Death Battle (sous contrat d'édition HQN)

Chapitre 4

Pourquoi est-ce que je refuse les avances d'un si beau garçon ? Pendant tout le trajet vers le FBI, je me le demande en regardant Matt conduire. Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à être heureuse ? Je ne connais personne d'aussi tendre et attentionné que lui. Mais la façon qu'il a d'éviter mon regard m'intrigue.

Nombreuses sont celles qui paieraient pour avoir la chance d'évoluer à ses côtés. Il entraîne plusieurs fois par semaine les cadets de l'académie du FBI et les jeunes femmes aiment le regarder courir, trempé de sueur dans l'espoir qu'il finisse par enlever son tee-shirt. Ce qu'il fait d'ailleurs souvent !

Elles le comparent toutes à Jamie Dorman et le footing matinal n'a jamais eu autant de succès depuis la création du FBI.

Aussi tous les regards se tournent vers nous lorsque nous arrivons ensemble à la BAU. Inutile d'être profiler pour deviner pourquoi nous quittons ensemble l'ascenseur aux environs de 23h. Les pairs d'yeux s'attardent sur nous. Ils sont tous si curieux... si humains !

Je n'ai jamais été plus gênée et excitée à la fois. Nous tenons enfin l'Etrangleur mais désormais tout le monde est au courant pour Matt et moi. Pourtant je n'ai pas hésité à l'accompagner. Si le tueur est là, je dois être la première à l'interroger !

Il ne faudra pas longtemps pour que le bruit circule dans tout le FBI. Déjà que les autres femmes ne m'aimaient pas beaucoup...

Matt part rejoindre Hotchner tandis que je trouve un bureau vaquant pour me connecter au réseau. Les murmures me concernant finissent par se taire après que j'ai envoyé un regard noir à une blonde près de la fontaine. J'entends alors que l'Etrangleur n'est pas ici. La déception m'envahit et je cogne le clavier, attirant une fois encore, tous les regards. Un sourire d'excuse et je tends l'oreille. Il y aurait ici une victime du criminel ici.

Si je sais une chose : c'est que l'Etrangleur ne laissera personne le quitter si facilement.

Sans trop réfléchir je me lève et je rejoins le bureau du chef de l'unité.

"C'est ridicule !" Je m'insurge. Matt se lève et pose une main sur mon épaule pour me faire reculer et quitter la pièce. Je le repousse et avance jusque devant le dirigeant.

"Vous savez que c'est faux mais vous êtes si pressé de changer de vie que vous mettriez n'importe quel innocent derrière les barreaux.

- On devrait tous commencer par se calmer." Essaie de me tempérer Matt alors que toute son équipe nous rejoint.

"Ce n'est pas une victime de l'Etrangleur. Personne ne peut lui échapper, c'est sur ce principe que repose l'ensemble de son mode opératoire. Si cette femme est en vie, c'est qu'elle n'a pas croisé la route de l'Etrangleur." Certains agents osent prendre mon parti et manifestent leur accord avec mon analyse.

Hotchner veut prendre sa retraite et se tirer définitivement du FBI. Mais il ne veut en aucun cas laisser cette enquête à Matt. J'ignore pourquoi et ça met bien égal les rivalités masculines du bureau.

"Je tiens à vous rappeler que vous n'avez aucune légitimité à cet étage, ni même dans cet immeuble."

Et pourtant je suis bien plus talentueuse que tous les agents réunis ici. Il le sait mais jamais il ne l'admettra. Je lui suis aussi désagréable qu'il m'est antipathique. Nous ne nous apprécions pas et nous opposons souvent. Selon lui je devrais choisir entre rejoindre le FBI et m'insérer dans la vie civile. Mais je tiens fermement à mon statut de consultante.

"Et moi je tiens à vous rappeler que nous avons un plan et qu'il s'en faudrait de peu pour tout gâcher... encore une fois !"

En effet, quelques mois plus tôt (et sans me consulter) l'équipe a dressé le profil de l'Etrangleur pour ensuite le transmettre à la presse. Ils ont fait là leur plus grosse erreur. La conférence de presse avait tout d'un spectacle que j'ai suivi sur ma propre télévision. Comme dans l'affaire du Zodiac, des lettres dénuées de sens sont alors parvenu au FBI. Au fil des semaines, le phénomène s'est propagé aux autres états, les plus folles théories ont commencé à circuler sur l'identité du tueur. Tous les petits journalistes allaient de leur analyse. Des anonymes s'improvisaient enquêteurs. N'imaginant pas un instant la dangerosité du criminel qu'ils poursuivaient. Certains bloggeurs se sont sentis une âme de profiler.