Mr Anderson

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Le Dévoreur attendait dans sa pièce, tournant en rond.

Le Faiseur de Larmes avait dit qu'il était guéri, qu'il allait bientôt le laisser partir, mais qu'il voulait d'abord lui offrir une proie. Il avait dit "demain". Le Dévoreur ne savait pas exactement à quoi correspondait "demain", mais il l'avait assimilé à "bientôt". Alors il avait attendu, puis dormi, puis attendu de nouveau. Et enfin, il s'était passé quelque chose.

L'un des murs de la pièce s'était ouvert, libérant un couloir plongé dans l'ombre. Le Dévoreur avait encore un peu attendu, avant de conclure qu'il devait y entrer. Il avança alors dans l'ombre. Cela ne le gênait pas, il voyait dans le noir. De toute façon, il n'y avait rien à voir dans ce couloir aux murs et au sol de pierre. Il continua donc à avancer. Finalement, il vit de la lumière au bout, et entendit des sons, des voix humaines. Il accéléra alors.

Le Faiseur de Larmes observait l'arène en compagnie de ses six servantes. C'était un espace circulaire d'une quinzaine de mètres, au sol de sable, et aux murs de pierre. Lui et ses servantes se tenaient dans des gradins, surélevés d'environ dix mètres par rapport au sol de l'arène.

"On est aux jeux du cirque ?", demanda Lila, sa servante la plus...impertinente.

"Presque, jeune fille. Jamais les romains n'ont vu de spectacle aussi impressionnant que celui que vous vous apprêtez à voir."

Avant qu'une des filles n'ait pu le questionner davantage, un bruit de cavalcade retentit du couloir de droite, et au bout de quelques secondes, le Dévoreur déboula dans l'arène. Il s'arrêta brutalement à l'aide de ses lames et se tourna vers le public réduit.

"Alors ?"

"Patiente une seconde", lui répondit Eldritch. Puis il se tourna vers ses servantes.

"Mesdemoiselles, pour ce combat, je vous offre côté droit le Dévoreur, cinq mètres soixante-dix, quatre bras, deux lames, près d'une tonne de fureur et de volonté meurtrière, et en plus il parle. Et côté gauche..."

Il fit un geste, et le mur s'ouvrit. Alors un râle de colère retentit, et une silhouette s'avança. Immédiatement, Elizabeth, la dernière des servantes ayant rejoint Eldritch, bondit en arrière. Elle avait déjà rencontré ce genre de créature. Vaguement humaine, avec de longs bras autour desquelles étaient enroulés des barbelés capables de s'animer comme s'ils étaient doués de vie. Mais cette créature était beaucoup plus grande et avait l'air beaucoup plus musclée que Mr Kent, qui avait failli la tuer.

"Je vous présente Mr Anderson", commenta Eldritch, "trois mètre dix, deux cent soixante kilos, immunité à tout types de poisons ou toxines, ce qui est nécessaire pour affronter le Dévoreur. Les barbelés de ses bras sont dans une sorte d'alliage métallique que j'ai créé, et dont trois centimètres d'épaisseur bloquerait une rafale de mitrailleuse à bout portant.

"Grand pour un humain... Et immunité au poison ?", remarqua le Dévoreur.

Toutes les filles sursautèrent. Elles savaient qu'il pouvait parler, comprendre, mais elles ne le pensaient pas capable d'analyser un discours.

"Ce n'est pas vraiment un humain... Et s'il ne résistait pas au poison, le faire t'affronter n'aurait aucun intérêt. Ah, et le métal sur ses bras est plus résistant que son armure."

"Je peux dévorer ce métal ?"

"Normalement oui."

Le Dévoreur se tourna vers son adversaire. Celui-ci le fixait de ses yeux vides, et n'avait pas l'air d'éprouver la moindre émotion. Le Dévoreur avait très rarement rencontré des adversaires qui n'avaient pas peur de lui ces derniers temps. Même les humains avec leurs armes n'avaient pas osé l'attaquer de près. En fait, l'absence de peur de la créature lui faisait penser au Faiseur de Larmes lui-même, et sans aller jusqu'à avoir peur, le Dévoreur se méfiait de son adversaire. Ce ne serait certainement pas une proie facile.

Le DévoreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant