SOUS LA PLEINE LUNE

CHAPITRE III

-Sam-

Je fixe le plafond qui me surplombe. A coté de moi, Lucas pousse un léger ronflement qui me fait sourire. Je ne sais pas pourquoi il a accepté de m'accompagner, surtout en sachant ce que je lui ai fait subir hier. D'ailleurs je m'en veux. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si Nathan n'était pas intervenu. Parce qu'après avoir vu ses yeux s'illuminer de rouge, j'ai reculé, comme si je ne pouvais pas résister à l'ordre qu'il m'avait donné. Ses traits s'étaient immédiatement adoucis et il m'avait demandé de le suivre jusqu'à chez lui, parce qu'il voulait me donner des réponses mais d'après lui c'était visuel. J'ai hésité, jusqu'à ce que Lucas propose de m'accompagner, alors qu'il n'avait rien vu et qu'il ne savait pas à quoi s'attendre. Et le fait qu'il soit avec moi malgré tout m'adonné le courage de suivre Nathan. Nous avons donc dormi chez Nathan cette nuit, prétextant à nos parents que l'on dormait l'un chez l'autre – chose qui nous arrive régulièrement.

Après avoir tourné plusieurs fois dans le lit sans réussir à me rendormir, je me lève, essayant de faire le moins de bruit pour ne pas réveiller le blond. Mais il n'y a pas beaucoup de risques, Lucas a le sommeil très profond. Je l'avais d'ailleurs appris à mes dépends, lorsqu'un jour – la première fois où j'avais dormi chez lui – je m'étais enfermé dans ses toilettes, dont je ne savais pas que la serrure était cassée, alors qu'il dormait toujours. J'avais attendu un moment, à l'appeler avant qu'il ne se réveille et vienne m'ouvrir.

Mes pieds nus glissent sur le carrelage froid tandis que le plus discrètement possible, j'essaie de rejoindre la cuisine de la maison de Nathan. Je le vois alors de dos, assis sur un tabouret et sa vue me mets tout de suite mal à l'aise. Je ne me sens pas prêt à l'affronter maintenant, seul qui plus est et tourne les talons, tout ça sans la moindre hésitation.

_ Tu peux venir tu sais, j'vais pas te manger.

Je m'immobilise et sens mon cœur battre à mes tempes. J'entends le bruit des pieds du tabouret qui raclent le sol et la porte du frigo qui s'ouvre avant de se refermer.

_ Allez, faut pas que tu aies peur de moi, continue-t-il.

Prenant mon courage à deux mains, je fais demi-tour avant de venir m'installer sur le siège le plus éloigné de celui sur lequel il vient de se rasseoir. La distance permet de me sentir un minimum en sécurité.

_ Jus de fruit ? demande-t-il.

Je hoche la tête sans le regarder. Je n'ose pas croiser ses prunelles qui peuvent prendre la couleur du sang. Mais contrairement à moi, je pense que lui ne se gêne pas pour m'observer, je sens ses yeux me parcourir de long en large et en travers. Je bois une gorgée du verre après qu'il l'ait posé devant moi pour essayer de faire passer la boule que j'ai dans la gorge quand Lucas arrive, de bonne humeur.

_ Yo! Y'a quoi pour le p'tit dej' ?

-Albérie-

Lorsque j'ouvre la porte de la maison de Nathan, je suis frappée par le silence qui y règne. Je m'attendais plutôt à de la discussion,voir des disputes mais pas à un silence aussi pesant. Je suis alors le bruit des couverts qui me mènent jusqu'à la cuisine pour voir Lucas prendre son petit déjeuner tranquillement tandis que Samuel et Nathan se regardent en chien de faïence. Je tire un tabouret et m'installe à coté de Nathan avant de l'embrasser.

_ Alors ? Je questionne.

Mon petit ami secoue la tête et je comprends qu'il m'attendait pour faire ses aveux. Car malgré l'air sûr de lui qu'il peut avoir, il a besoin de se savoir soutenu