CHAPITRE XVI

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-Julian-


Je flotte comme si je me trouvais dans les nuages. Je ne sais pas ce qu'il se passe, je sais juste que je ne suis pas au sommet de mes capacités. Je dois sûrement être drogué.

Mais pourquoi ?

J'avance dans mes ténèbres sans but, sans ressentir la moindre fatigue et sans entendre le moindre bruit. Peu à peu, la brume se lève et me dévoile ma chambre. Pendant que mon cerveau récupère tranquillement, j'observe la pièce pour essayer de me resituer et voir Samuel qui semble sommeiller sur le fauteuil à coté du lit.

Qu'est-ce-qu'il fait là ?

J'essaie de me relever quand je ressens une pression sur mes poignets. Je baisse le regard et y vois des entraves, par-dessus des bandages. Je cherche à comprendre pourquoi je suis attaché, à mon propre lit qui plus est, avec pour seul garde Samuel qui d'ailleurs commence à bouger, car il doit percevoir l'accélération des battements de mon cœur. Soudain je me rappelle. Je me remémore mon shuriken se fichant dans la poitrine de Corentin alors que j'essayais d'atteindre le garou meurtrier. Je me revois sombrer lentement mais sûrement vers la dépression ainsi que la lame aiguisée trancher mes poignets. Alors que je reprends possession de mes souvenirs, une rage sourde monte en moi. Je me penche alors autant que les liens me le permettent sur mon matelas, prenant garde à éviter de faire grincer le sommier et en inspirant profondément pour calmer mon cœur. J'arrive à passer ma main sous mon lit et à en tirer une dague que j'y avais caché avant de me mettre à trafiquer l'ouverture des entraves. Plusieurs fois je m'arrête dans mon entreprise en voyant Samuel qui gigote un peu, avant de reprendre avec plus de minutie encore. Enfin, après un long moment de labeur, mes poignets se retrouvent libres. Je sors de mon lit en faisant le moins de bruit possible et m'avance vers la porte de la chambre à pas feutrés. Lorsque je pose ma main sur la poignée, je perçois un mouvement derrière moi. Je soupire intérieurement en me rendant compte que Samuel devait m'observer depuis le début.

_ Où crois-tu aller ? Demande-t-il.

_ J'ai des choses à faire.

Les froissements de vêtements me font comprendre qu'il se met debout et je l'entends venir à moi.

_ Je ne peux pas te laisser faire ça Julian.

_ Je ne compte pas me couper les veines une nouvelle fois si c'est ce qui te fait peur, dis-je d'un ton froid.

Sa main se pose sur mon avant bras et se met à le serrer, m'empêchant tout mouvement.

_ Julian, regarde-moi, me demande Samuel.

J'hésite entre l'envoyer balader et lui obéir avant de lever les yeux sur lui en soupirant. Ces yeux brillants et ses sourcils froncés me prennent un peu au dépourvu.

_ Tu t'inquiètes pour moi ? Je questionne.

Le garou hoche la tête.

_ C'est normal entre amis non ?

Je perds toute ma conviction et sens ma main devenir molle sur la poignée. Voyant ma réaction, Samuel retire la sienne et s'accoude contre le mur.

_Qu'est-ce-que tu comptes faire ?

Je hausse les épaules avant de fixer la porte et ainsi fuir son regard inquisiteur.

_ J'ai quelqu'un à venger, je ne sais pas encore comment mais il faut que je fasse quelque chose, sinon je sens que je vais de nouveau perdre pieds...

_ On sera tous là pour t'épauler.

_ Merci.

Je me mets à me dandiner sur mes pieds, ne sachant pas trop quoi faire.

_ Que dirais-tu si nous allions voir ta sœur ? Propose Samuel.


-Lucas-


La bibliothèque est mon nouveau refuge. Depuis que nous cherchons un moyen de maîtriser Matthew, je passe ma vie à lire des manuscrits sur la mythologie et sur tout ce qui tourne autour de la lycanthropie tout en essayant de démêler le vrai du faux, en écartant ce qui est vrai de ce qui relève de la légende. Parfois, Marley m'accompagne, ajoutant ses connaissances aux miennes et à celles que je trouve dans les livres. Le soir, je remets tout au clair en essayant de reprendre les idées d'un autre angle et ainsi pour voir ce qui peut nous être utile ou non.

Je referme le livre que j'étudiais sur les cycles de lune pour en ouvrir un autre sur les effets qu'a l'astre sur les métamorphes. Je tourne les pages jusqu'au chapitre mythologie et commence à parcourir le texte tout en mâchouillant mon stylo. Je soupire en me disant que je viens de nouveau de perdre mon temps quand mon regard s'accroche à une ligne contenant une information particulière. Je ferme mon livre tout en marquant la page à toute vitesse, l'empreinte en maudissant la bibliothécaire qui met trois ans à prendre mon enregistrement avant de courir jusqu'à ma voiture.

 J'ai peut-être trouvé un moyen !

SOUS LA PLEINE LUNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant