CHAPITRE XVII

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-Nathan-


Les yeux fermés, tous mes sens en alerte, je guette le moindre bruit, la moindre odeur qui me mettrait sur une piste. J'ouvre les yeux soudainement et effectue une pirouette sur un pied pour esquiver le loup châtain qui vient d'essayer de me bondir dessus tout en l'attrapant par la peau du cou pour le plaquer au sol et ainsi l'immobiliser. J'attends un instant à genoux et il pousse le gémissement indiquant qu'il se soumet. Je relâche la pression et me redresse tout en lui souriant avant de me retourner pour observer la végétation de mon immense jardin quand je me retrouve au sol. Des babines retroussées sur des crocs étincelants me font face et un grognement monte de la gorge du loup flamboyant.

_ Bien joué Albérie, dis-je.

Je sens le poids sur mon torse s'enlever et le temps que je me redresse je me retrouve face à Samuel et Albérie en train de finir de s'habiller. Je m'assois en tailleur et pose les mains sur mes genoux en attendant d'avoir toute leur attention. Lorsqu'ils ont terminé je plonge mon regard dans celui vert pale de Samuel.

_ Sam, ta discrétion est ton point fort, je remarque. Cependant, tu ne contrôles pas du tout ton odeur.

Il secoue la tête et dans ses yeux transparaît une lueur déçue.

_ Je ne sais pas comment faire, on a beau s'entraîner je n'y arrive pas.

_ Il faut que tu persévère, tu as réussi à diminuer ton aura, Annabel te l'a dit. C'est un peu la même manière de procéder. Après tu trouveras ton truc.

Ses épaules s'affaissent légèrement et je décide de rajouter une petite pointe de positif.

_ Ce qui est bien, c'est que tu arrives à les éléments, tu as bien compris comment te cacher du vent par exemple et ça pourra peut-être t'aider si tu n'arrives pas à cacher ton odeur.

Il hoche la tête avant de se lever et d'attraper son sac.

_ D'accord merci, dit-il. J'vais rejoindre Annabel, comme ça j'arriverai peut-être à cacher complètement mon aura.

Albérie lui fait un signe de la main tandis que j'acquiesce et ma petite amie se rapproche de moi.

_ Quelles réflexions avez-vous à faire sur moi professeur ? Demande-t-elle en s'appuyant contre moi.

Je passe ma main dans ses cheveux en fermant les yeux pour profiter de ce court instant. Tout se précipite depuis quelques temps et j'ai besoin de ces moments avec elle pour ne pas perdre pied.

_ Tu contrôles ton odeur, je souffle. Mais tu as tendance à perdre ta concentration trop rapidement.

Je sens le frottement de ses cheveux contre ma peau tandis qu'elle hoche la tête.

_ Je t'ai vu froncer le nez pendant que tu te retournais, dit-elle en entrelaçant ses doigts aux miens. J'ai du travail moi aussi...


-Marley-


J'observe Lucas et Julian tourner l'un autour de l'autre à la recherche d'une faille. Tous deux sont torse nu et je me surprends à prendre plaisir à observer Lucas sous toutes les coutures.

Je me reconcentre lorsque Julian tente une feinte que Lucas voit venir, il réussit l'utiliser et lance un coup de pied bien dosé sur le flanc que Julian a laissé découvert. Mon frère étouffe un grognement et abaisse sa garde.

_ Je pense que de ce coté là tu connais toutes les bases, dit-il en reprenant son souffle.

Je me lève et m'approche d'eux pour leur passer chacun une bouteille d'eau. Ils me remercient d'un signe de tête et d'un sourire.

_ Tu es prêt pour le corps à corps, dis-je au blond.

Il avale une nouvelle gorgée et je passe rapidement son corps luisant à un regard scrutateur avant de remonter sur son visage quand il se racle la gorge. Il me prend la main dans le sac et pour la première fois de ma vie je rougis. Je pense d'ailleurs que Lucas me permets de faire beaucoup de premières fois et pas que des agréables.

_ Je pense que Julian devrait t'apprendre à manier le poignard, dis-je alors pour reprendre contenance. Le corps à corps c'est bien mais face à un garou ce ne sera pas suffisant.

Lucas ouvre la bouche tandis que Julian acquiesce, heureux de se rendre utile.

_ Je... Commence Lucas.

_ Ne dis pas non s'il-te-plaît, je le coupe.

Je m'approche et lui prends la main.

_ Après tout, tu me seras bien plus utile vivant que mort...


-Sam-


Assis l'un en face de l'autre, je sens le regard inquisiteur qu'Annabel pose surmoi alors que j'ai les yeux fermés. Je prends une grande inspiration et plonge au plus profond de moi, jusqu'à trouver la petite étincelle qui me caractérise. Elle est là, elle brille. Je me concentre et la pousse à diminuer sa lumière et ainsi camoufler mon aura.

Je suis presque à l'éteindre quand j'entends un bâillement que l'on essaie de réprimer. J'ouvre les yeux et souris en voyant Annabel plaquer rapidement sa main sur sa bouche en pensant que je ne l'ai pas vue.

_ Grillée, je souffle en souriant.

Elle répond à mon sourire et s'étire les bras en l'air tout en poussant un soupir. Je prends alors le temps de l'observer et remarque les cernes violettes sous ses yeux. Je me penche alors en avant et pose une main sur son bras.

_ Est-ce-que tout va bien ? Je demande.

Elle hoche très vivement la tête. Trop vivement.

_ Oui bien sûr ! Répond-t-elle.

Son rythme cardiaque s'emballe mais je n'ai pas besoin de ça pour me rendre compte qu'elle me ment.

_ Dis-moi ce qui cloche ?

_ Je suis juste à bout, on arrête pas depuis un mois entre les patrouilles,les entraînements...

Je retire ma main de son bras et croise les bras sur mon torse.

_ Il n'y a pas que ça non ?

Elle tourne vers la fenêtre de sa chambre et prend un moment avant de répondre.

_ Je fais des cauchemars des fois, rien de bien impressionnant.

_ Tu veux me raconter ?

Annabel soupire.

_ Je revois cette soirée dans les bois, je revois la mort de Corentin sauf que dans mes cauchemars c'est moi qui suis tuée par le shuriken de Julian. Mais ne t'inquiètes pas ça va passer.

_ Ça nous a tous marqué tu sais. Ne crois pas que nous sommes passé à autre chose après une nuit de sommeil.

_ Je ne penserai jamais ça de vous. Je vois bien ce que vous faites pour retrouver cet enfoiré. Et puis on ne réagit pas tous de la même manière à tous.

Elle se passe la main dans les cheveux qu'elle ébouriffe au passage.

_ Bon, on s'y remet ? Encore une fois ou deux et tu seras libre, je ne vois quasiment plus ton aura !

SOUS LA PLEINE LUNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant