Éblouissement nocturne

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Éblouis par la lune, leur visage apparut terrorisé.

Les trois jeunes sortirent discrètement en essayant de faire le moins de bruits possible. Lorsqu'ils mirent leurs deux pieds à l'extérieur, ils remarquèrent que le ciel était clair et sombre à des endroits et que le temps passé dans l'exploration nocturne n'avait bougé depuis leur arrivée.

Rosalie marchait en-tête et marchait à grands pas. Elle était déterminée de quitter l'endroit et de rentrer chez elle au plus vite. Elle voulait pleurer la mort de ses compagnons et tout oublier, mais elle ne pouvait pas, elle ne pourrais jamais oublier.
La jeune fille traversa tout le côté droit du bâtiment et arriva au chemin de pierre. Rosalie regarda derrière elle, regardant une dernière fois le manoir qu'elle avait tant sous-estimé.

Les deux garçon la rejoignirent et regardèrent eux aussi le bâtiment hanté. Il n'y avait eu que de mauvais souvenirs et de mauvaises rencontres.

- Allez! On sort d'ici maintenant! dit Alexandre.

Maxime se tourna vers la grille et remarqua quelque chose sur le sol juste avant la sortie. Il y avait une traîné de sang sur la terre. Un peu plus loin se trouvait un corps inerte.
Le jeune garçon s'avança avec précaution. Il faisait attention où il marchait et à ce qui se trouvait mort devant lui. Il s'attendait à trouver quelque chose d'horrible, mais ne pouvait penser à ce qu'il vit.

Il y avait devant le garçon un cadavre de chien. Ses boyaux sortaient de son ventre et s'éparpillaient sur la fine neige. Le sang était glacé, mais il semblait frais et puis une odeur immonde sortait droit du mort et entrait dans les narines du garçon.

- Merde, il y avait un chien dans cette histoire! cria-t-il.

Les deux autres jeunes vinrent à la course et s'arrêtèrent net en voyant le reste d'animal. Rosalie laissa flotter son regard quand elle se rappela de l'avoir déjà vu.

- C'est l'un des chiens des enquêteurs! J'ai vu père aller avec celui-là en enquête!

- Ça veut dire que Bill est ici lui aussi! affirma le frère, il faut le retrouver!

- Ah non! Vous ne retournez pas là-dedans! Désolé de le dire, mais il est probablement mort, s'exclama Alexandre.

- Il n'est pas mort! Il est vivant! J'en suis sûr! confronta Maxime.

- Vous êtes tous fous! Allez donc mourir alors!

Sur cette parole, Alexandre se mit à marcher avec colère en direction de la sortie. La grille se trouvait devant lui avant qu'une épaisse brume venu de l'extérieur l'engloutisse. Même la lune ne pouvait la traverser, on ne pouvait rien n'y voir au travers. Elle arriva au pied des deux jeunes et les engloutirent aussitôt.

Rosalie tenait fort son frère, elle ne voulait pas se perdre et se ramasser toute seule comme dans le manoir.

- On va avancer. Tout doucement. La sortie devrait se trouver devant nous, rassura Maxime.

- Mais papa! On ne peut pas l'abandonner!

- On ne peut aussi pas retourner dans ce manoir!

- On pourrait vite jeter un coup d'œil et s'en aller.

- Non, c'est non!

Rosalie fit une grimace, mais le frère ne pouvait la voir à cause du brouillard. Ils avancèrent tout en essayant d'apercevoir un indice de où est-ce qu'ils se trouvaient par rapport à la cour. Ils ne rencontrèrent rien sur leur passage jusqu'à ce qu'il voyent à leurs pieds une longue trace, non de sang, mais une traîné de quelque chose. On aurait dit qu'un lourd objet avait été tiré sur le sol, car elle avait aplatit la fine neige. Elle allait vers la droite tout en zigzaguant. Les deux jeunes décidèrent de la suivre malgré le brouillard qui s'était emparé de leur position et de leurs pensées. Cela leur  semblait faire plusieurs minutes qu'ils marchaient, mais ils ne virent jamais un objet ou le manoir. Ils étaient perdus dans une brume qui les dévoraient peu à peu.

Ce fût Maxime qui vit et comprit en premier qu'ils tournaient en rond. Le manoir se trouvait en face d'eux. Le brouillard s'était poussé pour laisser place au grand bâtiment et la traîné s'arrêtait sur le palier de l'entrée du manoir.

La grande porte étant ouverte, Maxime put voir une grande ombre qui s'éloignait en s'enfonçant dans les ténèbres de la maison. Un autre jeune garçon était sur le sol de planches, une corde à son pied, sa tête cognait sur le plancher, il était entraîné vers la salle à manger où il trouverait une trappe qu'il connaissait que trop bien. Il était évanoui et se faisait emmener vers la mort.

- C'est Alexandre! s'exclama le frère.

La brume s'était dissipée et la sortie pouvait maintenant être aperçue, mais il y avait un dilemme.

Fuir ou sauver Alexandre?

Rosalie ne savait que faire, elle ne pouvait que regarder avec stupéfaction son ami se faire emporter à la lumière de la lune. Maxime, lui, avec un geste désespéré, il prit son courage à deux mains et fonça vers l'entrée du manoir et rattrapa l'ombre qui entrait justement dans la salle à manger. Le frère se jeta sur l'ami de sa sœur et attrapa l'un des bras inerte. Maxime s'accrocha du plus fort qu'il put en essayant de le ralentir, mais l'ombre tourna la tête et fit le regard que le frère redoutait tant. Le jeune garçon résista et comprit que la seule arme de la chose était sa corde. L'ombre tira fort ce qui fit lâcher la prise du garçon. Alexandre se fit emporter et descendit l'escalier de la cave.

- Alexandre! cria le frère.

Le corps évanoui disparut dans l'obscurité et ne réapparut plus aux yeux de Maxime. L'atmosphère redevint calme et la lumière de la lune traversait la fenêtre de la porte pour se rendre dans le jardin. L'astre allait bientôt se coucher et ne revenir que le lendemain. Lorsque le garçon se releva, son visage prit une douche froide d'éblouissement de la lune. La lumière blanchâtre illuminait son être et montrait sa peur face à ce qu'il venait de se produire.

Rosalie arriva en courant, s'arrêta et regarda son frère. À travers la fenêtre de la porte de la salle à manger, la lune projetait les ombres. La lune montrait aussi la vérité sur les choses. Le manoir semblait moins sombre, plus luminescent et montrait une vie antérieure du bâtiment. Autrefois, il y avait de la vie et de la joie, mais aujourd'hui il n'y avait que peine, souffrance et mort.

Les deux jeunes regardaient à nouveau un lieu qu'ils avaient voulu enterrer dans leur mémoire, mais ils étaient rendu à renouveler avec le passé pour gagner contre le présent.
Maxime descendit en premier. Il avait la frousse et partirait à la course en ne voyant une moindre souris, mais il descendait tout de même. Les marches grinçaient et grâce à une lampe de poche et le clair de la lune, ils y voyaient mieux que les autres fois. En descendant, un bruit de bois les firent sursauter, cela ressemblait à un bâton de bois qui tombe sur le sol avec une résonnance. Rosalie se mit à avoir très peur et pour se rassurer elle tenta une discussion:

- Alexandre?

- ...Umgh!...

- Qu'est-ce que tu as dit?

- À...l'ai...de...

- On arrive!

- ...Ne...venez... pas. Partez!!!

Rosalie dépassa son frère en le bousculant du coude et prit les devant. Elle descendait plus vite et se sentait plus confiante que jamais, mais elle ne pensait pas à ce qui pourrait se trouver tout en bas, elle ne faisait qu'agir. Le nombre de marches qu'il restait réduisait et le sol de béton était en vue. Sa lampe de poche l'illuminait et l'on pouvait y voir qu'il était humide.
Enfin, la jeune fille posa les pieds sur le sol. Au début elle ne remarquait pas ce qu'elle aurait dû voir, mais après quelques secondes de prise de conscience, elle vit l'impensable.

Alexandre était pendu au plafond, une corde autour du cou et se balançait pour essayer de prendre un souffle ou de s'agripper à quelque chose qui lui sauverait la vie.

Au Bout D'une CordeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant