Un autre coup de feu retentit, et l'homme blessé s'écroula définitivement au sol, dans un nuage de poussière. Son dernier souffle n'eut pas le temps d'être entendu, car j'ai crié. Sans contrôle, j'ai crié, mais c'était bref. J'ai rapidement réalisé et me suis tu, mais il était déjà trop tard.Une balle dans la tête.
Je suis restée figée, là, observant. La panique m'envahissait, mais je devais me reprendre. J'ai laissé les images s'imprégner dans ma tête. J'ai regardé avec effroi une fois de plus le corps gisant près de moi, son sang coulant le long de la rue.
Encore une mère qui perdait son fils.
Encore une sœur qui perdait son frère.
Je venais d'assister à un meurtre. Si je ne cours pas maintenant, je le rejoindrai.
Alors, j'ai relevé le regard et j'ai vu la lueur dans ses yeux. Il m'a vu après m'avoir entendu. Je me suis enfoncée dans la rue, d'abord à reculons, lorsque je ne voyait plus que le sombre de la nuit qui commençait à tomber, j'ai couru, encore une fois, le plus rapidement possible.
Avance, cours, car il est là et il avance lui aussi. Il court lui aussi.
Le silence qui nous entourait était piétiné par nos foulées. Nous courions à l'unisson, pourtant je le fuyais et lui me chassait. Je mourrais si je ne courais pas plus vite, alors j'ai accéléré encore une fois.
En empruntant une autre rue, je pensais à ce corps, à ce garçon que j'avais voulu aider mais pour qui je n'avais rien fait. Je le connaissais, le fils de l'épicier. Il était jeune, plus que moi, même pas majeur. Sa mère allait avoir mal, et son père allait avoir mal. Ils ont perdu pour la deuxième fois un de leurs fils. Et sa sœur, elle allait souffrir, elle qui attendait sûrement son grand frère à l'école.
Et puis, j'ai pensé aux jumeaux, eux aussi m'attendaient. Je devais vivre, ne serait-ce que pour eux.
Alors, une fois de plus, j'ai puisé dans ce corps, dans ses jambes, toute l'énergie dont j'avais besoin et j'ai accéléré. Il fallait toujours accélérer, sinon c'était fini.
J'entendais quelqu'un courir derrière moi, je sentais qu'il était là, mais un autre était également présent maintenant. Ils étaient deux et moi j'étais seule, mais je continuais à courir, encore, toujours.
En tournant au bout de la ruelle, je me suis retrouvée face à un mur. Sans réfléchir, mon corps s'est actionné, mes bras se sont levés, mes mains se sont accrochées, et j'ai grimpé. J'ai escaladé le mur et me suis retrouvée sur les toits. Je les ai entendus grimper derrière moi, et il ne m'a pas fallu plus de cinq secondes pour recommencer à courir, encore, toujours.
Ils étaient juste là.
Ils sont juste là.
J'étais essoufflée, mais je ne pouvais pas m'arrêter maintenant. Je devais trouver un moyen de les semer, de disparaître dans la nuit.
Les toits étaient mon seul espoir. Je continuai à courir, sautant d'un toit à l'autre, me faufilant entre les obstacles qui se dressaient sur mon chemin. Leurs pas résonnaient derrière moi, témoignant de leur détermination à me capturer.
Je me suis engagée dans une course folle, guidée par l'instinct de survie et la peur qui me consumaient. Le vent sifflait à mes oreilles alors que je m'efforçais de garder mon équilibre sur les toits glissants. Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine, et chaque seconde qui passait semblait durer une éternité.
Je suis essoufflée mais je ne peux pas m'arrêter, et ils sont déjà là. J'ai peur, je panique. C'est lorsque j'ai senti la crosse de l'arme s'abattre sur l'arrière de ma tête que j'ai fini par m'écrouler, contre mon gré, assommée.
VOUS LISEZ
MEXICO
ActionQui choisir ? Que choisir ? Thaïs est perdu mais elle n'hésiteras pas à prendre les armes. Et eux non plus !