Début du mois de février.
Le cours d'anglais commence.
La veille, je me suis couché très tard dans la nuit; je discutais avec Mélanie. Bientôt deux mois que nous ne passons pas une journée sans s'envoyer quelques messages.
Pour la première fois de ma vie, j'ai l'impression d'avoir un ami. Ce n'est pas que du virtuel; ou du moins, ça ne l'est plus; c'est bel et bien réel. Notre relation a évolué depuis, et nous sommes étrangement "proche". Aussi proche que la barrière d'internet nous le permet.
Je regrette de n'avoir pas avoir connu ça avant, parce que c'est à la fois quelque chose de réconfortant et de rassurant. Je ne pourrais pas l'expliquer.
Néanmoins, peut-être me suis-je me suis attaché à cette fille plus que je n'aurais dû ? Ce n'est pas facile de se dire que je ne verrais probablement jamais cette personne en vrai. Sur le long terme, ça peut-être mauvais; un jour, il faudra bien quitter ce forum et se faire nos adieux.
J'ai la fâcheuse habitude de me poser trop de question, je n'arrive pas (ou je n'essaye pas) à profiter du moment présent. Il y a toujours une partie de moi qui pense à demain.
Cependant, la connexion que j'ai avec elle est unique, et si je dois me satisfaire que de cela, je le ferais.
Au début, je me demandais ce que je lui apportais; pourquoi elle continuait à me parler (je ne suis pas un garçon très intéressant) mais j'ai fini par arrêter; ce n'est pas comme si j'allais lui poser la question.
C'est aussi une bouée de sauvetage à laquelle je me raccroche, elle m'a aidé à affronter mes démons intérieurs et même si je sais qu'ils sont encore là; simplement endormis, ma vie s'est améliorée; considérablement.
Je ne pense plus à tous mes problèmes du quotidien et je ne vis plus aussi mal ma solitude à l'école, parce que je sais qu'à mon retour à la maison, j'aurais quelqu'un à qui raconter ma journée. Tout le monde n'est pas dans mon cas, certains n'ont véritablement personne (comme moi, au début de l'année scolaire) !
Je réalise la chance que j'ai eu de rencontrer Mélanie.
***
Je baille, tout en regrettant de ne pas avoir dormi plus. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même (ou à Mélanie) !
Je regarde l'horloge accrochée au dessus du tableau, 10:23. Encore une heure et cinquante-sept minutes. Le cours n'est pas prêt de se terminer, c'est fort dommage.
J'aime l'anglais, c'est ma matière préféré. J'ai toujours eu des facilités en langue, je ne sais pas pour quelles raisons.
– Gabin ! Pourquoi es-tu encore à ta place ? It's time to wake up my dear !
Je panique et je regarde autour de moi: tout le monde est debout, par groupe de trois. Je n'ai aucune idée de ce que je suis censé faire.
– What are you waiting for ? (que tu me dises quoi faire ?).
Pourquoi s'obstine-t-elle à me parler anglais ? Je sais bien que c'est le but de la matière, mais elle doit bien se rendre compte que je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il se passe.
Je lui lance un regard interrogateur.
– Tu étais où les cinq dernières minutes ? Aujourd'hui, c'est travaux de groupe ! Trouve toi en un, et demande leur de s'expliquer ce que vous devez faire.
Génial ! Les travaux de groupe sont ce que je déteste le plus. Je finis toujours par me sentir humilié parce que je n'ai personne avec qui former un groupe.
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Tu n'es pas seul
Short StoryL'adolescence est loin d'être un passage facile pour certaines personnes. C'est une traversée longue et compliquée. Gabin peut en témoigner. Rien n'est facile pour lui, il est sans cesse mis à l'épreuve. À à peine 16 ans, le jeune garçon est en proi...