Chapitre 14

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Ils m'ont offert un monde aux mille et une horreurs

J'essaie d'ouvrir les yeux sur ce qu'ils ont fait, ce qu'ils sont.

C'est un nouveau monde où personne ne leurs a dit que c'est interdit de blesser, torturer et tuer.

Aucun d'eux ne croit encore au bonheur aussi ils se laissent aller à leurs fantasmes les plus pervers, les plus malsains, les plus immoraux.

Aujourd'hui je me sens si légère. Je me sens connectée à Matt mais il y a également toutes ces choses que je vais découvrir auprès de Chris. Ce n'est pas raisonnable mais je dois le faire.

Je vire, délire et chavire dans un océan d'hormones qui sèment le trouble dans ma tête. Péjorativement, on dirait de moi que je suis une nymphomane. Je préfère le terme d'hypersexualité. Je cherche à combler le vide de mon âme par des plaisirs charnels. Le sexe a toujours été un substitut au bonheur que je n'ai jamais su trouver. J'ai accepté depuis longtemps cette petite différence qui me coupe des autres femmes. Je ne peux pas en parler, cette addiction serait trop mal perçue. Je me sens déjà suffisamment jugée. 

Je suis montée trop haut, allée trop loin, je ne peux plus retourner d'où je viens.

Je suis réellement, sincèrement désolée pour Matt mais je dois continuer avec Chris Ford. Pas l'Etrangleur... Non. Mais l'homme qu'il y a derrière ce masque, ces actes, ces pensées, cette haine de l'autre, cette peur de la souffrance, cette immaturité.

Je pourrais naviguer dans le temps, infiniment si ça me donnait l'occasion de passer ne serait-ce que quelques minutes avec lui.

Pour moi, cette obsession de vouloir à tout prix connaitre l'autre, ceux que Matt préférerait voir morts, ceux qu'on adore mettre en vedette dans les films d'horreur, cette obsession durera toute la vie.

"Chérie !"

Ça me fait sourire et je me lève de ma banquette pour accueillir Vicky Z. dans mes bras. Personne ne sait qui elle est. Moi même je ne connais pas son nom. Et je lui ai copié cette habitude de changer de pseudos. Nous nous sommes déjà vu plusieurs fois. Il n'y a qu'avec elle que je peux parler sans crainte d'être jugée. Je ne la considère pas comme un pair mais j'estime que si je devais me comparer à quelqu'un, ce serait à Vicky. Nous vivons les mêmes expériences, à l'exception près que nous n'avons pas les mêmes buts.

On se commande des cafés crème et on s'installe à l'écart des oreilles indiscrètes. Vicky Z. contrairement à Sondra London, ne s'est jamais affichée au grand jour. Elle travaille dans l'ombre, elle se balade de prisons en prisons pour se faire désirer des plus grands criminels du pays.

J'espère qu'elle ne compte pas séduire le mien... Quoi qu'elle est un peu âgée maintenant. Et si elle tient à la vie, il vaudrait mieux qu'elle évite de le provoquer.

"Alors Mia, qu'est-ce qui me vaut ce rendez-vous loin de Quantico ?

- Déjà je te remercie d'avoir fermé ton site.

- J'avais vendu tous mes articles."

C'est bête, c'est même limite malsain mais cela nous fait rire. Vicky et moi faisons parti du même monde, celui que 80% de la population de la planète ignore. Ce qui me dérange le plus c'est qu'elle entretien, grâce à ses collections cet engouement malsain de curieux pour les tueurs en série. S'offrir une lettre d'Henry Lee Lucas, une toile de John Wayne Gacy ou une lampe d'Ed Gein qui inspira Hitchcock pour son film Psychose n'a rien d'anodin. Surtout lorsque les tueurs sont la personnification de personnages fictifs comme Norman Bates, Hannibal Lecter ou des meurtriers de films d'horreur. 

Je pense que les personnes fréquentant les nombreux sites comme Murderbilia sont à deux doigts de pencher vers le côté sombre. Il n'est pas rare que nous arrêtions des copycats qui n'étaient au départ que des étudiants en criminologie, des fans de films d'horreur ou de jeux vidéo. 

Death Battle (sous contrat d'édition HQN)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant