-Lucas-
Je cours dans les bois à en perdre haleine. Quelque chose me poursuit mais je ne veux et ne peux pas perdre du temps à me retourner pourvoir de quoi il s'agit. Soudainement, une racine se matérialise devant moi et avant que mon cerveau n'enregistre l'information et commande à mon pied de l'éviter, je m'entrave et me retrouve face contre terre. Mes genoux et mes mains me brûlent mais je me retourne vivement. C'est là que je le vois. Un immense loup se tient devant moi, les babines retroussées sur ses longs crocs blancs. Je ne connais pas les loups de nos bois – je ne sais même pas s'il y en a – mais celui-là, je le reconnais immédiatement. Sa fourrure est du même châtain que les cheveux de mon meilleur ami et lorsque ses yeux ne scintillent pas d'une lueur dorée, ce sont ses prunelles vertes pâles que je vois. Le loup se ramasse alors sur lui-même en grognant, montrant qu'il a enfin acculé sa proie et j'ai comme seul réflexe de lever les bras en un semblant de protection quand il me saute dessus.
C'est mon hurlement qui me réveille. Mes draps sont humides et en passant une main sur mon visage pendant que je reprends ma respiration, je sens la sueur qui en dégouline. Ça fait maintenant une semaine que je fais ce cauchemar. Depuis que Nathan et Albérie nous ont déballé l'histoire des loups-garou et que ce dernier s'est transformé devant nous parce que nous étions sceptiques. Oui, en loup. Il s'est transformé en loup, d'un pelage brun presque noir comme ses cheveux et aux yeux aussi rouges que du sang.
Lorsqu'ils lui ont dit que ça lui arriverait aussi, Sam s'est contenté de ricaner et est parti sans même prendre ses affaires. J'étais resté là comme un idiot jusqu'à ce qu'Albérie me propose de me ramener chez moi car elle avait entendu que Sam avait pris ma voiture.J'avais seulement hoché la tête. Je ne voulais pas risquer de dire n'importe quoi.
Je pousse un soupir et me rallonge en prenant de grandes inspirations pour continuer de me calmer. Depuis ces fameuses révélations, plus personne ne se parle, Sam ne m'adresse pas la parole même si nous traînons toujours ensemble et je n'ose jamais briser le silence qui nous entoure. Il ne sait pas que je fais des cauchemars dans lesquels il me tue, il faudrait que je lui dise, qu'il me rassure car je suis en train d'éprouver un sentiment que je ne voudrais jamais avoir pour lui : la peur. J'ai clairement peur de lui en fait. Et ça me ronge littéralement.
-Sam-
Lucas vient me chercher ce matin comme à notre habitude. En fait, s'il y a bien une chose qui n'a pas changé c'est ça. Je monte sur le siège passager en silence et
Lucas ne me jette même pas un coup d'œil. Pourtant moi je remarque les cernes noires qui soulignent ses yeux. J'en ai marre de ce silence.Je sais qu'il n'y est pour rien et que ça doit le faire souffrir.Que si je dois m'en prendre à quelqu'un c'est Nathan, car tout est de sa faute, il a perdu le contrôle alors que cela ne lui était jamais arrivé et maintenant nous étions dans cette situation qui fait souffrir tout le monde mais je l'évite depuis une semaine et je n'ai pas l'intention de lui adresser la parole maintenant. Tout ce qui me préoccupe pour l'instant c'est mon amitié qui se détériore à vue d'œil.
_ Lucas, est-ce-que ça va ?
Mon meilleur ami sursaute si violemment que la voiture se décale légèrement sur sa voie avant que Lucas ne se ressaisisse.
_ Oui !
Ses battements de cœur s'accélèrent et j'ai lu assez de livres policiers pour savoir que c'est synonyme de mensonge.
_ Vas-y, dis-moi ce qui te tracasse, je souffle.
Les doigts de Lucas se crispent autour du volant et ses lèvres se serrent, se réduisant en une fine ligne. Il met le clignotant et s'arrête sur le coté, à l'endroit même où j'ai donné le coup de poing dans le muret. Le trou y est toujours. Sale ironie. Lucas pousse un immense soupir.
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SOUS LA PLEINE LUNE
Lupi mannariUne histoire de pleine lune, de loups-garous, de traque et d'amitié.