CHAPITRE XV

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-Lucas-


Je claque ma portière avant de partir en direction du portail du lycée tout en jetant un regard éloquent à Sam : ce week-end a été éprouvant pour tout le monde et nous ne sommes pas mécontent de faire un retour à la réalité et ainsi oublier l'horreur à laquelle nous avons assisté. Je ne peux cependant m'empêcher de maudire le cours de maths par lequel nous commençons notre journée quand je sens des doigts s'entremêler aux miens. Je baisse alors le regard sur nos mains avant de remonter vers son visage et croiser son regard gris que je pourrais qualifier de malicieux tandis que du coin de l'œil je vois Sam s'éclipser.

_ Je n'ai plus rien à t'apprendre, dis-je en fronçant les sourcils. Nous savons tous désormais les mêmes choses.

Marley ne me répond pas mais un doux sourire prend alors possession de ses traits, la changeant totalement de d'habitude et je la trouve encore plus belle. Suivant alors mon instinct, je me penche vers elle et pose un baiser sur sa joue en prenant soin de ne pas croiser son regard.

_ C'est tout ce dont tu es capable Lucas ? Demande-t-elle.

Je souris à mon tour. Je décide de ne pas me laisser prendre à son jeu et toujours main dans la main, je l'entraîne jusqu'à la salle de mathématiques devant laquelle nous attendent Nathan et Sam.

_ Albérie n'est pas là ? Je demande.

Nathan secoue négativement la tête.

_ Non, elle a insisté pour faire une patrouille dans les bois avec Annabel. Ces deux filles sont vraiment têtues... Soupire-t-il. Ton frère va mieux ?

Nous nous tournons vers Marley qui hausse les épaules.

_ Il n'est pas sorti de sa chambre de tout le week-end, je ne sais pas quoi faire pour le pousser à réagir.

_ Il a tué quelqu'un, y'a de quoi être secoué, remarque Sam.

Marley lui lance un coup d'œil furibond et serait prête à l'égorger si Nathan n'était pas intervenu à temps.

_ Bon, pour le moment, passons notre journée normalement – dans la limite du possible – et on se retrouve chez moi après les cours.

La sonnerie retentit comme pour ponctuer sa phrase et nous entrons dans la salle.


-Sam-


Lucas et moi sommes assis dans le salon de la maison de Nathan où Albérie et Annabel viennent de nous rejoindre. Elles sont épuisées et cela se voit à leurs cheveux en bataille, leurs yeux à demi fermés et leurs épaules voûtées. Annabel s'assoit à coté de moi tandis qu'Albérie va se percher sur les genoux de son petit ami qui passe un bras derrière son dos.

_ Alors du nouveau ? Demande Lucas.

Annabel soupire tandis qu'Albérie pousse un grognement presque animal.

_ Rien ! C'est comme s'il avait disparu, répond Annabel. Je n'ai même pas vu son aura !

_ Cette enflure maîtrise trop bien l'art du camouflage, ajoute Albérie.

_ C'est possible ça ? Questionne à nouveau Lucas.

_ A force d'entraînement, un loup peut cacher son odeur, cela doit être la même chose pour les auras... Je n'y connais pas grand chose.

Le silence prend place tandis que j'entends presque les méninges de chaque personne présente surchauffer. Un téléphone se met à sonner et Lucas s'excuse avant de sortir de la pièce pour répondre. Nous nous gardons de laisser traîner nos oreilles et Nathan intervient.

_ Je vais essayer de le repérer. Comme je suis un alpha mes sens sont plus développés. Avec Annabel on pourra essayer de cacher nos auras : on ne sait pas si Matthew n'a pas un traqueur de son coté lui aussi...

Lucas surgit dans le salon. La panique se lit sur son visage et se dégage dans son odeur.

_ JULIAN A ESSAYE DE SE TUER ! S'exclame-t-il.


-Marley-


Je tourne en rond dans l'entrée en attendant Lucas. Pour la première fois de ma vie j'ai agi en écoutant mon cœur et non ma tête. Mais pour la première fois de ma vie je me sens impuissante. Quand je suis montée prévenir Julian que j'allais chez Nathan, je l'ai trouvé dans la salle de bain les veines ouvertes à commencer à se vider de son sang. Heureusement, la chasseuse que je suis a immédiatement évalué les dégâts et réagit. Julian venait juste de se taillader les poignets, il n'était donc pas en danger et j'avais pu le soigner à temps. Mais une fois la pression retombée, quand mon esprit a pu retourner la scène dans ma tête sous tous les angles possibles, la panique m'avait gagnée. Moi qui ne perds jamais mon sang froid, cela m'a presque autant terrifiée que la vision de Julian allongé dans la baignoire.

On frappe à la porte et je fais un bond en l'air avant de me reprendre et d'aller ouvrir. Lucas, Samuel et Nathan se tiennent sur le pas de ma porte, à attendre que je les invite à entrer. Je croise le regard du blond et tout ce que je viens de vivre remonte à la surface d'un coup alors que j'avais réussi à me calmer un peu. Sans comprendre ce qu'il se passe, Lucas se retrouve à me serrer dans ses bras alors que je pleure toutes les larmes de mon corps.

_ Où est-il ? Demande doucement Nathan.

J'essaie de lui répondre mais les sanglots me prennent la gorge. Il se décide alors à laisser tomber la normalité et utilise son ouïe pour se diriger. Je me décale pour le laisser passer et Samuel le suit, nous laissant seuls Lucas et moi.

_ Il va bien ? Demande-t-il.

Je hoche la tête et m'essuie le nez sur ma manche d'une façon très peu glamour.

_ Il venait de le faire. Je l'ai trouvé avant que ça ne soit trop grave. Maintenant il est sous sédatifs le temps qu'il récupère un peu. Et... Je, je ne sais pas quoi faire... Dis-je.

Lucas ne répond pas et se contente de me serrer un peu plus fort dans ses bras en posant son menton sur le sommet de mon crane. C'est tout ce dont j'ai besoin.

Des bruits de pas dans les escaliers nous indiquent que les loups ont fini leur inspection. Quand ils arrivent dans l'entrée, leur visage refermé me montre qu'ils sont touchés par l'acte de Julian eux aussi. Comme quoi, garous et chasseurs peuvent tisser des liens.

_ Écoute Marley, je pense que si Julian a fait sa tentative alors que tu étais là, ce n'était sûrement qu'un appel à l'aide. Mais il ne faut pas oublier qu'il est aussi possible qu'il retente le coup, souffle Nathan d'air un air penaud.

J'acquiesce d'un mouvement de tête car j'en étais venue aussi à cette conclusion.

_ On devrait faire un tour de garde, propose Samuel. Que quelqu'un se trouve avec lui tout le temps jusqu'à ce qu'on trouve une solution pour qu'il aille mieux et ne courir aucun risque.

Lucas nous entraîne vers le salon où nous prenons place sur le canapé.

_ Je vais faire des recherches sur les dépressions.

Je hoche la tête que je pose sur son épaule et glisse ma main dans la sienne.

_ On va trouver une solution, dit-il avant de m'embrasser le front. On va en trouver une.

SOUS LA PLEINE LUNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant