Les mains enfoncées dans les poches je fonce vers l'arrêt de métro François Truffeau,  je vois encore le regard haineux de Tom, ça me fait mal au bide. Je n'ai jamais voulu que ça se passe comme ça.  Je n'espérais pas non plus qu'il saute de joie mais....en fait je ne sais pas ce que j'espérais, j'étais tellement dans mon monde, dans mon bonheur que je n'ai pas penser à la réaction des autres en fait. J'avais beau répéter aux filles "qu'importe que ça leur plaise ou non, ça ne me touche pas" je me rends compte aujourd'hui que c'est faux. La tristesse et la déception de mon frère, mon père qui m'ordonne de partir de chez lui...au delà de ça, je pense à Ingrid, il faut qu'elle parle à Laure, avant que Tom ne le fasse. Continuer à mentir et à nous cacher ne sont plus des options. Elle est dans notre chambre à ranger ses affaires quand j'entre dans la maison. Jessy calcule tout de suite que ça ne va pas, une vrai connexion entre elle et moi, c'est ça que l'on doit appeler le coup de foudre même en amitié. J'entends Ingrid siffloter derrière la porte, je suis accueilli par un magnifique sourire. Malheureusement, ce dernier s'évanouie instantanément devant ma mine sombre:

"- Ca ne va pas?

- Non, dis je en lui prenant la main. Tom est au courant pour nous. Ses copains nous ont vu ensemble. Il est arrivé furieux chez mes parents."

Je m'assois sur le lit en soupirant. Elle s'approche de moi et prend ma main dans les siennes:

"- Il ne veut plus entendre parler de moi, tu te rends compte?"

Je porte ses doigts à mes lèvres:

"- Va parler à Laure tout de suite, lui dis je, avant que Tom ne le fasse. Si elle l'apprend par quelqu'un d'autre que toi ça sera pire, crois moi."

Je la sens hésitante:

"- Tu m'aimes pas vrai?"

Une bouffée de panique m'envahi, et si elle décidait de mettre un terme à notre histoire pour ne pas risquer de perdre Laure? Je ne supporterais pas de la perdre, j'ai trop besoin d'elle, elle m'est devenue indispensable. Elle a du se rendre compte de mon air paniqué parce qu'elle m'embrasse , prenant mon visage entre ses mains:

"- Oui évidemment, dit elle. J'ai très peur de sa réaction mais elle doit savoir."

Je la serre contre moi et l'embrasse avec plus de passion, j'ai besoin de la sentir, de m'imprégner de son gout et de son odeur. J'aurais aimer être près d'elle tout à l'heure quand elle rentrera après lui avoir annoncer, malheureusement je suis d'astreinte. Elle est surprise quand je lui annonce, effectivement je suis sensé être en arrêt de travail mais ce n'est pas quelques bleus qui m'empêcheront d'exercer mon métier.  Quand elle passe la porte, en m'envoyant un baisé, j'ai le cœur serré, et si une fois devant Laure elle n'osait pas lui dire? Et si Laure lui demandait de choisir entre elle et moi? Que suis-je face à l'amour d'une mère?  Je sais que je dois arrêter de penser comme ça mais c'est plus fort que moi. Je sors de la chambre et attrape mes clés de voiture accrochés dans l'entrée. Jessy me rejoint:

"- Ben...ne t'inquiète pas...ça va aller.

- Tu nous a entendu?

- Non, je vous ai écouter. Je savais que ça n'allait pas des que je t'ai vu passer la porte. Je voulais savoir..."

Elle s'inquiète pour moi, comment pourrais je lui en vouloir? 

"- Ingrid est partie le dire à Laure, nous verront bien si elle le fait...ou pas."

Je l'embrasse sur la joue:

"- A demain."

Elle n'insiste pas et me regarde rejoindre ma voiture. Je lui fait un petit signe de la main en passant à sa hauteur. 

En me garant sur le parking de la caserne, je vois Antoine venir vers moi les sourcils froncés:

"- Mais qu'est ce que tu fous ici? s'exclame t'il. 

- Je peux bosser et puis tu me connais je vais tourner comme un lion en cage."

Je vois des ses yeux qu'il sait que quelque chose ne va pas, il me connais par cœur. Mais il a une grande qualité, il sait se montrer discret. Il ne pose aucune question, il sait que quand j'aurais besoin de me confier je viendrais vers lui.  Dans la salle commune avec les autres, je n'arrête pas de regarder l'heure et de jeter un œil à mon portable au cas ou elle m'aurait envoyé un message, toujours rien. Va t'elle vraiment lui en parler? Je suis tirer de mes pensées par l'alarme qui résonne dans la caserne. Mon biper se met à sonner à ma ceinture, c'est le code d'un accident de la route. Je me précipite au camion, Paul et Antoine montent à l'avant aux côtés du caporal pendant que je monte à l'arrière préparer le matériel.  La sirène hurlante, je m'accroche aux barres fixées au plafond pour ne pas m'étaler, j'ignore sur quoi on part mais le caporal, au volant, fonce à tombeaux ouverts. L'avenue de Caen de Rouen est bouchée, plusieurs voitures sont garées en travers et une foule est agglutinée. Le camion à peine stoppé, Antoine et Paul filent sécurisé le périmètre avec les policiers déjà sur place et mettre les éventuelles victimes en sécurité, le caporal et moi, chargés de la trousse de secours et du brancard sur leurs talons. Un policier vient à notre rencontre et m'agrippe par le bras en m'ordonnant de ne pas avancer plus. Qu'est-ce qui lui prend? J'aperçois Antoine par dessus son épaule, il jette des regards nerveux dans ma direction et fait de grands signes à notre supérieur.  Ce dernier me prend la trousse des mains et m'ordonne de rester prés du camion. Hors de question, je veux savoir ce qu'il se passe, pourquoi m'empêchent-ils d'approcher? Un scooter....il y a un scooter coucher sur le bitume. NON!!!! Ça ne peut pas....Je me dégage violemment de l'étreinte du policier et me précipite vers l'accident. L'angoisse et la peur me serrent la gorge, mon cœur cogne comme un sourd dans ma poitrine. C'est en le voyant coucher sur la route que je manque de faire un malaise. Un ado est couché sur le ventre, il a beau être casqué, en voyant son blouson je sais très bien de qui il s'agit...Tom. Ce n'est pas possible, c'est un cauchemar. Antoine me ceinture, m'empêchant d'approcher plus:

"- Retourne au camion Ben, on s'occupe de lui."

Sa voix m'arrive comme un murmure, je ne focalise que sur la silhouette couchée sur le sol, tout le reste me semble sortir d'un rêve...mon frère...mon petit frère...inconscient...Paul est agenouillé près de lui:

"- Je ne l'ai pas vu arrivé!!!"

Cette voix de femme attire mon attention, je la vois entourée de deux policiers. Sa voiture cabossée est à quelques mètres du scooter. C'est elle qui à percuter Tom. Mes collègues posent une minerve et place mon frère dans une coquille. Un policier fait le quatrième homme à ma place pour placer Tom sur le brancard:

"- Ben tu montes devant, m'ordonne Antoine, je reste avec lui."

J'obéis comme un automate. J'ai la nausée, notre dispute résonne dans ma tête, je n'entends rien d'autre que ses reproches d'il y a quelques heures. A notre arrivée au CHU Charles Nicole, une équipe médicale est là, prête à prendre le relais. Le fourgon à peine arrêté, je vois les portes arrières s'ouvrirent dans le rétroviseur. Antoine en sort comme un diable de sa boite et les aide à descendre le brancard. Je reste les bras ballants devant la porte vitrée. Le caporal pose la main sur mon épaule:

"- Reste avec lui, tes parents vont avoir besoin de toi."

Mes parents!!! Ils ne sont même pas au courant.Je sors mon téléphone dans ma poche et cherche mon père dans mes contacts.Quand il décroche, il sait tout de suite au son de ma voix qu'il y a un problème:

"- Venez tout de suite à l'hôpital papa...

- Qu'est ce qui se passe Ben? Tu es blessé?"

J'entend la voix paniqué de ma mère derrière lui:

"- Pas moi papa...C'est Tom. Il a eu un accident de scooter."

Je n'entend plus que sa respiration rapide dans l'appareil. Je ne parviens plus a retenir mes larmes:

"- Viens vite papa, s'il te plait."


Ben (les loups 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant