Chapitre 15

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Hello ! Alors oui, je poste rapidement en ce moment, parce que je suis très inspirée, et que cette fiction me tient vraiment à cœur... Mais une petite précision avant tout : ce chapitre fait neuf pages, et la fin est peut-être dure à lire pour certaines personnes sensibles. C'est aussi pour cette raison que j'ai classé mon histoire comme pour "adultes" même si je ne pensais pas aller aussi loin.
Là-dessus, je vous souhaite une bonne lecture !
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Lundi 2 décembre – Liam

Lorsque je me réveillai, à moitié allongé sur le corps de Neil qui dormait encore, un bras entourant le haut de son corps, les deux mains cramponnées à son tee-shirt, la joue écrasée contre sa cage thoracique et une jambe enroulée autour de ses cuisses, je me sentis soudainement mal à l'aise. Non pas parce que je n'appréciais pas cette situation, je devais même dire tout le contraire, mais c'était parce que je doutais que lui, il l'appréciât. Néanmoins, je restai ainsi, sûrement plus par satisfaction que pour juger sa réaction, même si les deux raisons étaient parfaitement dans mes centres d'intérêt. Je restai alors parfaitement immobile, à scruter un point imaginaire devant moi.

C'était la première nuit durant laquelle je ne faisais pas de cauchemar, d'ailleurs. Je ne savais pas s'il s'agissait juste d'un hasard, si c'était ma rentrée de l'hôpital ou la présence de Neil, mais dans tous les cas, j'avais au moins la chance de me sentir extrêmement bien. Parce que c'était bien la première fois que cela m'arrivait depuis mon enlèvement. J'avais vécu entre la terreur, l'horreur... Et en fait, c'était mon quotidien depuis... Oh, trop longtemps désormais. Je n'avais même pas imaginé que le bonheur refît partie de mon vocabulaire, même pour un bref instant.

La poitrine de Neil commença à se soulever un peu moins régulièrement, puis il eut un léger mouvement, arrêté par mes soins, à cause de mon étreinte trop serrée. Je fis en sorte d'être moins encombrant et relevai les yeux vers le visage encore ensommeillé de mon meilleur ami, qui leva sa main libre pour se frotter les yeux avant de les baisser vers moi, comme surpris. Mais au lieu de l'entendre me demander de me dégager, il esquissa un sourire et son bras qui était coincé derrière moi se souleva pour se poser dans mon dos. Comme si tout cela était parfaitement normal. Comme si tout cela ne le dérangeait pas le moins du monde.

Nous restâmes ainsi un moment avant qu'il ne me poussât définitivement. Le moment qui me parut être bien trop court. Il m'avait donné l'impression, l'air d'un instant, que tout était parfaitement à sa place, que Neil m'appréciait peut-être autant que je l'appréciais, et que je pourrais, un jour, me sentir mieux, à ma place, encore une fois. Car si l'hôpital m'avait paru être mon élément, désormais que j'étais là, dans les bras de mon collègue, dans son lit, dans son appartement, mon lieu de prédilection avait parfaitement changé. Si jamais je venais à rentrer chez moi, je pouvais être absolument certain que je me laisserais mourir de chagrin. Là, j'avais envie d'aller mieux, de parler, qu'on prît soin de moi autant que je prisse soin de lui, même si je savais que j'en étais parfaitement incapable. Je tenais à peine debout, alors comment j'aurais pu prendre soin de mon ami ?

-Je vais préparer le petit-déjeuner, tu dois manger... Tu veux quelque chose ?

Il y eut un silence pendant que je réfléchissais, mais comme je dévisageai Neil, je vis son expression passer de l'espoir à la désespérance. Il soupira, leva les yeux, passa une main dans ses cheveux miel et pinça les lèvres. Il sembla chercher ses mots, mais finalement, il ne parvint qu'à dire d'une voix remplie d'une amertume certaine :

-Ah, j'oubliais que tu ne parles pas.

Ce qui me donna l'impression que répondre était la seule issue qui s'offrait à moi. Je ne voulais pas décevoir Neil, je ne voulais pas le voir parler seul comme il le faisait à l'hôpital lorsque j'étais complètement drogué par les médicaments qu'on me prescrivait, ni même me droguer encore, par la même occasion. Je n'étais pas dépendant, je pouvais arrêter. Le simple fait était que, contrairement aux cas ordinaires, comme j'avais vécu un traumatisme, on m'interdisait d'arrêter. Je soupirai et, me disant qu'il fallait que je donnasse une réponse rapidement, je ne pris même pas le temps de réfléchir à ce que j'allais dire. Je n'avais jamais digéré mes petits-déjeuners, mais tant qu'il ne me faisait pas de lait, je pensais pouvoir supporter de manger... A l'hôpital, on m'avait forcé à avaler quelque chose tous les matins et je n'étais pas mort, après tout.

Irrésistiblement condamné [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant