XXIII~ALTERCATION

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-"Emma, on a un problème"
Ses sourcils se froncèrent et elle plongea son regard interrogateur dans le mien.
-C'est Andrew... Encore...
Une lueur d'angoisse apparut dans son regard, mais sur son visage, ce sont des traits de colère qui dominaient.
-Qu'est-ce qui se passe ?
-Il n'est plus là et... dans son bureau c'était le bordel et ça fait plusieurs jours qu'il a disparu. Je crois que c'est à cause de ses... "problèmes".
Elle soupira et secoua la tête de gauche à droite puis exerça une pression sur ses lèvres.
-Mais dans quoi il s'est encore foutu c'est pas possible... Qu'est-ce que tu comptes faire ?
-Je sais pas ! Sortir, aller le chercher !
-Bien sûr, pour manquer de te faire bouffer une fois de plus et réouvrir ta plaie ?
-Comment tu...
-C'est inconcevable.
-C'est ton frère !
-ET C'EST NOS VIES. On ne sait même pas où il est parti... Je sais pas quoi faire Lissa, mais je veux pas te perdre pour les conneries de mon frère, je suis désolée..
-Et si on y va en groupe ? Et pendant la journée ? Ça devrait le faire !
Son visage prit une expression triste et désespérée.
-Je sais pas c'est ...
-Emma, même si c'est un connard parfois, même si il a fait énormément d'erreurs, au fond c'est quelqu'un de bien, je peux pas l'abandonner et je sais que toi non plus.
Elle soupira puis leva son regard jusqu'au mien.
-Ok. Mais en groupe, sinon on est foutues. J'arriverais pas à assurer comme d'habitude cette fois-ci.
-Ok.
Je lui fis un sourire forcé.
Elle n'était pas comme d'habitude. Même en ayant une certaine rancune envers Andrew, elle avait toujours ce fond protecteur pour lui, fond protecteur qui semblait avoir disparu. La fois de trop où il l'avait déçue ? Je ne savais pas, mais il fallait aller chercher ce crétin.

Après avoir longuement discuté pendant une réunion avec les survivants du camp -sans parler de la véritable disparition d'Andrew- nous avions choisi qui partirait avec nous. Bien évidemment Chris allait nous accompagner, impossible que ce cher Toulouse ne vienne pas se mettre dans la merde en notre compagnie. Un autre garçon avait lui aussi eu le courage de se porter volontaire. Je crois que son nom était Logan. Il était grand, le regard ténébreux et toujours avec une clope au bec. Des muscles saillants et une mâchoire qui tressautait presque continuellement. Elle était recouverte par sa légère barbe aussi sombre que ses cheveux qui s'écoulaient sur son visage, créant de légères ondulations qui adoucissaient sont air strict. Sa voix était rauque et chaude mais glaciale à la fois. Le genre de voix à ne faire faire qu'un tour à votre sang lorsqu'elle s'élève.

Nous avons fait les sacs et rassemblé tout ce dont nous allions avoir besoin, puis nous sommes partis au petit matin. Il pleuvait. Si nous comptions sur la présence d'éventuelles traces, c'était foutu ! La chance était avec nous...
Bizarrement, l'ambiance était pesante, personne ne parlait et ça en devenait dérangeant à la longue.

Au bout de quelques heures, nous avons aperçu de la fumée. De la fumée blanche, donc, un feu récemment éteint. Nous nous sommes dirigés vers l'origine de celle-ci, toujours dans un silence mortuaire avec pour seul son celui des branches et des feuilles qui craquaient sous nos pieds. Puis, sans rien comprendre, un bruit déchira le silence:
-VOUS ÊTES QUI ? LES MAINS EN ÉVIDENCE ! BOUGEZ VOUS !
N'étant pas en position de force, nous avons obéi.
-Du calme, on cherche pas les emmerdes... souffla Chris.
-FERME TA GUEULE !
Logan grogna.
-Un problème le gothique ?
-Ferme là toi tu veux ? Lui balança Logan.
-PARLE MOI AUTREMENT, C'EST MOI QUI AIT LE FLINGUE SALE CON.
Les lèvres de Logan s'étirèrent doucement pour former un sourire narquois. Il est taré ? Ou alors suicidaire, je sais pas.
-Qu'est-ce qui te faire rire, connard.
-Oh rien, c'est juste qu'avec tout le bruit que tu fais, les crevés vont pas tarder à arriver pour te bouffer le cul.
L'homme visé fut tellement énervé qu'il frappa Logan au visage, ce qui le fit saigner violemment.
-C'est pour toi qu'ils viendront.
Logan se mit à rire frénétiquement. Personne ne comprenait, pas même Chris ni moi.
-Putain mais il est taré, on fait quoi chef ? Demanda l'homme qui se prenait la tête avec Logan depuis le début.
Ledit chef nous considéra puis s'adressa à nous sans même répondre à la question du plus jeune. Il l'ignora royalement, ce qui le fit grimacer davantage.
-Qu'est-ce que vous faites ici ?
- On pourrait vous poser la ... Logan se fit brusquement stopper par Chris qui continua à sa place pour limiter les dégâts.
-On cherche quelqu'un.
-Oh vraiment ?
-Oui.
Le chef tourna son regard vers Emma et moi puis eu un sourire malsain aux lèvres.
-Elles c'est pour les amusements ?
NON MAIS JE RÊVE ! J'eus du mal à ravaler ma colère. Le chef le remarqua et vint braquer son arme sur ma joue.
-Un problème ma jolie ?
Il la poussa, m'obligeant à répondre.
-Aucun. Lui répondis-je froidement.
Il m'attrapa violemment par la mâchoire et regarda mon visage de droite à gauche, me traitant comme une vulgaire marchandise, puis la relâcha brusquement tout en posant un regard de désir et de possession sur moi et Emma.
-Mouais, j'aime les gonzesses qui ont une grande gueule. Dit-il tout en me regardant droit dans les yeux avec cette malice dissimulée.
Je ne pus m'empêcher de le fusiller du regard avant que les garçons n'interviennent.
-Lâchez-la, S'exclama Chris.
-C'est lamentable, vous faites pitié, renchérit Logan.
-Dois-je rappeler qui se trouve au niveau de ma bite ? Et votre autre copine là, elle est muette ? Aboya le chef.
Emma était ailleurs, elle ne prêtait pas attention à ce qui se passait autour d'elle. Elle nous avait carrément quittés, ce qui dérangeait le chef. Il finit par faire abstraction de son absence et reprit.
-Bon, même si vous avez l'air d'être une sacré bande de merdes, vous n'avez pas l'air d'être une menace, sinon vous auriez déjà essayé de nous buter. Alors on va simplement s'en aller et vous laisser tranquilles.
Ils commencèrent à partir quand je ne pus m'empêcher d'ouvrir ma «grande gueule».
-Attendez ! Vous savez s'il y a un camp près d'ici ? On vous a dit qu'on cherchait quelqu'un.
Le présumé chef se retourna en arquant un sourcil puis un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres.
-Qu'est-ce que je gagne à vous aider ?
-Rien, soufflais-je.
-Bien.
L'homme tourna les talons et reprit sa route suivit de ses sbires. Puis se stoppa net. Il ne se retourna pas mais on pouvait deviner cet affreux sourire sur ses lèvres. Il fit un signe de mains à ses hommes puis ils affluèrent à toute vitesse sur nous.
-Tu sais quoi ma mignonne, on va s'amuser un peu, tu vas voir, je crois que tu vas nous être utile.
Il rit puis soudain, plus rien, le black out. Ils nous avaient assommés avec leurs lourdes armes.
Dans les vapes, je ne pus entendre qu'une bribe de phrase:
«Emmenez-la dans la bagnole, maintenant !»
Et merde !

ApocalypsyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant