chapitre 2

114 4 0
                                    

3 septembre

Les gens peuvent penser ce qu'ils veulent, critiquer ceux qui discutent avec des inconnus; cela  m'est égal. Ce forum m'a permis de sortir de mon isolement, de ne pas m'enfermer sur moi-même, de ne pas perdre la raison. Depuis que je m'y suis inscrit, le nombre de mes crises d'angoisses a diminué drastiquement.

Cependant, il n'y a rien que je puisse faire contre la rentrée. C'est quelque chose d'inévitable ! Je n'ai pas d'autre choix que d'y aller. J'envie les adolescents qui n'ont pas mon problème, ceux qui n'ont aucune crainte vis-à-vis de la rentrée des classes. 

Je sais qu'eux non plus n'ont pas envie de reprendre les cours; eux aussi veulent continuer à profiter des vacances. Je sais qu'eux aussi vont y aller à reculons: lorsque le réveil sonnera, cela sera aussi difficile pour eux que pour moi. 

Au bout d'un moment, les autres élèves finiront par se remettre dans le rythme scolaire tandis que moi je vais devoir faire face à l'angoisse d'aller à l'école chaque jour de l'année. La vie est injuste. C'est quelque chose que j'ai compris il y a bien longtemps.

J'ai toujours été ainsi. C'était un peu moins présent parce que je fréquentais un collège/lycée de village où je connaissais tout le monde et que je vivais là depuis que j'étais né. 

C'était plus facile ! 

Une part de moi ne pouvait (ou ne voulait) pas pardonner le déménagement à mes parents. Je sais pertinemment que ce n'était pas leur volonté: mon père avait été muté dans le sud de la France. Le travail se faisant rare, nous n'avions eu d'autre choix que de partir. Cependant c'était quand même plus fort que moi, je les tenais pour responsables.

Après avoir dîné, je rallume mon ordinateur. Je n'y étais pas retourné depuis ma crise d'angoisse.

Je passe en coup de vent pour voir s'il y a des nouveautés avant de me coucher. Demain, il faut que je me lève tôt. Génial ! 

Habituellement je me couche tard, même les soirs d'école mais aujourd'hui je veux me détendre dans mon lit parce que je sais à quoi m'attendre pour la suite. Anxiété, anxiété, anxiété.

Un message privé non-lu.

De Inès (13:25): Je suis sûre que ça va bien se passer. Au pire, tu m'écris pendant la journée. Je n'ai pas cours demain. Sinon, moi ça va si on ne tient pas compte de la chaleur.

De Inès (14:02): Logan ! T'es où ?

De Inès (17:03): T'es lourd ! On n'aura même pas parlé aujourd'hui.

De Inès (20:44): Bon si tu reviens pas: bonne rentrée pour demain !

Je souris. Je me dis que j'ai eu de la chance de la rencontrer. Elle me fait me sentir apprécié et important. Ce n'est pas un sentiment que j'ai souvent l'occasion de ressentir; surtout ces derniers temps.

Je m'empresse de lui taper une réponse.

De Logan (21:37): Désolé ! Je suis parti en balade avec mes parents et après on a mangé. Je te raconte demain en rentrant, ok ? Je ne peux pas t'écrire pendant la journée, je n'ai pas internet inclus dans mon forfait. À demain ! xo

Bien évidemment, je lui mens. Je n'ai pas envie de lui dire que je fais des crises d'angoisses et qu'ensuite elle pense que j'ai un problème, ou que je suis fou.

Je vais ensuite sur l'article de la mise à l'épreuve, curieux de voir si Mélanie m'a répondu. Je fais défiler les commentaires, et rien. Elle ne m'a pas répondu.

Tu n'es pas seulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant