05 : somewhere only we know

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LUI

- Viens, je vais te montrer quelque chose.

Après ces quelques mots, l'intrépide Erin O'Brown m'a emmené au pas de course à travers le parc du château. Elle a couru en me tirant par la main, et je n'ai eu aucun de mal à la suivre. En même temps, si on comparait la taille de ses jambes à celle des miennes...on comprenait vite pourquoi. Nous avons dépassé le Saule Cogneur, et elle se dirigeait dangereusement vers la Forêt Interdite.

- Je peux savoir où tu m'emmènes ?

- Pourquoi, t'as la frousse, Weasley ?

- Non, mais j'aime pas ne pas savoir.

- Tu verras.

Elle est revenue à un pas plus lent, et nous avons longé la lisière du bois pendant un peu plus d'une minute juste avant qu'elle ne tourne brusquement. Elle s'est enfoncée de quelques mètres dans l'épaisse forêt et elle a disparu derrière le feuillage d'un énorme saule pleureur, presque incongru parmi les arbres alentours. Je l'ai suivie sans réfléchir, et j'ai découvert un véritable petit coin de paradis. Les feuilles du saule formaient un cercle presque parfait autour de son tronc, et ici, on se sentait totalement à l'écart du reste du monde. C'était comme si nous étions totalement isolés. J'ai souri, et je l'ai regardée.

- C'est...époustouflant. Quand as-tu trouvé cet endroit ?

Elle s'est assise contre l'écorce et m'a invité à faire de même avant de me répondre.

- J'étais en première année, je venais tout juste d'être envoyée à Gryffondor. Un Serpentard de septième année m'avait bousculée -volontairement- et j'avais commencé à pleurer. J'ai couru et me suis retrouvée ici par hasard. Je n'avais pas vraiment écouté le discours de Dumbledore qui nous interdisait de venir ici, j'étais trop occupée à...peu importe, alors je suis restée ici, avec Alice au Pays des Merveilles sur les genoux.

Elle a rigolé légèrement, comme si elle était nerveuse. Erin O'Brown ? Nerveuse ? Je devais me faire des idées. Je me suis rapproché d'elle et j'ai passé un bras autour de ses épaules. Elle s'est tendue un instant avant de caler sa tête sur mon épaule.

- Je ne sais même pas pourquoi je te raconte tout ça... En gros, c'est juste un endroit que j'ai trouvé au hasard.

- Mouais... Mais dis-moi, à quoi étais-tu donc si occupée, le jour de notre rentrée ?

- Je...Je regardais autour de moi, c'est tout, m'a-t-elle répondu, sur la défensive.

- C'est bon, c'est bon, je ne faisais que demander, ai-je dit en ne pouvant me retenir de rire.

J'ai saisi son menton entre mes doigts et l'ai forcée à me regarder. J'ai déposé sur ses lèvres un baiser que je voulais doux, même si je m'attendais à ce qu'Erin l'approfondisse (on ne parlait pas de douceur, avec Erin O'Brown). Mais, étrangement, elle m'a juste...laissé faire. Perplexe, j'ai caressé sa joue tandis qu'elle gardait ses yeux fermés et ses sourcils froncés. J'ai rapidement embrassé son front, puis j'ai appuyé ma tête contre le tronc. Erin, elle, a calé sa tête dans le creux de mon cou.

- Tu n'as pas peur d'être mal vue ? Une préfète en chef ne sèche pas les cours, normalement...

- On a seulement cours de sortilèges, ce matin, et Flitwick m'aime bien... Il croira facilement que j'ai été malade.

- Oui, mais on a cours avec Rogue, l'après-midi.

- Qu'il aille aux choux, celui-là.

J'ai ri à nouveau.

- Je me demande souvent comment les professeurs ont fait pour te nommer préfète en chef.

- Il faut savoir manipuler sa propre image. Je n'y arrive peut-être pas auprès des élèves, mais je suis une pro quand il s'agit des professeurs.

- Tu es diabolique, ai-je plaisanté.

- Je sais.

- Et tu en es fière, en plus !

- Totalement ! Maintenant, tais-toi. J'ai passé une mauvaise nuit.

Elle s'est tue et s'est blottie contre moi. Je l'ai laissée faire et une fois qu'elle s'est endormie, ainsi pelotonnée, j'ai resserré mon étreinte autour de son corps. Elle était incroyablement paisible. Sa respiration régulière et l'odeur enivrante de ses cheveux a fini par avoir raison de moi, et je me suis à mon tour endormi comme une masse.

***

Je n'aurais pas pu espérer meilleur réveil. Même si j'étais allongé sur de l'herbe un peu humide, que j'avais le bras endormi et que mon dos me faisait souffrir, je n'aurais pas pu espérer mieux. Erin se tenait là, tout contre moi. Bon, ce qui était moins glamour, c'est que sa bouche était légèrement entrouverte et que ses vêtements étaient tâchés de vert, par endroits. J'ai souri, attendri par ce que je voyais, mais il a fallu qu'elle ouvre les yeux à cet instant précis.

- Pourquoi tu souris ?

- J'ai pas le droit ?

- Si, mais, je veux dire...bref.

- Tu ne sais pas quoi dire, c'est adorable. Enfin, je te comprends : je suis à couper le souffle.

- La ferme, Weasley, a-t-elle grogné en affichant tout de même un demi-sourire. On devrait peut-être y aller, maintenant, tu ne crois pas ?

- Oui. Remercions déjà Merlin de ne pas avoir inséré Ombrage dans notre emploi du temps...aujourd'hui.

Elle a rigolé à ma remarque puis a secoué la tête.

- Je t'ai déjà dit que ton rire était adorable ?

- Fred... Arrête.

- Arrêter quoi ?

- Ce que tu fais.

J'ai levé les yeux au ciel et me suis relevé tout en lui tendant la main.

- Si on ne peut même plus faire des compliments...où va le monde ?

Elle s'est aidée de ma main mais une fois debout, l'a aussitôt relâchée. Nous avons quitté son petit jardin secret, et nous avons décidé que je rentrerais en cours de potions le premier. Je devais raconter ce qu'il s'était passé à George, alors autant le retrouver là-bas. Erin, elle, est retournée dans son dortoir pour jouer son rôle de préfète malade. Plus tard, ce jour-là, nous nous sommes tous retrouvés dans la Salle sur Demande pour une réunion de l'Armée de Dumbledore. Évidemment, Erin était là aussi. Elle discutait avec Hermione, à l'autre bout de la pièce, et affichait un air tendu et déstabilisé. Elles n'avaient pas besoin de s'entraîner plus au sortilège de désarmement, puisqu'elles le maîtrisaient déjà toutes les deux à la perfection.

- Bon, Freddie, concentre-toi sur ce que tu fais, maintenant.

Cette voix, c'était celle de George qui m'arrachait à mes questions...et me rappelait à l'ordre. Je me suis tourné vers lui et j'ai soupiré.

- J'suis vraiment désolé, George, mais j'arrive pas à me concentrer. Pas quand elle est là.

- C'est un problème, ça.

Je voyais bien qu'il se retenait de rire. George m'avait pourtant prévenu, quand je lui avais expliqué les conditions d'Erin. Il m'avait dit que ce n'était rien de bon, que ça ne pouvait que me faire du mal. Mais quitte à avoir mal, autant que ce soit Erin O'Brown qui m'inflige ça...non ?


She's the oneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant