Le Dévoreur

Épilogue (deuxième partie)

Shadowdialer et Li-Ziao entrèrent dans le laboratoire, accompagnés de trois hommes traînant derrière eux des bidons d'essence, et une caisse contenant le matériel nécessaire à un déclenchement à distance de l'incendie. Il était minuit, et normalement, personne n'était censé venir.

"Messieurs", dit alors Li-Ziao, "Vous n'avez pas le grade nécessaire pour passer cette porte, je vous prierais donc de partir, nous allons nous occuper du reste."

Les hommes de main acquiescèrent, et partirent ensemble, tandis que les deux scientifiques tiraient tout à travers la porte. En tout, Six bidons de quatre litre et un de douze.

Le laboratoire était large, carrelé de blanc, encombré de tables sur lesquelles étaient posés toutes sortes d'objets de verre et d'appareils de mesure. En temps normal, une quinzaine de scientifiques et d'assistants circulaient dans la pièce, mais ce soir, ils n'étaient que deux.

Au fond de la pièce, une immense cuve remplie d'alcool offrait une vision terrifiante à ceux qui entraient pour la première fois : à travers le formol, on pouvait voir une immense créature noire, dotée de quatre bras, dont deux se terminaient par d'impressionnantes lames. C'était le cadavre, remarquablement intact, du Dévoreur.

Shadowdialer ouvrit le gros réservoir et le renversa d'un coup de pied rageur, laissant le liquide se répandre dans la pièce. Pendant ce temps, Li-Ziao versait de l'essence sur les tables, afin de brûler tout ce qui était en cours.

Avec rage, Shadowdialer renversa la table sur laquelle les échantillons prélevés avaient soigneusement été placés dans des boîtes de verre. Elle se brisèrent en tombant sur le sol, et il écrasa rageusement du pied celles qui n'étaient pas encore cassées, puis versa de l'essence sur le tas de verre pilé et de matière organique.

En à peine vingt minutes, et conformément à ce qu'on leur avait ordonné, les deux hommes avaient préparé la destruction de tout ce qui se trouvait dans le laboratoire.

Ils reculèrent afin de regarder leur œuvre : plusieurs tables étaient renversées, il y avait partout du verre cassé, et surtout, le laboratoire était couvert d'essence, dont les vapeurs auraient sans doute fait tourner de l'œil les deux hommes, s'ils n'avaient pas pensé à mettre des masques en coton sur leur visages.

Alors, Shadowdialer se tourna vers Li-Ziao.

"Dis-moi Jie, tu penses vraiment que l'on peut accepter ça ?"

"Je suis aussi déçu que toi Victor, mais... les ordres sont les ordres."

"C'était l'opportunité de notre vie Jie ! Nous aurions pu faire des choses que nous n'avions pu que rêver ! Nous serions rentré dans l'histoire !"

"Les ordres de N sont incontestables, et sont toujours dans le seul but de protéger l'humanité. Tu sais Victor, je pense que Talasa et nos supérieurs ont raison... Le monde n'était pas prêt pour de telles possibilités. Comme Einstein quand il a inventé la Bombe."

"Je me fous du monde Jie".

Sur ces mots, Shadowdialer frappa violemment Li-Ziao à l'arrière de la tête. Ce dernier s'effondra et perdit connaissance.

Li-Ziao se réveilla étourdi, il ne voyait rien, et entendait des sifflements. Il essaya de bouger, mais quelque chose retenait ses mains. En récupérant petit à petit du choc, il comprit qu'il était attaché à une chaise, et il était dans le noir. Enfin presque, un rai de lumière filtrait de sous une porte à sa gauche. Il essaya de bouger ses mains, mais le nœud était trop bien fait, trop serré. Alors il cria :