Chapitre 1

4.1K 165 33
                                    

En retard, en retard ... J'ai rendez-vous quelque part. Je n'ai pas le temps de dire au revoir, je suis en retard. Je suis sortie beaucoup trop tard du lit et au moment où je partais :

"Clarisse ?"

J'ai une aversion pour tout ce qui est banal, affreusement routinier et morne. Comme une soirée entre collègues par exemple. Même s'ils se trouvent être des profilers du FBI. Ou comme traîner au lit avec l'homme pressenti pour devenir le nouveau chef de la BAU : le bureau d'analyse du comportement. Mais hier soir, j'ai encore fais une bêtise. 

*Flash Back*

"Encore du bon travail Clarisse."

A cet étage, j'essaie au maximum de garder mon identité secrète. Il n'y a qu'ainsi que je me sens vraiment en sécurité. Interroger les pires criminels du monde n'est pas évident à gérer psychologiquement au quotidien. Bien que l'étude de la victimologie remonte à la Seconde Guerre Mondiale, j'ai préféré me tourner vers ceux qui donnent la mort, ceux que l'on appelle les tueurs en série. Je veux comprendre leurs motivations, ce qui les pousse à recommencer encore et encore. Est-ce que ce vide au plus profond de leur âme peut expliquer un comportement totalement irrationnel et compulsif ? 

A tord peut-être je me suis mise à l'écart des victimes et de leur famille. Je suis incapable de les approcher et de me laisser envahir par leur douleur. La science criminelle a placé le coupable au centre des préoccupations des criminologues, psychiatres, psychologues et sociologues. Je ne fais partie d'aucun de ces groupes. C'est une curiosité, que certains qualifieront de malsaine, qui me pousse à chercher des réponses qui n'existent probablement pas.

J'ai besoin de pouvoir me détacher de cet univers pour revenir à la banalité d'une existence d'être lambda. J'ai besoin de cet anonymat dans la foule. Une parmi les autres. Mais la seule qui les comprends tous.

"Il n'y avait qu'une femme pour trier ses trophées selon la valeur des bijoux." Je ris comme si un profil était aussi facile à établir. Plusieurs jours de travail, lecture complète des dossiers, étude intensive des victimes et même déplacement sur les scènes de crime. Je me sens parfois comme Will Graham lorsque je ferme les yeux et me glisse dans la peau du mal. Il m'enveloppe entièrement et me dévore.

Bien que je travaille souvent pour le FBI et principalement la BAU, je ne suis qu'une consultante. Je n'ai jamais été sur les bancs d'une fac de psycho. Autodidacte de 27ans, je suis devenue la référence, celle qui connait tout des tueurs en série, celle que l'on appelle pour établir un profil ou analyser une scène de crime.

Je ne me laisse pas dévorer par le voile noir de la mort. Je sais diviser tout mon être, quitter un état de conscience. Sans jamais oublier, j'ai la capacité de mettre certaines informations de côté dans ma tête, un fil invisible me ramène toujours dans la réalité et même si je ne clame pas haut et fort ma stabilité mentale, je pense que je ne m'en sors pas si mal depuis près de six ans. Si bien sur, on met de côté ma catastrophique vie sociale.

J'appelle un ascenseur qui met bien trop longtemps à venir car au moment où les portes s'ouvrent, on m'interpelle au loin :

"Clarisse !"

Je ferme les yeux et soupire. Je laisse la cage se refermer et disparaître pour me retourner vers Matt.

"Tu viens fêter ça avec nous ?

- Ça me plairait beaucoup mais j'ai un rendez-vous important demain.

- S'il te plaît juste un verre."

Je devine parfaitement à ses yeux brillants ce qu'il attend de cette soirée et je sais comment tout ça va finir... encore une fois.

*Fin du Flash-Back*

Death Battle (sous contrat d'édition HQN)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant