Epilogue

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Dimanche 7 février – Liam

L'orage avait pris de court Washington. J'étais, avec Neil, bloqué dans ma maison alors que le tonnerre grondait, que les éclairs illuminaient le ciel et que la pluie tombait dru. A vrai dire, je savais depuis longtemps que Maurryn avait peur de ce genre d'intempérie, et je m'étais préparé à devoir le rassurer en le prenant dans mes bras, en le serrant contre moi et lui murmurer des mots doux... Sauf que ma présence paraissait le soulager. Il frissonnait dès qu'il voyait un éclair ou qu'un grondement se faisait entendre à l'extérieur, il s'inquiétait lorsqu'il entendait les pompiers franchir les alentours, mais restait presque serein le reste du temps. Il avait saisi ma main, triturait mes doigts avec les siens, et me fixait intensément, comme pour oublier le reste. Bien entendu, Lee-Ann n'était pas là. Elle avait prévu de passer le week-end chez une amie, ce qui faisait que nous avions la maison pour nous. A vrai dire, cela m'apaisait. Parce que je ne pouvais pas annoncer que j'étais avec Neil, en couple. Laurie était au courant comme l'aurait été Louis s'il était encore en vie, car ils savaient lire en moi comme dans un livre ouvert, mais pas les autres. Je ne pensais pas qu'ils seraient intolérants vis-à-vis de mon orientation sexuelle, loin de là. Ma mère avait participé à la gay-pride pour plaider la cause homosexuelle et avait toujours méprisé les personnes qui n'étaient pas tolérantes. Lois et Lee-Ann avaient été élevés dans cette ambiance avec moi, donc ce n'était probablement pas leur cas non plus. Mais ma mère détestait Neil pour une raison qui m'échappait et Lee-Ann l'aimait trop. Et puis je ne donnais pas trois jours pour que la planète fût au courant après que ces dernières sussent. Pour Lois, je ne savais pas trop. Je me méfiais simplement. Il suffisait qu'il en parlât malencontreusement à ma mère, qui en parlerait à ma sœur, pour que tout le monde, là encore, fût au courant. Non, je gardais le silence. Les seules personnes au courant, jusque-là, restaient Nina Maurryn et Noe Trusbell. Même Nevada n'avait pas la moindre idée de l'avancement de notre relation.

-Tu te souviens, au tout début ? commença Neil.

-Tu parles de la première fois qu'on s'est vu, tous les deux ? Vaguement, oui.

-J'ai eu peur de toi, le premier jour, avoua-t-il. Tu étais beau... Que dis-je, magnifique, et quand on t'a demandé de chanter pour mieux cerner les personnages, j'ai vu que tu avais une fois aussi belle que toi... Et puis tu restais dans ton coin, à nous fixer comme si tu allais nous fixer. Et comme tu étais dans un coin très lumineux, derrière les fenêtres, tu donnais l'impression d'être albinos, c'était d'autant plus inquiétant... Non pas que les albinos m'effraient !

-Vous m'effrayiez tous, dis-je en souriant. Il n'y avait que Nevada que je trouvais normale ! Et puis tu étais avec Tyler... Il me donnait la chair de poule plus que les autres, lui. Jamais je ne me serais approché si tu n'étais pas venu...

-Elle est venue te voir avant moi, oui. Et j'ai vu cet éclat dans ton regard, comme de l'espoir. Et j'ai été curieux, alors je suis venu. Tu étais le seul à rester dans ton coin. Nevada et Jaylynn étaient déjà avec nous, et toi tu étais assis à l'écart de nous et tu nous regardais avec méfiance et envie... Mais quand je me suis approché, et que ton regard n'exprimait plus cette terreur, je n'ai plus eu peur de toi... Néanmoins, je n'imaginais pas un instant que tu serais mon meilleur ami un jour, ni même que nous serions ensemble comme maintenant. Sérieusement, qui eût cru que tu deviendrais le protégé des Genesis ? D'ailleurs, je sais que si un jour, entre nous, il y a un problème, on te protégera de moi... Et en fait, ça me plait pas mal.

-Personnellement, dès que tu t'es approché de moi, je crois que j'ai eu ce qu'on appelle communément un « coup de foudre ». Je ne parle pas forcément au sens amoureux du terme, à ce moment-là, tu m'as tout de suite plu. Mais je ne savais pas encore que j'étais homosexuel. Je n'avais jamais désiré personne, je n'avais jamais été attiré par personne... Mais quand je t'ai vu, j'ai ressenti de l'attraction pour toi. Pas sexuelle. Mais bien psychologique. Comme si je devais absolument rester avec toi et ne jamais te lâcher, tu vois ? J'ai compris peu de temps après que oui, j'étais définitivement amoureux de toi.

Irrésistiblement condamné [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant