Apocalypsya

XXVII~SURPRISE

- Matt..
-Hum ?
-Merci...

Il y eut un long silence entre nous après ça. Je n'osais rien dire de plus et apparement lui aussi... Je ne comprenais pas vraiment son acte de gentillesse. Comme il me l'a dit, il peut se faire buter s'ils se rendent compte qu'il m'aide. Il pouvait très bien se servir de moi pour obtenir ce que son groupe voulait, mais j'avais confiance en lui, et même si je suis naïve de penser que tout se passera bien, je suis prête à lui confier ma vie s'il le faut. Matt est mon ami, depuis le début de cette merde, on a survécu ensemble... même si nous avons été séparés, parce qu'ils n'avaient pas vraiment le choix, le fait qu'il m'ait dit que je leur avais manqué a légèrement comblé ce vide en moi, même si le plus important ne pourra jamais l'être, puisque je ne pourrais jamais le revoir... Sans le vouloir je décélérai le pas et Matt prit de l'avance sur moi. Je me ressaisi sur le coup et rattrapai mon retard. Il est tout ce qui me reste d'avant... et je ne compte pas le perdre. Pas maintenant en tout cas.
Je voulais terriblement savoir ce qu'il s'était passé après notre séparation mais j'avais peur de demander, c'était trop tôt...

Matt interrompit le silence en me posant une question.
-Tu sais où se trouve ton groupe ?
Je réfléchis un instant et une terrible idée me traversa l'esprit.
-Matt... comment je peux être sûre que t'es pas une sorte d'agent double qui joue le mignon avec moi pour pouvoir bien me planter un coup de couteau dans le dos le moment opportun ?
Il baissa la tête, attristé par mon raisonnement, mais visiblement compréhensif face à ma façon de penser.
-Écoute, je sais que tu peux imaginer ça, c'est normal... je sors de nulle part, agissant comme si rien ne s'était jamais passé... mais je n'aurais pas mis ma vie en jeu si ce n'avait pas été toi. Je ne rigole pas, notre chef est un tordu... il tue comme il respire, fait régner la peur et véhicule la haine... c'est pas un bon gars, mais on s'est retrouvés comme des merdes après notre séparation, on l'a rencontré sans le vouloir et on a du se plier à ses exigences pour pouvoir survivre... d'ailleurs j'ai réussi à gagner sa confiance mais pour les autres, le temps d'adaptation n'a pas suffi et ça a causé des problèmes... beaucoup de problèmes...
Il soupira bruyamment.
- Écoute, je peux pas t'obliger à me faire confiance, mais je t'assure que je ne te mens pas.
Je ne savais pas vraiment quoi penser... Matt était mon ami... était-ce toujours le cas ?
-Écoute Matt... je sais pas ce qui se passe mais ...
Je marquai un temps d'arrêt et portai mon regard fuyant vers le sien.
-Pour je ne sais quelles raisons, je te fais confiance.
Un sourire vint fleurir sur ses lèvres.
-Mais n'oublie pas que j'ai failli crever comme une merde à cause de vous.
Il se calma et fit ce fameux sourire gêné que j'avais tant l'habitude de voir depuis le début de ma vie.

En voiture depuis quelques heures, je guidais Matt grâce à mes faibles souvenirs pour retrouver la route.  J'avais énormément de mal ! Jamais de ma vie ça n'avait été aussi compliqué de me concentrer, même pas les jours d'examens après une courte nuit à cause de mes foutues insomnies.
Matt commençait à s'énerver et grommela. Puis il se pencha vers moi et ouvrit la boite à gant pour y farfouiller. Il en sortit brusquement une carte routière tout en faisant tomber un tas de petits trucs qu'il me laissa le plaisir de ramasser.
-Tu pense t'en sortir avec ça ? Grogna-t'il presque.
-O-oui... je devrais, dis-je complètement désemparée.
-Bien.
Il reprit le volant entre ses deux mains en le serrant si fort qu'il fit apparaître ses veines et ses ligaments, tandis que ses jointures se mirent à blanchir. Il réprimait une colère incroyable, alors qu'il y a quelques heures il était adorable...
Il se rendit compte de mon trouble et prit la parole.
-Je suis désolé, je suis en train de stresser à cause de ce que je suis en train de faire ... Putain Lissa j'vais me faire tuer !
Il soupira.
-Ça peut paraître stupide mais ... j'ai toujours voulu avoir une famille, des enfants ... et le fait d'imaginer que je ne pourrais certainement jamais en avoir me rend malade...
-Toi ? Matt, tu rêves d'avoir une famille ?
Il parut gêné.
-Hum ... ouais ... sous mes airs de caïd, complément stupide et avide de haine, de peur, de tristesse, je suis pas comme ça ... j'ai juste peur de la vie et je pensais qu'en me rangeant du côté des méchants j'avais plus de chances de survivre... que ce soit à l'époque à l'université ou bien maintenant ... En réalité j'suis qu'un lâche et je suis mort de peur...
Il eut un rire nerveux.
-Je suis désolé, je dois te paraître encore plus misérable maintenant...
Un doux sourire naissant sur mes lèvres, je le voyais différemment maintenant, et la plupart des préjugés que j'avais sur lui disparaissaient. Sans réfléchir, je me penchai vers lui et déposai un léger baiser sur sa joue. Il devint aussitôt rouge.
-Désolée si je t'ai mis mal à l'aise, je pouvais pas t'enlacer sinon on aurait eu un accident.
-Non ! Ne t'en fais pas je suis juste surpris ! Personne ne m'avait jamais fait ça. Me dit-il déboussolé.
C'était plutôt amusant de le voir réagir comme ça.
Le reste du voyage fut plutôt silencieux. La neige commençait à tomber, d'abord doucement puis de plus en plus violemment. Et peu à peu une couche de neige se créa.
Le regard de Matt était inquiet, il s'avait que s'il neigeait de trop, nous serions sacrément embêtés. Mais heureusement pour nous, nous n'étions plus très loin de mon camp.

Une bonne grosse demi-heure plus tard, nous apercevions l'entrée du camp. Nous y étions ! Matt arrêta la voiture et je ne pus m'empresser de courir vers le camp, manquant de me ramasser sur le sol. J'approchais, heureuse de les revoir, quand soudain, dans la lueur sombre du crépuscule, je vis le regard grave d'Emma face à trois silhouettes. Une d'entre elles appartenait à Andrew et était fermement tenue par un homme armé...
Je m'approchais quand soudain mon regard croisa celui d'Emma qui ne put s'empêcher de sourire. J'étais si soulagée qu'il ne lui soit rien arrivé.
Les hommes se retournèrent et lorsque que je les vis, je crus que mon cœur allait s'arrêter ... ce n'était pas possible ...
La seule chose qui parvint à sortir de ma bouche fût:
-Y-Yami...