onze [jour 16]

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Point de vue Omniscient

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Point de vue Omniscient


Gracia se réveilla d'un coup. La nuit était tombée depuis de longues heures désormais. Il devait être aux alentours de trois heures du matin. L'Espagnole se redressa et vit au loin devant elle, une silhouette debout. Elle reconnut directement Malia qui veillait cette nuit.





Tu as entendu ?

Le cri ? Malia hocha la tête. Oui, ça m'a réveillé.





La jeune femme regarda autour d'elle. Les trois footballeurs dormaient à poing fermé. Lorsque son regard se posa sur la place à côté d'elle, elle découvrit qu'elle était vide. Adrian n'était plus là. Son cerveau fulminait et elle comprit. Elle se leva d'un coup.





Putain, c'est Adrian ! Réveille les garçons et cherchez le petit !





Elle n'avait pas pris la peine d'écouter la jeune femme qu'elle s'était mise à courir en direction de la jungle. Seule la lune l'éclairait légèrement. Gracia criait, hurlait le prénom du Portugais à s'en tuer la gorge. Elle courrait, sautait par-dessus quelques branches qui se trouvaient sur son chemin.





Adrian !





Elle regardait tout autour d'elle, le souffle court. Elle se croyait au beau milieu d'un cauchemar. Elle ne voulait pas le perdre. Elle ne voulait pas perdre ce gosse de douze ans en qui elle avait totalement confiance. Elle ne voulait pas le perdre.

Ses yeux pétillaient, les larmes ruisselant sur son visage pour finir leur course dans son cou. Sa vue se brouillait à cause des perles salées et elle trébucha sur le sol. Son front était tombé sur une pierre qui venait de lui ouvrir une plaie, le sang commençant à couler sur son visage. Malgré tout, elle se releva en quelques secondes et continua sa course.





Au secours !





Elle l'avait entendu. Elle cria à nouveau le prénom de l'enfant qui l'appelait une seconde fois. L'Espagnole courrait en direction de la voix et se stoppa net en arrivant devant un grand trou. Elle baissa la tête et découvrit Adrian accroché au rebord, tentant de se tenir pour ne pas tomber au fond qui était invisible à cause de la profondeur.





Je suis là Adrian, je suis là.

Sors-moi d'ici, s'il te plaît.





Elle s'était abaissée et tentait d'attraper le vêtement de l'enfant pour l'aider à sortir de ce trou noir. Elle n'avait plus de force. Manger aussi peu ne l'aidait pas à avoir de la force et à ce moment précis, elle en avait besoin.





Je peux pas te sortir de là toute seule. J'ai besoin des autres. Il faut que j'aille les chercher.

Ne me laisse pas.

Je ne te laisse pas, Adrian. Je cours jusqu'à eux qui sont en train de te chercher et on revient tous te sauver.

Ne me laisse pas, Gracia.

Je fais vite.





Elle s'était levée en furie et s'était remise à courir en hurlant le prénom des autres qui s'étaient engouffrés dans la jungle. Elle tomba de suite sur Hugo et Malia. Elle leur criait de la suivre, qu'elle avait trouvé Adrian. Le sportif et la jeune femme suivaient Gracia et en une vingtaine de secondes, ils étaient sur les lieux. Le capitaine de l'équipe de France se pencha pour attraper le Portugais et le sortit en deux trois mouvements de ce trou. L'enfant s'était réfugié dans les bras du Français tandis que Gracia s'était laissée tomber sur le sol, soufflant. Adrian était vivant, il était encore là. Malia regardait la scène des deux garçons, soulagée de voir l'enfant en vie.

Ils avaient fini par rejoindre la plage en dix petites minutes. Gracia était restée avec Adrian tandis que les autres étaient partis chercher Antoine et Benoit. L'Espagnole se trouvait près de l'enfant et lui donnait quelque chose à boire pour qu'il se remette de ses émotions.





Pourquoi tu es parti comme ça sans nous prévenir ?

Parce que vous n'auriez jamais voulu.

Evidemment, mais pourquoi tu voulais partir ?

Pour trouver des secours, répondit-il. Tout le monde se prend la tête avec tout le monde. Pour une simple bouteille qui a bougé d'un mètre, une dispute éclate.

C'est parce qu'on est grand. Les grands sont cons.

Tu devrais nettoyer ta plaie de ton front.





L'Espagnole apporta son index sur son front et grimaça à cause de la douleur. Lorsqu'elle regarda son doigt, du sang se trouvait sur celui-ci. « Je vais faire ça, mais tu pars plus, compris ? » Il hocha vivement la tête tandis que Gracia lui sourit. Elle tourna les talons et se rendit près de la mer pour essayer d'enlever le sang qui avait formé des croûtes, mais aussi pour nettoyer la plaie pour qu'elle ne s'infecte pas et guérisse.

Quelques minutes plus tard, les quatre autres étaient de retour. Ils s'étaient précipités vers Adrian, heureux de voir qu'il n'avait rien. Plus de peur que de mal. Ils étaient tous partis se coucher à nouveau. Alors que Malia allait pour se réinstaller sur le sable afin de monter la garde, Antoine saisit son bras.





Je m'en occupe, va dormir.





Elle n'avait pas protesté, sachant pertinemment pourquoi il venait de lui dire ça. Il souhaitait parler à Gracia qui se trouvait toujours au bord de l'eau. Malia était partie se coucher à son tour tandis que le Français s'avança jusqu'au bord de l'eau. « Besoin d'aide ? » Gracia avait relevé la tête pour découvrir le numéro sept. Elle n'avait rien répondu et s'était contentée de replonger sa main dans l'eau et de frotter son front pour faire disparaître les dernières traces de sang.





Tu devrais être contente qu'Adrian soit en vie.

Je le suis.

Alors qu'est-ce qui se passe ?

Rien, déclara-t-elle.

Tu ne penses pas que je commence à te connaître ?

Tu ne me connais pas, Antoine. Personne ne me connaît, pas même moi. Je ne suis pas quelqu'un de bien.

Eh... Il avait pris son visage entre ses mains pour qu'elle le regarde. Tu n'es pas une mauvaise personne, Gracia. Est-ce que je dois te rappeler que tu m'as sauvé la vie ? Sans toi, je serais certainement mort. Tu as retrouvé Adrian avant que le pire puisse arriver. Tu n'es pas une mauvaise personne, je t'interdis de dire ça.

Pourquoi t'es aussi compréhensif avec moi ?

Parce que je t'aime bien, répondit-il simplement.

Tu ne dois pas t'attacher. Tu ne peux pas faire ça.

Mais c'est trop tard, Gracia. C'est trop tard, je tiens déjà à toi. Un peu trop d'ailleurs.

Antoine...

Je sais, c'est ni le moment ni l'endroit, souffla-t-il. La vérité, c'est qu'il y en aura aucun bon moment ou endroit alors, merde quoi.





Il s'était brusquement approché et avait posé ses lèvres sur celles de l'Espagnole, encerclant son visage. Il en avait envie, mais n'était-ce pas simplement parce qu'il se sentait redevable de l'avoir aidé ? Tout était si différent sur cette île que chez eux, en Espagne. Rien ne se passait comme ça devait l'être. Etait-ce une bonne chose, ou au contraire, une mauvaise ?

SURVIVE » edfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant