hypnotiser par quelque chose.

- Merde! T'es sérieux! Tu ne réagis même pas! T'es censé protéger les gens, pas les foudroyer du regard pour leur faire peur!

Tout en gardant un œil vers l'animal, la jeune fille recula pour retourner à l'intérieur du manoir, mais elle cogna ses talons contre quelque chose. Amélie comprit aussitôt la réaction du chien. Il regardait en fait ce qui se trouvait derrière elle. Elle était trop concentrée sur l'animal et sur son objectif de fuire qu'elle en avait oublié de regarder derrière soi.

Une ombre à l'allure d'un grand homme se trouvait derrière elle. Il ne bougeait que ces bras au moment même où elle se tourna pour l'apercevoir. En se retourna, elle eut si peur qu'elle eut comme réflexe de fuire à toute vitesse. Son premier pied posé pour la course lui valut une chute sur la pierre glacée. Ce ne fût que son genou qui toucha le sol avant qu'elle se relève simultanément pour reprendre son échappé.
L'homme fait d'ombres ne bougeait toujours pas. Ces bras avaient cessés d'avancer dans la direction de la jeune fille et le chien, lui, se poussa sur le côté pour laissé passer la gamine, mais il se fit absorber par le brouillard.

***

Rosalie resta dans la salle d'art pendant un moment avant de se décider de trouver ces amis et son frère, mais elle était choquée par la phrase qui était écrite sur le mur. La jeune fille n'en pouvait plus. Toute cette histoire l'avait profondément troublée et elle hésitait à tout moment d'annuler sa mission de secours.
Elle décida de descendre voir à l'étage. Elle parcouru de long en large tout le couloir et les pièces avant de tomber sur un corps pendu. Elle échappa un cri et tomba sur les genoux en pleurs. Elle resta ainsi pendant plusieurs minutes. Jusqu'à temps qu'un bruit sonore parvienne de la salle à manger, plus précisément de la trappe.

***

Amélie courait en ne plus finir, cela faisait longtemps qu'elle courait en ligne droite pour échapper au monstre. Il faisait noir et le brouillard n'aidait pas. Il lui semblait qu'elle tournait en rond depuis de longues minutes. Pourtant, elle n'apercevait que du brouillard et rien d'autre. Le sol était toujours couvert d'une fine couche de glace qui permettait de glisser, mais la gamine ne s'en souciait pas. Épuisée, elle ralentissa ses pas jusqu'à s'arrêter complètement. Elle se trouva seule avec comme seul bruits ses battements de cœur et son souffle qui ralentissait lui aussi. Le chemin de pierre indiquait la direction à suivre, mais la brume trop épaisse ne permettait pas de voir le manoir et encore moins la sortie. Puis, à travers la fumée, elle put distinguer une forme de lumière. Elle semblait courir dans sa direction. Amélie ne fit rien, elle l'attendait comme quelqu'un qui attend son sauveur. La lumière se rapprochait en vabagondant. Un chien apparut du brouillard avec une lampe de poche dans la bouche.

- Te voilà! Je me croyais perdu!

Le chien lâcha de sa gueule l'objet, qui permettrait de trouver la sortie, sur le sol. Amélie le prit rapidement par précaution que l'animal ne décide de le reprendre. Elle l'essuya de toute la bave que le chien avait laissé et pointa le faisceau dans l'une des directions du chemin. Soudain, le brouillard s'amincit et le grand bâtiment réapparut de toute sa noirceur devant elle. Il semblait plus sombre que lorsqu'ils étaient arrivés, plutôt dans la nuit. Amélie se retourna pour apercevoir la grille qui empêchait d'entrer ou de sortir, mais au pied de la grille se trouvait une forme sombre.

***

La salle à manger était plus sombre qu'au paravant. Les meubles étaient renversés et tous avaient au moins une marque de destruction.
Rosalie souleva la trappe et regarda vers le bas où l'escalier semblait encore descendre vers les enfers. Elle se mit à les descendre sans lampe de poche. Elle n'y voyait rien, donc elle faisait de son possible pour ne pas tomber dans les marches et se ramasser sans repères. Plus elle descendait, plus la lumière provenant de la salle à manger disparaissait, mais elle gardait le courage et la conviction de retrouver Alexandre et Maxime.
Elle arriva enfin sur le sol de béton, où elle faillit glisser sur une lampe de poche laissée par quelqu'un plutôt. Elle la prit et vit qu'elle ne marchait que très peu. En pillant dessus, elle avait dû l'abîmer. Elle éclaira toute la cave à la recherche d'indices et inspecta comme son père lui avait montré. La jeune fille chercha pendant une dizaine de minutes avant de vouloir retourner au rez-de-chaussée. En se retournant, pour monter à l'étage, elle accrocha les tonneaux de peinture empilés. Ils tombèrent durement sur le sol et éclatèrent avec un bruit sourd comme une explosion. Rosalie eut un saut et eut mal aux oreilles, elle entendait un gros bourdonnement qui ne finissait plus. La peinture rouge jonchait le sol et donnait une touche artistique à l'escapade nocturne que les cinq jeunes avaient entrepris. La peinture disparaissait peu à peu dans le sol comme si elle était absorbée.
Voulant remonter, la jeune fille se mit à monter les escaliers tout en étant déçue. Elle pensa à la peinture, à sa signification et puis à la peinture qui coulait vers un point précis comme s'il y avait un égoût en dessous.

- Mais oui! La peinture s'en allait quelque part! Il y avait quelque chose en dessous des tonneaux!

Rosalie descendit les marches deux par deux et fonça vers la couleur qui redécorait la cave. À l'aide d'un morceau de bois de baril, elle tassa la peinture et y découvrit une trappe d'égoût. Elle était en acier et devait peser une tonne, mais la jeune fille ne se découragea pas et essuyant ses mains de liquide rouge contre son manteau, elle se mit à attraper la bouche d'égoût et à tirer de toutes ses forces. La trappe était extrêmement lourde, mais elle réussit en mettant des morceaux de bois et des bouts de métal de barils pour la soulever comme un levier.
Une odeur putride et de décomposition emplit son nez et elle dû reculer pour ne pas vomir tellement l'odeur était forte.

***

L'ombre se leva, barrant la porte de la grille presqu'au complet. Elle avait dans sa main droite, une corde décrivant un cercle. Amélie était piégée entre le bâtiment et la chose.
Son seul réflexe fut de courir sur sa gauche qui était le côté droit du manoir. Le chien la suivit et à un moment dépassa la jeune fille qui était en train de ralentir et de penser à un plan. L'animal s'arrêta net devant une porte en diagonale et il aboya sans arrêt pour dire à la gamine d'y pénétrée. Amélie hésitant, regarda derrière elle pour voir si l'ombre la poursuivait. Une forme noir se distinguait dans la brume et l'ombre avançait férocement dans sa direction. Amélie fonça sur la porte en la percutant, posa ses mains sur les poignées et tira de toutes ses forces pour se mettre à l'abri.

La porte de la cave s'ouvrit laissant entrer une petite brume qui s'éparpilla sur le sol tel un fléau. On aurait dit une pièce de théatre ou une entrer en scène d'un personnage mystérieux. La vision était clair, mais le sol n'était plus visible. La brume mesurait qu'une douzaine de centimètres. Amélie était au milieu du spectacle tel un personnage principale. Elle s'avança comme pour dire sa réplique tout en descendant le petit escalier qui menait au publique, mais quelque chose vint s'enrouler autour de son cou. Une ombre menaçante se trouvait maintenant derrière elle. La jeune actrice suffoquait dans son rôle. La spectatrice était sous le choc de la scène si désastreuse qui se produisait devant elle, qu'elle se mit à hurler. Des larmes ruissellaient sur ses joues, des remords rebondissaient dans son cœur et des idées noires tournaient dans sa tête. Sans regarder la fin de l'acte, Rosalie sauta dans le trou d'égout sans regarder la profondeur et disparut dans l'obscurité la plus noir avec soi qu'une lampe de poche, une étincelle de lumière.

Au Bout D'une CordeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant