Révélations

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Un mois a passé, le boulot a été intense mais j'ai réussi à me dégager du temps pour mes recherches, je deviens folle à ne rien trouver. J'ai perdu le nord un soir où Keith n'est pas là, je fonce chez Furbisher et l'attends planquée dans le noir.

Je sens que je suis en train de foutre ma vie en l'air, pile à l'instant où elle ressemblait enfin à quelque chose. Pourquoi a-t-il fallu que Fenella me dise ça ? Il ne me manquait pas grand-chose pour que j'apprenne à lâcher l'Affaire mais sa simple injonction à rentrer chez moi a tout anéanti.

Si ce soir tout flanche, Keith n'aura rien vu venir, nous avons été tellement proche l'un de l'autre ces quinze derniers jours que cela rend tout cela plus difficile. Dans une vie rêvée, je dirais sans honte qu'il est l'homme que j'attendais...

Mais ce soir j'attends un autre homme, et je ne sais pas ce que cela va donner.

J'entends les clefs tourner dans la serrure, Henry Furbisher entre et me voit assise sur l'une des deux chaises de sa cuisine.

— J'ai décommandé votre escorte girl.

Pour ne pas dire autre chose... Il fait appel à la même fille tous les mardis soir, je connais à présent sa vie par cœur. Je pose deux micros que j'ai désactivé sur la table.

— Vous étiez sur écoute...

Il ne dit rien et me dépasse, il ouvre un tiroir et en sort deux objets, une radio et un brouilleur, il allume la première à fond et dispose le suivant entre nous avant de s'assoir.

— Bonsoir Olivia. Je n'étais pas sur écoute, c'était mes propres micros. Je vous ai bien formé... Je n'ai rien entendu et les alarmes ne se sont pas déclenchées !

— J'ai des questions.

— J'aurais aimé que tu dépasses tout ça et ne les poses jamais.

— Je démissionnerais demain.

— Tu feras ce que tu veux.

Il se relève et mets de l'eau à chauffer, d'un geste désabusé, il montre la radio qui nous hurle dans les oreilles.

— Je déteste cette chanson.

— Je déteste ma vie.

— Ce n'est pas l'impression que tu donnes en ce moment.

— Pourquoi mon dossier est archivé ?

Mon chef me lance un regard étrange.

— C'est ce qui arrive quand nos témoins meurent...

— J'ai l'air mort ? Non parce que si le paradis ressemble à ça, j'ai des améliorations à proposer ! Par exemple mon taf ...

— Attention Lili, tu es sûre de vouloir savoir ?

— Oui ! Je dois rentrer.

Avec brusquerie, il dépose une tasse de thé devant moi. C'est la première fois qu'il m'appelle par mon vrai prénom. C'est comme si je redevenais un petit peu moi.

— J'étais en charge du dossier d'un homme d'affaire influent, il avait de nombreux détraqueurs à ses trousses, sa femme avait été assassinée dans d'horribles conditions. Il restait seul avec sa fille, il fallait les placer avant le procès.

— Ça c'est du résumé mais quel rapport avec moi ?

— Ecoute un peu. Nous l'avons placé hors du pays, il était trop connu ici. Il a vécu des années sous différentes couvertures, il a vécu en Finlande, en Russie puis aux Etats-Unis, il s'y est plu et sa couverture est petit à petit devenue plus importante que sa propre vie. Il a décidé envers et contre mes recommandations d'accepter un poste à responsabilité. Il est devenu ambassadeur ...

J'avais oublié ce que c'était que d'être aimée (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant