Ingrid

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INGRID

Le soleil commence à se levé, je distingue de plus en plus la lumière du jour entre les rainures des volets. Je n'ai pas fermer l'œil de la nuit. Je sursautais à chacun de ses mouvements. dans quelques minutes son réveil va sonner, je ne me lèverais pas en même temps que lui comme j'en ai l'habitude, je n'ai aucune envie de l'affronter. Après tout je ne travaille pas le samedi, je peux bien rester au lit pour une fois. La journée commence sur une chanson de Céline Dion dont je ne me souviens pas du titre. Je le sens remuer et s'étirer. Je ferme les yeux et adopte la respiration la plus calme possible. Il me tourne le dos, j'entre ouvre discrètement les paupières, il est face à l'armoire, il se gratte les fesses et se hisse sur la pointe des pieds pour atteindre ses chemises. Je vois son "engin" pendre mollement devant lui, il me dégoutte. Je sais et je reconnais que tout cela est ma faute, mais malgré ça est-ce que je méritais de subir cette relation sexuelle non consentie? Je me suis laisser faire c'est vrai, sur le moment ça m'apparaissait comme une revanche méritée mais après coup je ne peux plus voir ça autrement que comme un viol. Il enfile un slip et sort de la chambre ses vêtements sous le bras. J'entend du bruit dans la chambre de Laure, elle a son cours de danse ce matin. Je les laisse descendre tous les deux et je guette chaque bruits provenant de la cuisine, je les visualise très bien, lui faisant chauffer une tasse de café, "le ding du micro-onde", elle se servant son bol de lait froid "la porte du frigo"comme si j'étais avec eux. Je dois trouver le courage de me lever et de me préparer comme si rien ne s'était passé. Je m'assoie sur le rebord du lit, je grimace,mon entre-jambe, mes poignets et mon cou me font mal, il ne m'a pas brutalisé que le cœur,  mon corps aussi porte les stigmates de sa brutalité. Je me traîne jusqu'à la salle de bain et m'attarde dans la douche jusqu'à ce que j'entende la porte d'entrée claquée, ils sont partis. J'enfile un peignoir et descend à la cuisine. J'allume la télé.  Le matin il n'y passe que des émissions de variété peu intéressantes ou des séries vues mille fois, mais je préfère ça à ce silence angoissant. Je récupère ma tasse de thé fumante du micro onde quand j'entend vibrer mon téléphone sur la table. Je pose la tasse et m'empare de l'appareil:

"- Qui c'est?"

Je sursaute, le téléphone me glisse des mains, je le récupère in extremis avant qu'il ne se fracasse sur le carrelage. Christian se tient dans l'encadrement de la porte, nom d'un chien depuis quand est-il là? Je ne l'ai pas entendu entrer, surement à cause du son de la télé. Mon cœur tape comme un sourd dans ma poitrine, je suis incapable d'aligné tellement je suis sous le coup de l'émotion. Il s'approche de moi et me prend le téléphone des mains:

"- Tu permets?"

Comme si j'avais le choix. On est là donc, en une nuit mon mari confiant et doux est devenu un violeur jaloux. J'ai beau savoir que j'en suis responsable j'ai du mal à encaisser ce changement. Il fait glisser l'écran plusieurs fois et s'attarde sur les messages:

"- Sylvie. Dit il en me rendant le téléphone."

Je le prend sans ménagement, mon geste a l'air de l'étonner. J'ai vraiment eu peur que ce soit un message de Ben, même si je ne comprendrais pas pourquoi il me texterais après ce que je lui ai dit hier. Heureusement j'avais effacé tous les anciens que j'avais:

"- Je peux savoir pourquoi tu es là? Dis je.

- J'avais oublier un document que je dois absolument rendre aujourd'hui."

Il s'approche de moi et m'embrasse sur la tempe:

"- Bonne journée, je t'aime."

je ne préfère pas répondre, quel culot. Il agit comme si rien ne s'était passé alors que moi je boue de l'intérieur. Une fois la porte refermée derrière lui je me précipite pour la verrouillée, je ne veux plus qu'il me surprenne comme il vient de le faire. Je lis le message de Sylvie qui me demande comment s'est passé ma soirée, traîtresse!  Comment a t'elle pu me balancer à Christian, je pensais qu'on était amies. Je m'installe dans le canapé, ma tasse de thé dans les mains. Je revois encore Ben avec cette Jessy installés dans le fauteuil en face de moi, leurs mains qui se frôlent, leurs doigts qui se nouent et ces regards qu'elle lui lance...en fermant les yeux j'arrive à ressentir de nouveau tous ces frissons qu'il a fait courir sur ma peau, la douceur de ses lèvres, sa chaleur, son odeur...je sens les larmes me brûler aux coins des cils, c'est sans aucun doute mieux comme ça mais je ne peux rien faire contre ces sentiments qui m'envahissent, contre mon cœur qui s'emballe quand je pense à lui, quand je savais qu'il allait arriver. Je suis totalement et éperdument amoureuse de Ben. 




Ben (les loups 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant