Je prends ma voiture et fonce chez Keith, j'ai acheté des fleurs au passage. Elles sont un peu miteuses à bien y regarder.
Je toque à la porte, fébrile ... ou est-ce encore le froid de l'Icebar qui me fait frissonner ?
— Un instant ? J'arrive !
Hein ?
C'est une voix de femme qui m'a répondu ... Et la porte s'ouvre sur le chat Potté alias Eugenia Victor. La rage me pique les yeux et me tord les boyaux, je suis là comme une conne devant elle, avec mes roses blanches défraichies et le coeur en miettes.
Elle est toute jolie en face de moi, elle porte une espèce de robe à motifs floraux. Soudain j'ai envie de pleurer. Si seulement j'étais le genre de fille qui mets des imprimés floraux je ne serais pas de ce côté de la porte...
— Oui ?
Elle attend que je parle mais je suis incapable de dire quoique-ce-soit.
Je lui tends le bouquet et recule.
— Vous ne seriez pas la copine de Calum ?
Une voix me parvient aux oreilles, c'est Keith.
— Qui c'est ?
— L'amie de ton frère.
Il y a un grand silence mais j'ai déjà fait demi-tour en lui faisant un signe de la main pour dire au revoir, elle me rattrape.
— Ne vous en allez pas, j'étais juste venu chercher des œufs, je repartais.
Je la regarde sans comprendre alors qu'elle se met à glousser.
— Je suis la voisine ! Vous avez cru que ... ?
— Il vous a invité à l'opéra.
— Ah oui, il me devait un service, c'est moi qui m'occupe de Clifton quand il s'en va.
Elle repart vers le perron voisin en gloussant encore alors que je me décide à rentrer à l'intérieur.
Keith m'attends les bras croisés dans sa cuisine.
— Je te fais à diner ou tu vas t'enfuir encore ?
C'est de bonne guerre, je prends une chaise et tente de bafouiller des excuses un peu plates.
— Je t'avais apporté des fleurs mais elles sont ... Je les ai donné à ta voisine. Je croyais que ...
— Oui bien sûr, tu croyais que je t'avais dis que je t'aimais et qu'une semaine après je m'étais consolé dans ses bras.
En me mordant les lèvres, je prends conscience de l'image piteuse que je dois donner et du peu de confiance que je lui accorde. Je pianote nerveusement avec mes doigts sur le bar de sa cuisine alors que Clifton me passe et repasse sous le nez.
— Pourquoi elle avait l'air de trouver ridicule l'idée que vous puissiez être ensemble ?
— Parce qu'elle est mariée avec un des joueurs de foot de l'équipe du Chelsea football club... Et tu verrais la bête, personne ne voudrait le mettre en colère.
Il continue de touiller sa casserole ou plutôt de passer ses nerfs dessus. Je ne sais pas ce que c'est mais je préfère que ce soit la mixture qui lui serve de défouloir plutôt que moi.
— Mais il ne va donc pas aimer qu'elle revienne avec un bouquet de fleur de chez toi ?
— Qu'est-ce que tu fiches ici ?
— Tu veux que je parte ?
—Visiblement ce que je veux ne t'as jamais soucié beaucoup. Alors je te le redemande, que fais-tu là ?
— Tu fais référence à ta table que je n'ai jamais voulu te laisser ?
— Hein ? Non, certainement pas, je n'ai jamais voulu que tu me laisses cette table seul puisque tu en parles.
— Si ! Il y a même ce jour où je suis venue alors que je t'avais dis le contraire, tu étais terriblement déçu que je sois là, tu croyais vraiment l'avoir pour toi tout seul.
— Tu te trompes.
Il me tourne le dos mais je vois qu'il s'est arrêté de massacrer son plat, il a posé ses deux mains du côté du plan de travail, la tête baissée.
— Ce jour là, je n'étais pas déçu que tu sois là au contraire, j'étais déçu de t'avoir manqué. Chaque jour, j'arrivais en avance pour profiter le plus longtemps de ta présence et cette fois là je m'en suis voulu d'arriver en retard. Tu n'as jamais remarqué que je venais tous les jours. Même en repos ?
— Si ... Mais je ne pensais pas que c'était pour moi... Si c'était le cas tu aurais fini par m'inviter à diner non ?
— Tu as été très longue à apprivoiser Cake. Ça se lisait sur toi que tu ne voulais pas qu'on t'approche.
— Tu faisais ça pour moi ?
— Bien sûr...
— ... Je suis tellement désolée de te rendre malheureux Keith.
Je me suis approchée de lui et j'ai posé ma tête contre son dos en l'enserrant avec mes mains. Il pose les siennes sur les miennes et les caresse doucement.
— La plupart du temps je suis heureux avec toi Cake. Je ne suis malheureux que quand tu me repousses !
— Pardonne-moi.
— Arrêtes tout simplement de le faire alors.
Nos respirations sont accordées l'une à l'autre.
— Je te promets d'essayer.
Avec une infinie tendresse, il se retourne et m'emprisonne dans ses bras puis me hisse sur le plan de travail et m'embrasse à perdre haleine.
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J'avais oublié ce que c'était que d'être aimée (TERMINÉ)
ChickLitJe suis plutôt du genre à être au mauvais endroit au mauvais moment. La preuve en est je suis passée de Lili à Olivia. De l'ado rebelle et révoltée à témoin sous surveillance, solitaire et déjantée. Aujourd'hui je vis - que dis-je ? - je tiens la ch...