17.

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—Kristen, devine quoi? S'excite ma mère.

Nous sommes samedi et je me prélasse sur mon canapé, dans le salon, en regardant Pretty Little Liars. D'ailleurs je ne sais même pas pourquoi je regarde cette série, à en juger la liste des épisodes elle est quasiment interminable. Rien de tel que de rechercher ce mystérieux A qui change toute les secondes, on peut s'assurer de manger une dose de paracétamol après avoir vu le tiers de la série, enfin si on se lance vraiment dans les investigations.

—Quoi? Dis-je curieuse.

—Une de mes collègues de travail nous a invités pour aller dîner en famille chez eux. Ça sera génial!

Super, j'adore dîner dans une maison inconnue, dans un quartier inconnu avec devinez quoi? Des inconnus.

—Elle a dit, poursuit-elle, que ça serait bien si nos familles se connaissent, elle a été très agréable avec moi et je suis sûre que tu l'aimeras. Elle est très enthousiaste je te préviens mais ce n'est pas déplaisant. Et pour couronner le tout, elle a un fils de ton âge et à ce qu'il paraît il est très beau.

Ah, le cliché de la mère qui veut caser sa fille avec le fils de sa meilleure amie afin qu'elles deviennent des sœurs. Merci, mais non merci.

—Ouais! Dis-je sans conviction.

—Allez, ce n'est pas difficile quand même. Je t'assure que ça ne sera pas ennuyeux.

—C'est ça, je te crois à cent pour cent. Ironisé-je.

—Qu'est-ce que je vais faire de toi, hein Kristen? Dit-elle en secouant tristement sa tête.

—Non, je ne veux pas y aller maman.

Je ne sais pas comment j'ai pu me retrouver dans cette situation. Je suis dans la voiture, en chemin pour aller en ville dans la maison de ces inconnus. Nous sommes tous les trois dans notre Citroën, oui celle que mon père avait acheté pour ma mère à l'occasion de son anniversaire, mais pour être franche, je crois que mon père l'a acheté pour lui-même en fait. Elle ne conduit que rarement et quand arrive les moments rares où elle veut conduire, mon père trouve toujours une excuse pourrie du genre: 'Je te préviens, je ne l'ai pas révisée ce matin, on risque de tomber en panne' ou encore 'Vas-y doucement avec le frein, je n'ai pas changé la plaquette' sachant pertinemment que c'est une voiture neuve. Et puisque ma mère n'est pas très courageuse au volant, elle le lui laisse. Je me demande parfois pourquoi, mais ça marche.

Je sais en tout cas que mon père lui aussi n'est pas très enthousiaste à cette petite virée en ville mais maman a eu l'argument imparable dans sa poche 'Allez, c'est toujours toi qui dit qu'on devrait rencontrer plus de gens dans cette ville non?'. Comment mon père peut-il refuser? À contrecœur, nous nous trouvons sur cette route, sauf ma mère qui est très fière d'avoir convaincu tout le monde. Mais j'avoue, elle a du mal à cacher son stress depuis ce matin. J'ai du changer de tenue trois fois pour excuse que ce n'était pas assez élégant et qu'il faillait que je sois sur mon 31. Je ne sais pas si c'était sérieux cette histoire avec le fils de la famille, mais en tout cas elle semble s'appliquer.

Mon père qui est au volant tourne au virage qui d'après le GPS mène à la maison de l'amie de ma mère. Il faut sérieusement que je lui demande son nom parce-que là c'est trop long à prononcer. Je m'apprête à le faire quand une grande portière beige s'ouvre devant nous. Et là, il faut le dire, j'ai failli marquer un arrêt cardiaque en voyant l'immense demeure qui se dresse devant nous. Je peux remercier ma mère de m'avoir empêché de porter le jean que j'ai envisagé de porter ce matin, parce que ça aurait fait tâche dans ce décor de dingue.

Le jardin est tout aussi vaste, recouvert de gazon, où l'on peut voir toutes sortes de fleurs multicolores par-ci par là. N'oublions pas la fontaine présentant un petit ange et surtout, surtout, le plus important la piscine. Quelle chance ces gens ont, d'habiter dans une telle baraque! Je regarde mes parents qui eux aussi ont du mal à cacher leur surprise.

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