Apocalypsya

XXII~RÉVÉLATION

L'air était tellement mordant que j'en avais presque du mal à respirer. Chaque bouffée d'oxygène que j'aspirais et qui ressortait formait un petit nuage blanc. Ça me rappelait de bons souvenirs, ce qui me fit presque oublier le froid glacial. Les premières neiges ne devraient pas tarder.

Arrivée devant la porte de chez Emma, je me mis à taper brusquement dessus. Sans réponse. Elle qui arrivait pourtant généralement à la seconde près. Je tapai un peu plus fort et avec un rythme plus accéléré. Toujours rien. Je me mis presque à hurler.
-Putain ouvre ! Ça caille !!
Quelques secondes passèrent quand un bruit de serrure parvint jusqu'à mes oreilles. La porte s'ouvrit et je ne mis pas longtemps avant d'entrer.
-Putain tu foutais quoi sérieux ?
Elle ne me répondit pas. Elle avait les bras croisés et le regard vide.
-Emma ?! L'interpellai-je.
J'avais pas vraiment envie de me taper un monologue.
-Em...
-Tu ne devrais pas être ici.
-Qu'est-ce que ...?
Elle ramena son regard au mien puis poursuivit;
-Si Andrew apprend que t'es sortie, surtout avec ses affaires, tu vas passer un sale quart d'heure.
-Si tu savais à quel point je m'en fous ! Je veux des explications, j'ai besoin d'explications !
Elle se détourna et se dirigea vers la cuisine, y pris une boîte de pilules puis vint s'assoir sur le canapé.
-Assieds toi, je vais tout te raconter.
Sans tarder, j'obéis à sa demande et commençais à l'écouter attentivement.
-Tu vois ça ?
Elle tenait la boîte de pilules face à moi en la faisant gesticuler de droite à gauche, puis reprit.
-Hé bien c'est pour ça...
Elle souleva le tissu de la jambe droite de son pantalon pour y laisser paraître une énorme cicatrice, plus ou moins jeune. Sa blessure prenait la moitié de son mollet et tibia. Vu ma surprise elle n'attendit pas de réponse de ma part et continua.
-Ce sont des calmants... j'ai eu cette blessure il y a presque un an. Le jour où je me suis blessée, Andrew n'était pas là... à l'époque, le jour où c'est arrivé, il vendait sa came à ses clients, comme à son habitude. J'ai eu un problème, j'étais dehors, j'ai fais la conne et j'me suis pris le pied dans un piège à ours. Andrew s'en est toujours voulu de ne pas avoir été là. Maintenant il veut absolument me protéger de tout et m'empêche presque de vivre librement.
Elle fit une pause et soupira.
-Je ne lui en veux pas de ne pas avoir été là... je lui en veux car il vendait de la drogue et en consommait pendant que j'étais à moitié en train de crever dans les hautes herbes, cachée de tous. Et je lui en veux parce qu'il continue. Il se permet de me faire des leçons de morales alors que lui même fait de la merde et alors qu'il a sous sa direction une centaine de personnes... Il est totalement immature. Il est violent et borné... Mais attendrissant et aimant. Il a un caractère plutôt étrange d'ailleurs, mais pas le bon pour protéger toutes ces personnes.
Elle balança la boîte de pilules à travers la pièce et allongea ses jambes sur la table tout en s'écrasant dans le canapé, et soupira à nouveau.
Je ne savais pas vraiment comment réagir, j'avais reçu beaucoup trop d'informations en un laps de temps très court... C'est horrible ce qu'il lui est arrivé... Et c'est affreux ce qu'Andrew fait...
Voyant que je n'arrivais pas à faire sortir un mot de ma bouche, elle reprit la parole.
-Donc pour que tu comprennes... Mon frère est un camé qui fait du mal en pensant bien faire...
Elle tourna la tête et soupira de plus belle.
-Emma Je ... Je suis désolée, je voulais pas te ...
-C'est pas un problème, c'était important que tu le saches...
-Merci en tout cas... De tout m'avoir déballé...
Elle me fit un sourire en coin puis reprit une mine paniquée.
-Tu devrais partir maintenant ... Andrew ne devrait pas tarder à se rendre compte de ton absence. Allez, debout !
Elle se leva et me tira par le bras puis me jeta carrément dehors.
-File, tu vas attraper froid sinon !
Elle ne me dit rien de plus et me ferma la porte au nez. Me retrouvant de nouveau seule dans le froid, je n'avais pas d'autre choix que de retourner à mon nouveau lieu de résidence.

De retour dans la grande chambre, je me dirigeais vers la salle de bain afin de retrouver la substance blanche que j'avais découverte. Avec une carte trouvée dans un tiroir, je transportais le peu de matière dans un petit récipient qui se trouvait au bord du lavabo. Une fois le tout rassemblé, j'étais déterminée à m'expliquer avec Andrew. J'emportai ma preuve et me dirigeai vers son bureau. En entrant, personne n'était là. Rien. Même pas ses affaires. Je décidai de poser mes précieuses preuves dans un coin et de me rendre à l'armurerie, dans le but de demander des nouvelles à Chris. Comme il contrôlait l'entrée et les sorties des armes, il était au courant de tout ce qui se faisait dans la légalité.

Arrivée là bas, personne non plus. C'était une blague ?
-Chris ! Criais-Je. Putain mais sérieux c'est quoi cette blague de mauvais goût?
TOULOUSE !
Un petit bonnet dépassa d'un mur un peu plus loin, c'était celui de Chris, enfin !
Je me dirigeai vers lui d'un pas ferme et décidé.
-Chris ! Où est Andrew ?
-Woaw calme toi, bonjour déjà.
Il s'essuya les mains avec un chiffon usagé et arqua un sourcil en ma direction.
-Oui pardon ... bonjour.
-Bien, pourquoi tu veux voir Andrew ? C'était pas censé être un dangereux psychopathe?
-Si... enfin non ! Bref ! Je dois savoir où il est. C'est important.
Chris se gratta la barbe, se donnant l'air de réfléchir.
-Il est sorti, il devrait être rentré d'ici ce soir. Tu vas devoir attendre encore un peu. Désolée Miss.
Je fronçai les sourcils de frustration. Mais qu'est-ce qu'il serait allé foutre dehors ?
-Merci quand même... Si tu as besoin d'aide n'hésite pas.
-Entendu.
Je repartis en prenant le même chemin mais en sens inverse.

De retour, je me mis à fouiller dans son bureau et découvris pas mal de choses; des capotes, du lubrifiant, des sangles de cuir, et pleins d'autres objets dont je ne connaissais même pas l'utilité... Ça me dégoûtait, et j'avais comme un mauvais pressentiment à ce propos...
En fouillant un peu plus, je découvris cette fois ci des boîtes vides, en vrac, ouvertes dans son bureau. Comme si le fait qu'elles soient vides l'avait mis en rogne. Ça devait sûrement être là qu' il rangeait sa came. Et il devait sûrement ne plus en avoir... d'où son absence à l'improviste.

La journée passa, la nuit tomba et toujours pas d'Andrew. J'étais tout de même inquiète. Un humain reste un humain même si c'est un salaud parfois. Même souvent. Puis virent passer un jour, deux jours, même trois. Beaucoup trop long pour un voyage qui ne devait être qu'un aller retour. Je pris donc la décision d'aller chez Emma. Après tout, c'était ma coéquipière.

Apres m'être acharnée sur la porte, elle m'ouvrit et dans un élan entre l'épuisement, l'hyper activité et la panique je lui balançais:

-Emma, on a un problème.