03 : liar liar

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LUI

   J'avais embrassé Erin O'Brown. Pourquoi ? Je n'en savais rien. J'avais commis cet acte insensé il y avait de cela deux jours, et je ne l'avais toujours pas revue. Je n'en avais même pas encore parlé à mon frère. Je n'aimais pas parler. En général, je parlais parce que George remarquait des changements dans mes expressions ou dans mon comportement. Je parlais quand on m'y poussait. D'ailleurs, lorsque mon frère m'a regardé dans les yeux, ce matin-là, et m'a demandé de but-en-blanc ce qui n'allait pas, j'ai tout de suite craché le morceau.

   - Je l'ai embrassée, ai-je simplement dit.

   Je n'ai même pas eu à prononcer son nom ; George a compris de qui je parlais.

  - Et ?

  - Elle m'a embrassé.

  - Mais c'est super !

  - Puis elle m'a repoussé. Comme un malpropre.

  - Oh, merde.

  - Comme tu dis.

  - Écoute, je connais Erin, maintenant et...

  - Ah, tiens, tu la connais mieux que moi ?

  - Fred, je te rappelle que je l'ai aidée un peu à une des réunions de l'A.D., rien de plus. On a fait connaissance et voilà, c'est tout. Non mais, attends une seconde, a-t-il ajouté tandis qu'un sourire un peu trop moqueur à mon goût naissait sur son visage. Tu serais pas jaloux, toi, par hasard ?

  - N'importe quoi.

  - T'es jaloux.

  - Oui, peut-être. De toute manière, c'est peine perdue, non ?

  - Non. Je crois qu'elle a tout simplement...eu peur.

  - Erin ? Peur ? Peur de quoi ? D'un simple baiser ?

  - Tu sais comment ça finit, quand Erin embrasse un garçon. J'ai appris à la connaître, tu sais, et malgré sa réputation, c'est quelqu'un de sensible. Tu es son ami, alors je suppose qu'elle ne veut pas gâcher ça.

  Parfois, alors que je pensais le connaître par cœur, mon frère arrivait encore à m'impressionner. Je savais qu'il était doué pour cerner les gens, mais j'ignorais qu'il était capable de cerner Erin O'Brown, une chose qui me paraissait jusqu'ici impossible. J'ai longtemps réfléchi à ce que m'avait dit George, et j'y réfléchissais toujours quand la salle commune a commencé à se vider de nouveau. Comment était-ce possible que je n'aie pas croisé Erin une seule fois depuis notre baiser ? Elle n'était pas venue en cours pendant deux jours, et quand j'avais demandé à Angelina où elle était, elle m'avait non seulement dis qu'elle était malade, mais en plus, elle m'avait piqué une crise de jalousie. Bon, ça, c'était compréhensible. Je pensais de plus en plus à rompre avec elle, d'ailleurs. J'ai continué à me perdre ainsi dans mes pensées jusqu'à ce que même Lee et mon frère montent se coucher. J'ai attendu longtemps encore, j'ai même commencé un bouquin qu'un élève Moldu devait avoir laissé traîner. J'ignorais qui était ce Lewis Carroll mais une chose était sûre : ce mec était loin d'être tout net. Même un sorcier n'imaginerait pas ça. Le livre, quoique bien étrange, était pourtant très intéressant, et je l'avais presque terminé quand elle est descendue. Elle n'a pas fait attention à moi, recroquevillé dans mon fauteuil, car elle semblait chercher quelque chose.

  - Tu as perdu un truc ? lui ai-je demandé.

  Elle a sursauté et s'est tournée vers moi tout en évitant soigneusement mon regard.

  - Ce...bouquin. Il est à moi. Je l'ai oublié ici hier soir.

  - Oh, tu lis des livres moldus. Je l'ignorais.

She's the oneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant