chapitre 7 : encore

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Son petit corps est assis sur une chaise au centre de la pièce. Rien d'autre que lui sur cette chaise, les yeux bandés, un bâillon, les mains et les pieds attachés et... une bombe. Sur lui, il y a une bombe. Sur ce petit garçon, sur cet enfant, il y a une bombe.

Et il pleure, le bruit que j'ai fait en entrant a dû le terrifier encore plus. Je regarde l'heure : il est 6h22. Alors je respire, pour me calmer, j'expire pour me calmer. Il me reste 8 minutes. Et je lui parle, je lui parle au petit garçon.

Moi : Escucha, vine a ayudarte, voy a quitarte lo que te tapa la vista, te voy a desatar y te voy a cargar, ¿de acuerdo? (Écoute, je suis venue t'aider, je vais t'enlever ce qui te cache la vue, je vais te détacher et je vais te porter, d'accord ?)

Il hoche la tête tout en pleurant, même s'il s'est calmé, il est toujours terrifié. Je m'approche de lui et lui retire ce qu'on lui a mis sur les yeux. Il me regarde, le petit garçon a peur, mais je le rassure. D'un regard, je lui fais comprendre qu'il est en sécurité, et il le sait, car dans ses yeux je ne vois plus que de la confiance, presque plus de peur.

Je le détache, et avant qu'il se lève, j'observe la bombe. Pas de compte à rebours, mais dans sa main, une télécommande, petite, avec un seul bouton, reliée aux explosifs. C'est le détonateur. Je la prends de sa main, en veillant à ne pas trop bouger le fil de peur que tout explose : Ricardo, ses hommes, les otages, la maison et nous.

En le regardant dans les yeux, je le rassure, je lui dis que tout va bien se passer, sachant que j'essaie de me convaincre moi-même, ce qui rend la situation plutôt ironique. Elle est mal faite, donc je n'ai pas trop de mal à la retirer de son buste. J'enlève mon gilet pare-balles et le lui passe par-dessus les épaules. Puis je lui demande s'il sait se servir d'une arme, je déteste lui poser cette question, mais c'est nécessaire. Il me répond que oui. Je le prends dans mes bras, tourné vers l'arrière. Ce n'est pas pratique pour tirer, voire impossible, prions pour ne rencontrer aucun ennemi. Je lui donne mon pistolet, pour qu'il puisse nous couvrir. Il est lourd, trop lourd pour ses petits bras, mais il faut qu'il puisse nous défendre s'il y a quelqu'un derrière nous. Je récupère mon arme et quitte la pièce.

2 minutes.

Moi : Agárrate (accroche toi)

Et je cours, je cours le plus rapidement possible en veillant à ce qu'il ne tombe pas. Je cours à m'en tuer les poumons. c'est lorsque j'arrive devant la porte par laquelle nous sommes rentrés, que je réalise qu'elle est fermé de l'extérieur. MERDE !!! Pour sortir maintenant, c'est soit le hall d'entrée principal. Mais il y a des hommes là-bas, donc si nous les affrontons, nous mourrons. Je ne peux pas mourir, pas maintenant. Je ne peux pas risquer sa vie à lui aussi, à ce petit, sa mère l'attend.

Je regarde autour de moi, je cherche une autre issue, une autre solution. Et je me souviens.

Je rebrousse chemin et me dirige vers le salon, j'ai étudié les plans de cette maison, je la connais comme si j'y vivais. J'arrive au salon, devant moi, des corps. Beaucoup trop de corps. Je lui ordonne de fermer les yeux et je sais qu'il le fait, il enfouit même sa tête dans mon cou, pour se cacher.

J'avance, toujours en courant, je puise dans mes jambes, avec l'adrénaline, toute la force qu'il me faut pour courir, pour courir à deux, avec lui dans mes bras, mon arme dans la main.

1 minute.

J'enjambe les corps, je saute par-dessus, je cours sur eux, c'est affreux mais je ne peux pas m'attarder, je dois sortir, on doit sortir et vite.

30 secondes.

La baie vitrée est là, à 10 mètres, alors je cours encore, toujours. Je m'arrête, je vise et je tire. La baie vitrée explose en mille morceaux, il a sursauté, mais c'est normal, et tout va bien, c'est bientôt fini.

MEXICOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant