Ben (les loups 2)

Jessy

Quand j'ai vu revenir Ben ce jour là, j'ai su que quelque chose de grave était arrivé, mais j'étais loin de m'imaginer que dans une même journée, il venait de vivre deux drames. Entre l'accident de Tom et le départ d'Ingrid, il était totalement dévasté. Je ne reconnais plus le garçon sur de lui sur lequel j'avais craquer il y a quelques mois. 

Les fêtes de fin d'année sont passées. Nous les avons fêter tous les trois. Ben ne parle plus du tout à ses parents, il les croisait à l'hôpital quand il allait voir Tom, depuis sa sortie, c'est en allant le chercher au collège qu'ils gardent contact. Ben est surprotecteur avec son frère, j'essaye de le raisonner, je crains que Tom étouffe et refoule son frère. Ben ne supporterait pas un deuxième rejet, mais peine perdu, il se sent tellement responsable de l'accident que tous les moyens sont bons pour se racheter. La vie reprend donc doucement son cours, sauf pour lui qui ne se remet pas du départ d'Ingrid. Un mois qu'elle est partie, un mois qu'il n'a plus aucune nouvelle mais il espère toujours, il refuse d'avancer. Antoine essaye de passer un maximum de temps avec lui, il le soutient, l'oblige à sortir et surtout le traîne de force à la caserne. Sans lui, il y a bien longtemps que Ben aurait été viré. Ce soir encore, il est à la maison pendant que Ben s'isole dans le garage:

« - Il ne va pas mieux, dit il,  il continu d'appeler le même numéro sans relâche. 

- C'est tout ce qui lui reste, murmure Sabine, il me brise le cœur.

- Il voit bien qu'il n'est plus en service merde!  S'énerve Antoine. Je ne le reconnais plus.

- Nous non plus, lui dis-je. Le seul moment ou on l'a vu sourire c'est quand Tom a ouvert les yeux, sinon...

-  Les gradés ne veulent plus de lui dans les équipes d'intervention, plus aucun gars ne lui fait confiance. Je me bat tous les jours pour qu'ils le gardent au sein de la compagnie. Tout ce qu'ils l'autorisent à faire c'est de briquer les véhicules, ranger les lances et astiquer les cuirs des collègues, le pire de tout c'est que ça a l'air de lui convenir. Il était le meilleur pompier que je connaissais, je lui confiais ma vie les yeux fermés, mais aujourd'hui...

- Il passe ses journées à courir et à frapper dans le sac de boxe qu'il a installé dans le garage et à boire, soupire Sabine. On lui présente des copines, mais rien à faire, il ne pense qu'à elle."

Ben entre dans la pièce, nous arrêtons immédiatement de parler :

« - Ne vous arrêter pas pour moi, dit il devant notre silence.

- On s'inquiète pour toi, lui dit Antoine.

- Ca va, ne vous en faite pas.

- Non ça ne va pas, s'énerve Antoine. Regarde toi merde ! On est en train de te perdre là. Tu fais du sport et tu te saoul la gueule des que tu n'es plus d'astreinte, ajoute t'il en désignant la bouteille que Ben tient à la main. »

Ben baisse les yeux dessus :

« - Et alors ?

-  Elle est partie, il faut que tu l'accepte. Elle ne te donne plus de nouvelles, c'est fini mon pote. »

Je sens dans la voix d'Antoine qu'il a de la peine pour son copain, que ça lui coute de lui parler comme ça, de façon si brutale et franche. Ben inspire profondément :

« - Je ne peux pas Antoine. Je suis raide dingue d'elle, je n'arrive pas à l'oublier. Elle ne peut pas me quitter comme ça, pas de cette façon, pas après ce qu'on a vécu, pas après tout ce qu'on s'est dit.  Si elle ne veut plus de moi, si vraiment elle veut que je l'oubli, j'attendrais qu'elle me le dise en face. Elle a besoin de temps c'est tout, je sais qu'elle reviendra. »