Je me dirige vers mon café chéri et je repère Mac assis à sa table. Il est arrivé encore plus tôt que d'habitude, je vais encore devoir décaler mon réveil pour le devancer. Il m'aperçoit et son visage s'illumine, pas de plaisir, ça sent la connerie à plein nez, je vais avoir le droit à une vengeance bien méritée, je le sais.
Ses cheveux sont en bataille ce matin et sa tenue est décontractée, je devine qu'il est venu sur son jour de repos et j'appréhende d'autant plus les représailles, il faut que ce soit vraiment motivant pour qu'il ait sacrifié sa grasse matinée.
— Salut Cake, tu as faim ?
Je lorgne les macarons qu'il a déposés sur la table, ils ont l'air délicieux mais je ne me ferai pas avoir, je passe ma langue sur mes lèvres mais décline poliment.
— Alors, tu as passé une bonne journée hier ?
— Très agréable et toi ?
On échange quelques banalités, il fait exprès de ne rien dire sur ma bêtise de la veille, je bouillonne à échanger avec lui des platitudes quand tout à coup je perçois les éclats de voix de Justin, le jeune livreur.
— C'est quoi tes conneries David ! Tu te fous de moi ? J'ai été aux urgences. Je me barre de là, tu vas te trouver un autre livreur !
C'est très rare de les entendre s'engueuler ouvertement, d'habitude ils s'envoient des pics subtils et acerbes.
David revient en salle et me dépose ma tasse de chocolat, Mac l'interroge.
— Qu'est-ce qu'il lui arrive ?
— Il a cru qu'il était mourant quand il a vu qu'il pissait bleu et les médecins se sont foutus de lui.
Je détourne la tête et me mords les lèvres pour éviter de croiser le regard de l'un ou de l'autre mais je vois dans le reflet de la vitre les yeux de Mac qui sont plissés à force de se retenir de rire. Je décide de tenir plus longtemps que lui mais mes épaules me trahissent et tremblotent. David se met à rire et nous le suivons. Je remarque, quand enfin je m'arrête, que mon charmant emmerdeur a les larmes aux yeux à force d'avoir ri.
Ce n'est que quand il finit le dernier macaron que je comprends que c'était ça sa vengeance : me faire douter et ne rien manger de peur qu'il y en ait un de fourré au cafard ou autre chose.
J'adore ça pourtant, on n'en mange pas beaucoup ici, ça fait partie des choses qui me manquent. Ma mère aimait ça aussi. Mon sourire s'est figé, je tourne la tête, les souvenirs me reviennent en boomerang par moment. Je la revois essayant d'ingurgiter mes essais ratés de macarons destinés à lui faire plaisir, alors que mon père avait déjà perdu sa couronne dessus. Ils étaient si parfaits dans leurs rôles. Lui, le bougon solitaire et, elle, la petite femme pulpeuse et si tendre. Marie, ma petite sœur tenait d'elle alors que Luc et moi avions tout pris de notre père. On était touchant, je crois, comme famille, nous fonctionnions comme un clan, unis contre le monde extérieur.
Je me demande comment ce clan a survécu à mon départ et j'ai le cœur qui se serre un bref instant.
Je caresse le croquis de la boite du bout du doigt et feins d'admirer le dessin du macchiato de Mac mais il n'est pas dupe, il pose doucement sa main sur la mienne, la retourne et y dépose une petite boite avec un sourire doux.
Un deuxième assortiment de macarons. Les larmes emplissent mes yeux et je prends son cadeau contre mon cœur. Puis je reprends le dessus sur mes émotions et lui souris.
— Goût cafard et poubelle ?
— Tu ne le sauras qu'en les mangeant, c'est un peu comme les bonbons de bertie crochus.
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J'avais oublié ce que c'était que d'être aimée (TERMINÉ)
Literatura KobiecaJe suis plutôt du genre à être au mauvais endroit au mauvais moment. La preuve en est je suis passée de Lili à Olivia. De l'ado rebelle et révoltée à témoin sous surveillance, solitaire et déjantée. Aujourd'hui je vis - que dis-je ? - je tiens la ch...