Chapitre 20

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Mercredi 25 décembre – Neil


Nous avions répété pour le concert pendant des jours et des jours, sans nous retrouver avec un unique jour de repos avant la veille de ce jour. Nos supérieurs nous avaient donné la permission de retrouver nos familles respectives pour le réveillon de Noël, et le vingt-cinq, nous devrions tous nous retrouver sur la scène. Car le concert était six jours plus tard et que nous n'avions pas de temps à perdre. J'avais relâché Liam pour la soirée du réveillon qu'il avait passée avec sa mère, ses frères et sa sœur – son père, je ne savais absolument pas ce qu'il en était de lui – mais je lui avais promis de retourner le chercher à neuf heures pour les répétitions. Voilà pourquoi je me trouvais devant chez sa mère à hésiter franchement pour appuyer sur un foutu bouton de sonnette. Parce que sa mère me détestait. Mais j'y parvins tout de même, de crainte de subir le courroux de sa famille que j'aurais réveillé trop tôt. Et comme je l'avais prévu, ce fut madame Stainberg qui vint m'ouvrir, de ses yeux ensommeillés. Son air énervé se substitua à la surprise pour finalement revenir, tout en restant dans l'encadrement de la porte, m'empêchant ainsi d'entrer. De toute manière, ce n'était pas du tout mon intention.

-Que faites-vous ici ? cracha-t-elle.

-Je viens chercher Liam. On a rendez-vous à la salle dans... Une demi-heure. Je lui avais demandé d'être prêt à neuf heures.

-Oh. Donc c'est vous qui lui avez replanté cette idée de concert dans la tête ? Ça peut bien enchanter Laurie, moi, ça ne me plait pas. Il est encore instable. Il a besoin de sa famille. Lee-Ann ne le voit plus et moi non plus. Et puis aujourd'hui c'est Noël, et il devrait passer la journée avec nous. Donc c'est réglé. Allez-vous en avant que je n'appelle les flics.

J'ouvris grand la bouche. Mais pour qui elle se prenait, elle ? Le blond apparut néanmoins derrière elle, complètement prêt, et posa sa main sur l'épaule de sa mère qui sursauta à ce contact, lui laissant une place pour passer. Elle n'eut pas le temps de protester que nous étions déjà loin. Il était tellement pâle que je me demandais ce qu'il avait, mais puisqu'il ne semblait pas disposé à parler, je n'insistais pas. Il ne répondait même pas à mes marques de politesse. J'avais l'impression qu'il était enfermé dans un mutisme au moins aussi profond que lorsqu'il s'était réveillé sur ce lit d'hôpital, et cela ne me plut pas. Non seulement parce que deux jours plus tôt il parlait comme si tout était normal et que rien ne s'était passé, et que là, il était devenu froid... J'avais l'impression d'avoir à faire à une sorte de coquille vide. Cela faisait environ cinq minutes que nous étions assis l'un à côté de l'autre dans cette foutue voiture, que je lui tapotais amicalement le bras, que je lui demandais ce qu'il avait... Et il ne disait rien. Pas un mot. Il ne tourna même pas le regard vers moi une seconde.

Alors j'actionnai les vitesses et me mis en marche, roulant dans le village de Liam pour rejoindre la ville qui n'était séparée que par un unique panneau de l'endroit où nous étions, et j'empêchais simplement mes larmes de s'échapper de mes yeux. J'avais sincèrement cru, pendant quelques jours, que mon meilleur ami, que l'homme que j'aimais était revenu... Et son comportement me décevait. Sûrement ne le voulait-il même pas lui-même, mais j'avais eu tellement d'espoirs ! Je ne pouvais pas lui en vouloir, pourtant. Ce n'était pas de sa faute. Je m'en rendis particulièrement compte lorsqu'on arriva à un feu et qu'il fondit en larmes sur le siège passager. Comme nous n'étions qu'à deux pas du parking arrière de la salle de concert – que nous ne devions normalement pas rejoindre avant le vingt-neuf mais qui nous avait été cédée plus tôt –, je roulai jusqu'à là-bas et une fois arrêté, sans vraiment réfléchir et prenant soin d'être comme avant, je détachais nos ceintures de sécurité et le pris dans mes bras, l'attirant vers moi autant que je le pouvais. Il ne pouvait même pas imaginer à quel point je l'aimais et le voir dans cet état me rendait triste pour lui. Ses doigts m'agrippèrent le bras et le dos tandis qu'il pleurait contre mon épaule, et ses sanglots empiraient à chaque seconde. Je ne savais même pas ce qu'il se passait. Je voulais comprendre mais aucun mot ne sortait de mes lèvres. Je parvins tout de même à lui demander ce qu'il avait, sur un ton tellement peu rassuré qu'il se redressa aussitôt et m'adressa un sourire contrit.

Irrésistiblement condamné [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant