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Cela faisait plusieurs jours maintenant qu'il le sentait : quelque chose l'appelait, le titillait, loin, il ne savait pas où. Au début, le Dévoreur avait eu une étrange sensation, et n'avait pas compris ce qu'il lui arrivait, mais au fil du temps, cela s'était précisé. Il avait une impression proche de quand il avait été attiré par cette jeune fille, avec des pouvoirs bizarres. C'est pour ça qu'il avait peur d'y aller. Le Faiseur de larme l'avait écrasé, lui laissant un souvenir cuisant.

Le cirque était en effervescence, le clown finissait de se maquiller, les enfants couraient en tout sens, le Mr Loyal rajustait son chapeau, et Peel se promenait au milieu de tout ça, observant distraitement l'effervescence autour de lui. C'était toujours comme ça avant la représentation. Et le chaos ambiant n'était qu'apparent. Chacun se connaissait depuis des années, et savait ce qu'il avait à faire pour que le spectacle se déroule bien. Le FBI avait en effet passé un contrat avec un véritable cirque, sans leur donner les détails complets sur l'opération. Ils savaient toutefois que « quelque chose » risquait de venir, et que sa cible serait les animaux.

Ces animaux avaient été donnés au cirque, et leur avaient permis de monter un numéro inédit (en plus de la coquette somme offerte par le FBI).

C'étaient ces animaux que Peel était venu voir. Tigre blanc de Sibérie, serpent-corail, les araignée « Veuve noire » et « Atrax Robustus », Ours brun, scorpion noir...Que des animaux dangereux, qui mettaient en pièce des répliques d'humains ou tuaient des rats de leur poison, devant le public. Frissons garantis.

Peel s'approcha d'une cage en particulier : elle était doublée d'une couche de verre, et contenait un serpent, d'un noir magnifique. L'animal semblait dormir, mais si l'inspecteur avait ouvert la cage pour y mettre sa main, il serait mort. C'était à ce serpent qu'il avait fait boire le liquide transmis par Talasa, censé transformer ce serpent en appât pour Dévoreur. Elle seule savait ce qu'elle avait mis dans son étrange potion, et c'était peut-être mieux ainsi.

Le spectacle était sur le point de commencer. L'inspecteur quitta alors le camp, pour rejoindre la foule au bord de la route, qui se dirigeait vers le chapiteau. Adossé à une Ford, L'officier Harper l'attendait, fumant une cigarette en compagnie de ses deux sous-officiers. L'inspecteur s'adressa à lui.

« Alors ? Où en est le moral ? »

« Ça fait onze jours que cette opération a commencé, et toujours pas de signes du monstre. Vous êtes sûr qu'il va se pointer ? Parce que nos hommes vont finir par en avoir marre d'escorter un cirque.

« Et bien...Normalement, le Dévoreur devrait se montrer. Expliquez à tout le monde que plus le temps passe, plus la probabilité qu'il se manifeste est élevée. Nous devons rester en état d'alerte permanent, même s'il n'attaquera pas devant la foule ».

« Vous êtes sûr de ça inspecteur ? Parce que s'il débarquait maintenant, ce serait un sacré bordel. Avec tout les civils qu'il y a ici... » L'officier désigna d'un geste la queue devant le chapiteau, « S'il apparaît maintenant, ça va être comme une volée de moineaux qui se disperse, et ce sera impossible de tirer ».

Peel en était bien conscient : les munitions étaient censées anesthésier, mais la puissance de la dose contenu dans chaque seringue était calibrée pour endormir un taureau. Si par malheur, un humain en recevait plus de trois, il avait des chances de ne jamais se réveiller. Et si les munitions anesthésiantes ne fonctionnaient pas...Mais l'inspecteur avait déjà beaucoup réfléchi au sujet du monstre, avec ses capacités d'analyses qui ne l'avaient (presque) jamais trahi.

« Le Dévoreur a peut-être en partie un esprit humain, puisqu'il en a mangé, mais il reste un animal. Et les animaux se méfient naturellement de l'homme. S'il n'y en a que quelques uns, il n'aura pas peur d'attaquer. Mais quand ils sont trop nombreux, il va attendre. Aujourd'hui, le nombre est peut-être un désavantage pour nous, mais il n'en a probablement pas conscience. C'est confirmé par le fait que jusqu'ici, le Dévoreur n'avait attaqué des humains que la nuit, et quand ils étaient isolés.

Le DévoreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant