Chapitre 33 : j'aime

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PDV Ricardo

[3 ans après l'accident]

Le soleil frappe mon visage tandis que je roule le long du littoral brésilien. Je suis à Itajaí pour affaires.

J'ai chaud, j'ai chaud parce que la brise marine n'est pas assez froide pour faire baisser ma température. La fenêtre de toit est grande ouverte pour laisser passer le plus d'air possible dans l'habitacle.

Lunettes sur le nez, débardeur et jean, tous deux noir, je me sens bien. Ça me fait du bien de rouler. J'ai l'impression d'être avec elle... Elle aimait la voiture mia estrellita. 3 ans, ça fait 3 ans... Je n'ai pas le temps d'avoir mal donc pas le temps de penser à elle mais quand je roule je me le permet.

Les musiques qu'elle me forçait à écouter s'enchainent dans la voiture, elle avait du goût mais j'aimais l'emmerder en lui disant qu'elles étaient nulles. Les notes de chaque musique font remonter des souvenirs agréables et douloureux à la fois.

J'ai récupérer son compte Spotify et, moi qui n'écoute pas de musique en voiture, je me suis découvert un nouveau loisir grâce à elle. La voix de Ninho résonne dans l'habitacle, son rappeur préféré. J'aime.

Je fredonne quand la musique commence avant de rapper en même temps que l'artiste.

Moi : Ouais, ouais
J'ai monté mon cartel tout comme Pablo, la zipette passe par les airs

J'ai monté mon cartel tout comme Pablo, la zipette passe par les airs
J'suis dans le classe G, avenue Montaigne, trop de mal à me garer, merde
Rançon de la gloire, on me sert le champagne chez Fendi, et chez Dolce aussi
J'm'attendais pas à ça, j'vis ma meilleure vie
Dis à ta tainp de faire tomber le Dom Pérignon
Les confettis, les mains dans le biz
La tête dans la musique, on veut manger de tout-par
On concrétise chaque occas' de but, fait mouche en lucarne
Le gardien saute, j'suis déjà vers le point de corner, j'fais crier le stade

Y a rien de sincère, le game est rempli de suceurs
Je les baise, j'ressors plein d'sueur, dans le binks dégaine de buteur
Toi t'as la dégaine d'un snitch, les affaires j'te les pousserais p't'être plus tard

Une bitch, un permis bateau, la poisse, le hall, le béton
La prod repart en boitant, j'm'arrache avec le butin
Une bitch, un permis bateau, la poisse, le hall, le béton
La prod repart en boitant, j'm'arrache avec le butin

Ce son, il est génial. Je la revois chanter comme moi, quand son artiste préféré passait en fond dans l'habitacle, et je laisse échapper un petit sourire en coin. Un sourire qui s'accentue au fur et à mesure que je chante.

Moi : Le tampon PSG sur les premières quétouzes
Le cœur, le bâtiment délabré, plus jeune j'voulais des sous
Quelques situations compliquées, donc il a fallu s'impliquer
S'armer ensuite répliquer, tout ça sans se faire impliquer
Comme ma peau, ma carte est black, faudrait que j'quitte le bloc
Mais j'y suis, là juste à côté, nostalgie de l'époque
Est-ce que l'bon Dieu voudra tous nous pardonner
D'avoir vendu tous ces grammes? Il fallait charbonner
Leur faire goûter la frappe et les rendre abonnés
Car une clientèle fidèle rapporte trop de monnaie
Et l'ancien m'a dit "Le ciel n'est pas toujours tout bleu
Vise le milliard et t'auras p't'être un million ou deux"

Au plus j'écoute sa musique, au plus j'ai l'impression de me rapprocher d'elle. Elle me manque, Thaïs me manque. Cette musique, elle lui faisait du bien, même si elle est nostalgique cette musique la rendait heureuse.

MEXICOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant