L'odeur de la mort

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L'odeur était intense, elle lui léchait les narines, c'était la mort.

Maxime, couché sur le sol, se releva malgré un mal de tête effroyable. Une odeur de pourriture inondait la pièce et privé de lumière, il chercha à l'inconnu un objet auquel s'accrocher. En élargissant ses bras il les cognèrent à un mur et sentit quelque chose de gluant et de dure flotter devant lui. Il s'écarta de la chose et roula sur un objet cylindrique. Il se pencha et attrapa l'objet, c'était sa lampe de poche. Il l'alluma et vit un être sans vie se balancer dans l'éclat de lumière.

L'homme était méconnaissable, car son visage avait disparu. Le jeune garçon visa avec son faisceau sur le sol où d'autres corps jonchaient le sol non loin de là. Ils étaient cinq morts en tout dans la pièce.
Des larmes coulaient sur les joues du jeune homme, des gouttelettes de sang inondait le plancher de béton et l'odeur se faisait plus forte qu'au paravant.

Maxime inspecta la pièce et comprit qu'il était dans les égouts. L'odeur de décomposition des cadavres mêlé à celle des égouts était un mélange atroce et indescriptible.

Soudainement, une lumière au loin apparut. Le garçon ne pouvait distinguer ce qui se trouvait derrière, mais il crut voir une petite silhouette. Maxime ne bougeait pas. Il avait placé sa lumière de telle sorte que la personne ne puisse pas la voir. Puis, le rideau de clarté s'approcha dangereusement de lui, il était trop près.
Était-ce la fin?
Le jeune garçon se mit à genoux et commença à penser et pleurer tout ce qu'il avait vécu dans sa vie.

- Max, viens on part d'ici! cria une petite voix.

Maxime remonta son regard qui voyait au paravant le sol mouillé, sa sœur se trouvait à deux mètres de lui. Elle lui pointait de par où elle venait, mais elle vit vite que sur le sol ne se trouvait pas que son frère. La jeune fille avait un regard perdu et plus dévasté que jamais. Elle fit un signe désespéré à son frère pour qu'il l'a suive, mais il ne bougeait pas. Elle s'approcha de lui et le prit par le manteau en l'entraînant vers la sortie. Ils marchèrent rapidement dans les égouts et s'arrêtèrent net lorsqu'ils entendirent un son qui traversa leur âme. Tous deux se sentirent submergés par une pression et une voix qui retentissait dans le labyrinthe de tunnels. La voix était forte et sinistre, elle avait quelque chose de triste.
Rosalie se mit à inspecter avec sa lampe de poche aux deux bouts du tunnel auquel ils étaient. Rien, que de l'obscurité. Ils continuèrent leur route avant de tomber nez à nez avec un cadavre au visage arraché. Il était étalé sur le sol, en plein milieu de leur chemin.

- Ce n'est pas possible! Il était avec moi! cria le frère.

- On n'est pas seul, ici en bas. Il faut trouver la sortie et tout ira bien. rassura la petite sœur.

Les deux jeunes continuèrent malgré le corps inerte qui semblait se mettre au travers de leur route. En le dépassant, Maxime jeta un dernier regard derrière lui, un dernier regard vers la mort. À un moment, ils entrèrent dans une zone d'eau où elle s'élevait jusqu'à leurs cuisses. L'eau était chaude, mais elle était remplie d'une substance collante et verdâtre au point qu'ils ne pouvaient pas voir au travers. Les minutes passèrent, les pas se firent lourds et la sortie n'était toujours pas en vue. Maxime se sentait de plus en plus étourdi et sa sœur craignait de ne plus jamais sortir des profondeurs.
Soudain, quelque chose résonna dans les égouts. C'était la voix sombre. Elle les avait retrouvée. Puis, plus rien. Il n'y avait point de bruits, les enfants ne bougeaient plus, seul quelques cercles de leurs vibrations s'agitaient sur l'eau opaque. L'atmosphère était tendu et pourrait briser à la moindre erreur des jeunes. Pourtant, le temps passa, il n'y avait toujours point de bruits. Rosalie fit un signe à son frère de la suivre et tous deux se remirent en marche. Le bruit de l'eau poussé se mit à résonner dans le tunnel et bouchait presque les oreilles aux deux jeunes. Grâce au faisceau de lumière de chacun, ils parvenaient à voir leur entourage et à distinguer un tournant dans le tunnel où ils étaient. Puis, en marchant sur quelque chose, Maxime tomba dans l'eau et perdit sa lampe de poche. Sa sœur se vira aussitôt et l'aida à se relever. Il n'y avait qu'une faible lumière qui émergeait de l'opacité. Malgré cela, le plus vieux réussit à la retrouver en moins de deux secondes, mais quelque chose n'allait pas.
En plus du bruits de l'eau, il y avait une respiration étouffée qui provenait de derrière eux. Elle était éloignée, mais on aurait dit que l'air chaude devenait froide à mesure que la chose respirait. Les deux jeunes restèrent muets, à l'écoute d'un nouveau bruit. Ils espéraient avoir mal entendu et de continuer comme si de rien n'était, mais leur crainte se confirma. Des bruits de quelque chose qui se déplaçait dans l'eau se trouvait dans l'ombre derrière eux, puis ils accélèrent. La chose se rapprochait dangereusement à une vitesse meurtrière. Rosalie prit la manche du manteau de son frère et le tira vers le côté où ils devaient aller. Tous deux coururent le plus vite possible, malgré l'eau aux cuisses. Le bruit d'éclaboussures d'eau était intense et fort, il résonnait à travers tout le réseau de tunnels.

Maxime ralentit et essaya d'entendre des bruits provenant de où est-ce qu'ils venaient. Il n'y avait rien comme au départ. Puis, sans faire de sons, une grande ombre sortit de l'obscurité. La chose n'avait pas de visage, mais Maxime se sentait observer et foudroyer par un regard vide. L'ombre approchait doucement, sans faire bouger l'eau, elle la traversait. La chose pouvait presque attraper le garçon et l'emporter vers les égouts. Le jeune garçon était paralysé de peur, il ne bougeait plus, il semblait plus respirer.
Rosalie surgit en éclaboussant l'ombre et son frère avant d'attraper en premier son frangin et de partir en direction de la sortie.

Une lumière éblouissante émergeait de l'obscurité devant eux à présent, ils ne leur restait plus qu'une vingtaine de mètres et ils seraient sortis des entrailles de la Terre.
Rosalie atteigna l'échelle en premier, mais elle laissa son frère allé en premier, car il était plus sensible à la chose. Maxime monta rapidement et se hissa à l'extérieur. Tandis que Rosalie prit un peu plus de temps, mais réussi tout de même. À deux, ils fermèrent la trappe et la bloqua grâce à des barils de la cave.

- On a réussi! cria Rosalie.

- Tu pourras le crier quand on sera sortit de ce manoir.

- Cette chose est enfermée à présent! On peut sortir tranquillement.

- Non! Faut se dépêcher! Elle est étrange. Je l'ai vu... l'ai vu... ne pas affecter l'eau.

- Qu'est-ce-que tu veux dire?

- C'était comme si elle n'existait pas. Comme si elle n'était qu'ombre. Elle nous affectait seulement sur la conscience et non sur le physique. Elle voulait nous faire peur.

- C'était quoi qui nous a assommé, alors?

- Il y avait des mannequins de bois qui traînaient un peu partout dans le manoir et qui bougeaient d'un coup. Je pense que c'est eux qui nous touchaient et non l'ombre.

- Tu as tort! Je l'ai vu tué de ses propres mains Amélie.

- Amélie est morte! Non, non, ce n'est pas possible.

- Comment...comment est-elle morte?

- L'ombre lui a enroulé une corde autour du cou et l'a emporté.

- C'est la même mort que George. Est-ce que tu sais où est Alexandre?

- Non, je ne l'ai pas vu.

À ces mots, un jeune garçon apparut dans la trappe qui menait directement à l'extérieur du bâtiment. C'était Alexandre. Il avait un petit sourire au coin des lèvres, mais une horreur dans son visage.

- Rosalie! Maxime! Il faut partir!

Il courut jusqu'à eux et jeta un regard sur la trappe des égouts.

- Vous...vous étiez là-dedans?

- Oui, répondit la jeune fille.

- J'y étais aussi, mais il faut partir. Maintenant!

Un bruit fort se fit entendre. Cela provenait du rez-de-chaussée. La porte de la salle à manger s'ouvrit et laissa entrevoir un être de bois assis sur l'une des chaises. Ses bras articulés étaient droits à son corps, ses jambes allongés le plus possible et sa tête avait quelque chose collé dessus, on aurait dit un masque. Ce mannequin ne bougeait toujours pas, était-il immobile, sans vie? Personne ne savait et personne ne voulait aller voir.
Maxime décida de prendre son courage à deux mains et de monter l'escalier qui a tant utilisé. Les marches grinçaient au fur et à mesure qu'il grimpait. Puis, à moitié de chemin, un autre son, plus lourd, plus sombre marqua l'esprit de chacun. Un cri étranglé et de rage provenait des égouts. Il semblait énervé et prêt à tout détruire.

Maxime se retourna et regarda les autres jeunes qui contemplaient les barils qui empêchait de soulever la trappe.

- On doit partir, dit Alexandre. On peut passer par la porte qui mène directement à l'extérieur, ce sera plus rapide, pointa-t-il.

Maxime redescendit les marches, laissant le mannequin seul et fonça rejoindre les autres. La porte menant à l'extérieur était ouverte. Le brouillard avait disparu et la lune était à son apogée. Une fine tombait sur le terrain abandonné et effaçait les pas d'une jeune fille disparue dans la brume.

Au Bout D'une CordeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant