Death Battle (sous contrat d'édition HQN)

Chapitre 17

Les psychiatres ont décrit Chris Ford comme intelligent et équilibré. Il n'échappera donc pas à un procès. Pour le meurtre d'au moins 17 femmes, il risque la peine de mort.

Je ne suis pas d'accord avec la conclusion de mes collègues, ses meurtres n'ont rien à voir avec le désir ou la violence. Timide et immature, Chris est très conservateur dans ses idées. La faute surement à une éducation un peu trop strict.

Chaque fois il a perdu Mary. Il l'a perdu encore et encore, réanimant chaque fois ses victimes pour les garder auprès de lui comme lorsqu'il offrait des cadeaux à sa petite-amie. Depuis trois ans il n'a pas fait le deuil de son couple. Il se demande encore comment elle a pu le quitter alors qu'il l'aimait comme un fou.

Évidemment, tout n'est pas lié à sa première petite amie. Sa haine des femmes ne remonte pas non plus à son enfance. Il y a forcément autre chose, c'est plus compliqué qu'un discours martelé et un abandon.

Ses amis l'ont décrit comme quelqu'un de calme et silencieux. Il était cependant déjà narcissique. La Football le hissa au sommet de la gloire dans son lycée et c'est à ce moment qu'est né son besoin d'être désiré, simplement pour déplaire à sa mère et aller contre cette obsession qu'elle avait pour la pureté de son fils. Il a entretenu un corps athlétique comme beaucoup lui enviait. Il avait déjà développé un charme et une classe qui séduisaient les femmes.

Je discute un peu avec les équipes de l'établissement pénitencier car il n'est pas encore l'heure de ma visite.

J'apprends que Chris n'a montré aucun signe de crainte lorsque son avocat lui a annoncé qu'il encourait la peine de mort. Il est indifférent à sa propre douleur physique ou à une quelconque peine.

C'est un prisonnier modèle qui n'a reçu la visite d'aucun de ses proches. Très intelligent et beau parleur, il entretient le mystère autour de sa personnes et de ses meurtres. On le décrit comme celui qui avait tout pour réussir et qui est devenu le plus célèbre des serial killers depuis Ted Bundy. Les américains sont fascinés par son habileté à masquer l'assassin derrière une apparence séduisante et rassurante. Du Docteur Jekyll ou de Mr Hyde, on ne sait pas lequel des deux haïr... lequel nous fascine.

"C'est l'heure de votre visite."

Le gardien se dirige vers le parloir.

"Est-ce qu'il serait possible de voir Monsieur Ford dans sa cellule ?"

Ce n'est pas la première fois que je demande. Le parloir ou le réfectoire ne se prêtent guère aux confessions...! Les hommes se regardent un instant, ils hésitent.

Parce que je suis venue souvent, ils finissent par accepter à condition de pouvoir attacher les poignets de Chris Ford avant que je n'entre. Je dois avouer que ça me rassurerait beaucoup.

Ils me conduisent jusqu'au quartier de haute sécurité et à la cellule de Chris. Ils sont trois pour le ceinturer et joindre ses mains à sa taille. Il sera simplement libre de se lever.

Lorsque je le regarde, il m'est presque difficile d'imaginer que Chris Ford soit le tueur sadique dont on parle dans la presse. Il remue ses bras pour faire glisser les menottes et agite ses doigts.

"Est-ce que vous avez peur de moi ?" Il me demande en s'asseyant sur son lit. Je prends une chaise et me place en face de lui.

"On a promis de ne plus se mentir alors..."

Il lève un sourcil dans un mouvement provoquant. J'en reviens toujours

"Non mais je ne vous fais pas confiance.

- Pourtant vous croyez ce que je vous dis.

- Monsieur Ford ..

- Anna., il me coupe.