charlie et paloma

chapitre trente-quatre

paloma.

je suis surprise quand je rentre ma clé dans la serrure et qu'elle ne s'enfonce pas totalement. je me dis alors que j'ai du laisser mon triple des clés, melina ayant le double et n'étant pas si bête de garder qu'un seul jeu de clé pour moi, de l'autre côté de la porte ce matin sans m'en rendre compte. j'essuie mes larmes et pousse la porte de mon coude alors que je remets mes clés dans mon sac.

je retrouve melina allongée sur le canapé et quand elle perçoit mes yeux rouges et mes joues mouillées se jettent sur moi pour me prendre par les épaules et me demander trois fois avant que je ne l'arrête par début de mal de crâne si "ca va ?".

- katy est passé au café avant la fermeture, j'explique en m'assurant alors que melina m'aide à retirer mon manteau coincé au niveau des manches.

elle mords sa lèvre et se lève pour aller faire chauffer de l'eau comme si elle était chez elle. et elle a raison de ne pas faire preuve de plus de gêne, je la considère comme une très bonne amie et je me vois pas où est le mal à ce qu'elle fasse comme chez elle.

elle revient avec deux tisanes et elle s'excuse d'un minuscule sourire en me disant que "on va devoir se lever cette nuit pour faire pipi".

je souris doucement et elle m'incite à continuer.

- katy à pété un sketch à charlie et elle s'est barrée, je récite en omettant le "pute" correctement placé par celle qui était encore mon amie il y a encore quelques minutes.

me connaissant je serais totalement capable de lui pardonner, de la reconsidérer comme une amie dans les cinq minutes qui viennent mais pas sûr qu'elle accepte de faire de même.

melina hausse un sourcil et je soupire.

- elle m'a aussi traité de pute.

elle se fige quelques secondes avant d'ouvrir la bouche pour je suppose insulter katy. je la coupe juste avant que la premier tonalité du mot, qu'elle allait se faire un plaisir de répéter dix fois pour bien appuyer dessus, retentisse dans mon salon.

- je peux comprendre qu'elle m'en veuilles, je ne l'ai jamais prévenu que ja parlais avec charlie.

- t'avais pas l'obligation de le faire, remarque melina.

- si, parce que c'était son copain et maintenant son ex et qu'elle est mon amie.

- je ne considère personne comme une amie après qu'elle m'ait traité, siffle melina et je sens la colère monter en elle.

- c'est une histoire entre katy et moi, rien ne t'oblige à la détester pour ce qu'elle m'a dit ou fait.

- tes mon amie, elle l'était jusqu'à ce qu'elle se rabaisse à un niveau que même un fils de pute n'atteindrait pas en trois ans.

je sursaute légèrement, ne pensant pas que melina réagirait de cette façon. cette je m'attendais à la voir remontée mais non pleine de haine.

son portable vibre et elle allait laisser tomber quand le nom de katy s'est affiché sur l'écran légèrement fissuré du cellulaire.

de : katy♡

- grande nouvelle à t'annoncer, ne fais pas confiance à paloma je t'explique tout demain au café ♡

elle ne prend pas la peine d'ouvrir le message, layant vu en entier dans les notifications et je laisse mon regard se perdre sur le
pied de ma table basse en bois et en verre qui a pris un choc je ne sais quand et où quelques bouts de bois sortent.

- te laisses pas abattre palo, tu vas venir avec moi au café demain, on va s'expliquer une fois les clients partis et tout rentrera dans l'ordre, récite
melina en plongeant son nez dans sa tasse fumante.

je me sentais mal de l'obliger à ca, normalement c'était moi qui remontait le moral des gens, pas l'inverse, je n'étais pas forte pour mettre des mots sur ce que je ressentais. je pratiquais des techniques sur les autres mais je n'arrivais aucunement à les reproduire sur moi.

peut être était ce normal ?
mais ca va faisait un mal de chien de savoir que l'on s'appuie toujours de plus en plus fort sur l'épaule de quelqu'un sans pour autant y changer quoique ce soit avant un bon bout de temps.