Chapitre 18 : Out of Time

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- Putain, Harry, mais qu'est ce qu'il s'est passé ?! s'exclama Louis alors qu'il se mettait debout.

- Mauvaise rencontre, c'est rien.

Ce fut tout ce qu'il réussit à répondre. La situation était trop inconcevable, il n'arrivait pas à comprendre ce qu'il se passait. Comment Louis pouvait être en Floride, chez lui ?

Comme un automate, il ouvrit la porte et entra sans la refermer. Louis prit cela pour une invitation et le suivit en fronçant les sourcils, il s'était attendu à des retrouvailles un peu différentes. Il posa son sac par terre et regarda autour de lui, tout était propre, rangé, moderne, si différent de sa propre maison à Gravel Ridge. Il entendit du bruit un peu plus loin, là où Harry avait probablement disparu. Il le rejoignit dans la salle de bain, il passait un coton vraisemblablement imprégné de désinfectant sur sa lèvre blessée en grimaçant. Il regarda brièvement Louis à travers le reflet du miroir. Il n'arrivait pas à parler, il ne savait pas quoi faire.

- Comment tu as trouvé mon adresse ?

Louis fronça les sourcils, ça ressemblait plus à une accusation qu'à une question.

- J'ai demandé à tes grands-parents.

- Oh, okay. Excuse moi, il faut que je m'allume une clope.

Il jeta le coton dans la poubelle et passa devant un Louis complètement perdu qui le suivi à jusqu'au salon.

- T'aurais pu m'envoyer un texto.

- Ouais, j'aurai pu, répondit Louis.

Harry faisait les cents pas, en se grattant la tête, et en tirant fort sur sa cigarette.

- J'ai dit à tout le monde que je partais chez ma tante à Little Rock et j'ai roulé jusqu'ici.

- Tu es venu en voiture ? s'exclama Harry en relevant la tête vers lui.

- Ouais, je suis parti ce matin et je suis arrivé il y a environ une heure.

- Tu as conduis au moins douze heures, jusqu'ici.

- Oui, mais visiblement c'était pas une bonne idée. Je vais repartir, dit Louis en se levant.

- Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi c'était pas une bonne idée ?

- T'as vu comment tu réagis ? J'suis face à un mur. Je m'attendais à quelque chose d'un peu différent.

Harry finit par s'asseoir sur le canapé.

- Tu ne comprends pas. Ca fait une semaine que j'ai l'impression que je vais crever Je croyais que j'allais plus jamais te revoir, Louis. Jamais. Et t'es là. Je sais pas comment gérer. Je sais pas quoi faire.

- Moi non plus, Harry. Je sais même pas pourquoi je suis là. Je suis sensée me marier dans six mois mais c'est carrément le bordel.

- Je suis désolé. J'aurai pas du... Je suis vraiment désolé, répondit Harry en se prenant la tête dans les mains.

Il vit Louis s'agenouiller devant lui.

- Je t'ai foutu dans une situation de merde, reprit Harry.

- J'aurai pu rester chez moi, mais je suis là.

Il posa ses mains sur les genoux d'Harry.

- Pourquoi t'es venu ?

Louis attrapa les poignets d'Harry et les écarta doucement, le forçant à relever la tête.

- J'ai aucune idée de ce que je suis en train de faire, je sais juste qu'il fallait que je vienne, j'y arrivais pas. Tant que tu étais là, même juste là, ça allait, mais là c'est n'importe quoi. J'arrive pas à te sortir de ma tête. J'ai besoin d'être avec toi pour fonctionner. Je comprends pas pourquoi. Je sais pas ce que tu m'as fait. Mais j'y arrive pas sans toi.

Il tenait toujours les poignets d'Harry et ils se regardaient droit dans les yeux.

- Je suis pas gay, chuchota Louis.

- Je sais, répondit Harry tout aussi bas.

Louis soupira en fermant les yeux. Il semblait désespéré et Harry n'était pas dans un meilleur état. Il dégagea ses poignets et posa sa main droite sur la joue de Louis, caressant doucement la pommette saillante avec son pouce.

- Je suis tellement désolé.

Et il se pencha pour l'embrasser. Avec toute la douceur du monde. Leurs lèvres s'effleurant simplement.

- Je suis pas gay, répéta Louis tout contre Harry.

- Je sais.

- C'est juste toi.

- Tant mieux.

- Je ne veux pas repartir ce soir.

- Je ne veux pas que tu partes.

Et ils restèrent ainsi pendant de longues minutes. Front contre front, yeux fermés, respirations lentes et profondes. Finalement Harry se recula.

- Okay, tu sais ce qu'on va faire ? Manger, ensuite tu vas prendre une douche et tu iras dormir dans mon lit, je dormirai ici, tu as l'air épuisé.

- J'ai quasiment pas dormi depuis que tu es parti, avoua Louis.

- Moi non plus.

Louis se releva et Harry fit de même, il leur commanda quelques plats chez le traiteur italien. La tension était retombée mais ils étaient silencieux. C'était très perturbant pour l'un et pour l'autre de se retrouver ensemble hors de Gravel Ridge. Pourtant, au bout d'un moment, les conversations reprirent comme s'ils ne s'étaient pas quittés. Ils retrouvèrent leur complicité, leurs rires et partagèrent leur repas assis en tailleur sur le canapé.

Le portable d'Harry n'arrêtait pas de sonner et il jeta finalement un œil pour voir qui essayait de le joindre. C'était Emily qui s'inquiétait. Il répondait rapidement.

« Louis est là »

En moins de vingt secondes, la réponse arriva.

« Oh mon dieu, appelle-moi dès que possible, je te dis pas de lui passer le bonjour hein, mais le cœur y est »

- Je peux t'emprunter ta salle de bain ?

- Bien sûr !

Harry alla lui préparer du linge de toilette et débarrassa les restes du dîner pendant que Louis se douchait. Il était minuit passé et il commençait à fatiguer malgré la situation.

Louis revint simplement vêtu d'un bas de jogging qui devait lui servir de pyjama et Harry l'installa dans sa chambre.

- Harry ?

- Oui ?

- Dors avec moi, je suis venu pour être avec toi.

- T'es sûr ?

- C'est pas la première fois qu'on dort ensemble.

- Je sais.

Harry alla verrouiller la porte d'entrée, éteindre les lumières de l'appartement et se déshabilla pour se coucher. A côté de Louis. Dans son lit. Dans son appartement.

Seule la lumière de la lampe de chevet éclairait la chambre et ils étaient couchés sur le côté à une distance respectable, se regardant juste.

- J'ai du mal à croire que je sois là, avoua Louis.

- J'ai du mal à croire que tu sois là, répondit Harry.

- Alors tu m'expliques ?

Il pointait du doigt le papillon tatoué qui ornait le haut de son ventre. Et Harry lui expliqua l'origine de chacun des tatouages qui ornait son corps. Ils parlèrent longtemps. Aucun des deux ne semblait vouloir s'endormir malgré la fatigue, ils savaient que le sommeil les rapprocherait de la séparation.

- Est-ce que tu peux m'embrasser, s'il te plait ?

Harry comprit qu'il lui demandait parce qu'il n'osait pas le faire. Alors, il bougea jusqu'à être si près de Louis qu'il sentait la chaleur de son corps sans pour autant le toucher. Il posa sa main sur la joue qui lui faisait face et l'embrassa.

Au bout de quelques minutes, sans bien comprendre comment, Louis  se retrouva sur Harry, installé entre ses jambes.

- J'ai aucune idée de ce que je suis en train de faire et je vais pas te mentir, c'est super bizarre, souffla Louis entre deux baisers.

Oui, c'était étrange. Sentir un corps ferme et anguleux contre soi, un corps qui sentait le garçon, un corps dont il percevait l'excitation contre le bas de son ventre, c'était difficilement concevable mais c'était Harry et ce n'était pas dégoûtant, ou bizarre dans le mauvais sens, c'était juste qu'il avait l'impression de tout reprendre à zéro, de tout réapprendre. Mais il en avait envie, son cœur et son corps avaient pris le relais sur une réflexion trop poussée qui l'aurait fait hésiter.

- Tu fais ce que tu as envie de faire. Tu es parfait, tu es tellement parfait, murmura Harry.

- J'ai envie de toi, chuchota Louis plongé dans le cou de son partenaire en rougissant.

- Moi aussi.

Et Harry prit les choses en main, il les déshabilla entièrement, fit tout pour rendre Louis prêt à ce qu'ils allaient faire. Ca n'avait rien d'anodin, ni pour l'un ni pour l'autre. C'était l'expression physique de sentiments inavoués et presque indicibles. Et ces sentiments étaient forts, puissants, assez pour que Louis soit prêt à foutre en l'air l'ordre établi, pour qu'Harry soit prêt à prendre le risque de souffrir plus qu'il n'avait jamais souffert. Demain était loin, et ils devraient en assumer les conséquences mais pour le moment, ce n'était qu'eux, eux et ce qu'ils avaient créé sans le faire exprès.

Lorsque Louis fut en lui, ils s'immobilisèrent, pour se regarder. Ca y était, ils ne pourraient plus jamais revenir en arrière, l'irrémédiable était commis. Et le péché avait un goût d'infini à cet instant, ils étaient invincibles pour quelques heures et c'était le sentiment le plus grisant qu'ils aient pu connaître jusqu'à présent l'un et l'autre. Louis commença à bouger lentement comme pour retenir les secondes qui s'écoulaient. Mais l'appel des sens fut le plus fort. Et la douceur se transforma en passion, en plaisir pur. Ce n'était pas parfait, pas comme dans les livres, comme dans les films, mais c'était eux et ça suffisait à rendre l'instant si intense qu'ils tremblèrent longtemps avant de finalement s'endormir, leurs mains simplement liées.

Gravel Ridge (l.s)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant