PDV Thaïs
Un mois que je vis seule, que la famille est loin, que je les ai éloignés, que la famille est en sécurité. Je suis allée les voir il y a deux semaines et j'irai les voir cette semaine. Ma tante, quand je la visite, fait preuve d'une bienveillance silencieuse en évitant de poser trop de questions. Je lui en suis reconnaissante, car elle agit comme si rien n'avait changé, et je trouve un réconfort dans ce geste, du moins je le pense.
Un mois que je suis plongée dans un milieu que j'aurais aimé ne jamais connaître. Pour mon propre bien, pour mon propre mental, pour mon propre cœur. Pour l'instant, je me contente de surveiller les environs, mais même ces rondes m'ont déjà exposée à des scènes difficiles à supporter. Et je ne dors plus sans somnifères, et si par chance j'arrive à m'endormir sans, je rêve d'eux, ceux qui sont morts sous mes yeux. Je n'ai pas tué, mais ça va arriver, je le sais. Peut-être aujourd'hui, peut-être demain, peut-être dans une semaine, mais ça va arriver et je ne pourrai pas me retourner, je ne pourrai pas avancer et les oublier, je devrai les affronter, les accepter et pleurer. Pleurer et regretter seront les seules choses que je saurai faire, et je les aurai méritées.
De toutes façons, à mes yeux les morts auxquels j'ai assisté sont ma responsabilité. Je les ai causés, et je les ai tués. Et je me sens égoïste car, je tue les gens, pour que les miens restent en vie.
Aujourd'hui est différent. Nous ne nous contenterons pas de rondes de surveillance ou d'observations de transactions. Ricardo nous envoie en mission. Nous devons nous présenter devant le quartier général à 4h30 du matin. Il est actuellement 3h30, et je peux vous dire que je suis épuisée. Je n'ai pas réussi à m'endormir à cause du stress. Quelle mission exige la présence de la moitié des sicarios de Mexico ? Ce que je sais, c'est que si tant de personnes sont mobilisées, cela signifie qu'il y aura bien plus de morts que d'habitude. Leur destin est déjà scellé.
Je m'habille, un débardeur blanc, un treillis camouflage vert, celui de ma mère, et mes bottes tactiques beige. Je récupère ma paire de gant tactiques que je mets dans ma poche et je vais prendre mes armes :
- dague tactique - un pistolet semi-automatique Glock-17 de 5e génération
Dans la cuisine, je me prépare un café. Je ne suis pas une adepte de cette boisson, mais je dois rester éveillée. Ainsi, pour rester alerte, j'ai dû faire un choix entre le café et la coque, autant vous dire que le choix est vite fait de mon côté. Le stress diminue légèrement lorsque je me concentre sur la préparation de cette boisson, car chaque étape du processus requiert mon attention et apaise mon esprit. Je place délicatement le réservoir supérieur sur le réservoir inférieur, après les avoir tous les deux remplis de café moulu et d'eau fraîche, nécessaires à la préparation de ce breuvage qui me permettra de tenir la matinée, en attendant l'adrénaline qui va monter. Je dépose la cafetière sur la flamme douce de la cuisinière, et elle danse comme pour accompagner mes attentes.
Le temps se suspend, et je suis enveloppée d'une anticipation douloureuse. Les premières notes de la mélodie du café se font entendre, un murmure révélateur qui réveille tous mes sens.
Le liquide ambré s'écoule avec grâce, telle une cascade fluide se transformant en une rivière brune lorsque je le verse dans la tasse, celle de mon père que je n'ai pas eu le courage de jeter après leur disparition. En buvant ce café, je me souviens d'eux, de mes parents, à qui je m'efforce de ne pas trop penser de peur d'être submergée par la douleur. Je revois mon père dans la cuisine, tenant sa tasse de café brûlant comme celle que je tiens maintenant entre mes mains. Je porte la tasse à mes lèvres, et même si je ne suis pas friande de cette boisson, je la savoure. Je la savoure, car elle me rapproche de mon père, et cela est quelque chose que j'aime.
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MEXICO
ActionQui choisir ? Que choisir ? Thaïs est perdu mais elle n'hésiteras pas à prendre les armes. Et eux non plus !