XXV~PRISE D'OTAGE

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Les liens terriblement serrés, il était impossible pour moi de bouger. Le sol était sale et humide et cette humidité commençait à me déranger. Ma peau frissonnait au contact de l'air glacial. Les heures passaient et pendant ce temps je cherchais désespérément un moyen de me faire la malle. J'avais pour seule compagnie les insectes qui cherchaient de quoi survivre, un peu comme tout le monde en ce moment.

Les jours passèrent, je ne saurais dire combien, j'avais complètement perdu la notion du temps. J'étais affamée, assoiffée, fatiguée et en plus de ça ma plaie s'était infectée. Jamais depuis le début de cette merde mondiale je ne m'étais retrouvée dans un état pareil, même pas la fois où je m'étais écroulée dans la maison de la scierie. Mes poignets étaient ankylosés et des marques rouges et mauves se dessinaient le long des liens qui me maintenaient prisonnière. Mes mains étant attachées dans mon dos, je ne pouvais pas vraiment m'assoir par terre. Je ne pouvais pas relâcher la pression, c'était épuisant. J'étais désespérée. Je n'avais plus foi en l'Homme, ni en rien. Si ça se trouve mon destin est de crever ici, seule... Ou bien de finir violée et bouffée par ces morts. Je ne sais pas. Je suis tellement naïve, moi qui pensait retrouver Yami pour enfin lui avouer ce que je ressens... Il n'est plus là et je n'arrive pas à l'accepter, il me manque, je n'arrive plus à tenir... c'est égoïste mais je n'ai même pas pu lui dire adieu... Et oui, moi qui pensait pouvoir sauver Andrew de cette addiction, me faire des amis comme si le monde n'avait jamais changé, alors qu'au fond de moi je savais que c'était impossible. Vivre une vie paisible avec les personnes qu'on aime ? C'est impossible, plus maintenant. Des larmes rebelles se mirent à couler le long de mes joues salies et pâlies par le manque de ressources de mon corps.

Après un lapse de temps, long ou court je ne pourrais vous le dire, l'unique porte de la pièce s'ouvrit. Une silhouette apparue à contre jour; il m'étais impossible de discerner son visage. Une voix grave et autoritaire s'éleva:
-Alors tu t'es bien amusée sans moi ?
L'homme se mit à rire. Pitié pas lui !
-Mais oui tu m'as bien reconnu, pas besoin de faire cette tête ma jolie. T'as un programme bien chargé, j'espère que tu pètes la forme.
Il se baissa pour se retrouver à mon niveau et m'arracha mon bâillon. Je ne sentais plus ma mâchoire. Par réflexe je me mis à faire des mouvements de mastications pour m'assurer que tout fonctionnait encore.
L'homme amusé par la situation, une fois de plus se mit à ricaner en me regardant avec mépris.
-Quel est ton nom misérable chose ?
Je le dévisageai comme jamais auparavant, pourquoi il voudrait savoir mon nom ?!
-Je t'ai posé une question. Grogna t-il.
-Lison, mon nom est Lison.
-Tu mens.
-Non!
-De toute évidence tu es bien plus maligne qu'Andrew, à ne pas vouloir donner ton véritable nom. Maintenant dis-le moi.
Je soupirai, péniblement agacée par son entêtement.
-Lissa... je m'appelle Lissa.
-Bien, l'honnêteté est primordiale.
-Pardon ? 
-Je te connais, très bien même, Andrew nous a beaucoup parlé de toi.
-Mais qu'est-ce tu racontes c'est quoi ces conneries ?!
J'essayais de me débattre ce qui augmenta ma douleur. L'homme se mit à ricaner, l'air satisfait. La terreur qu'il pouvait lire dans mes yeux le faisait bander. Quel taré! Sans rien ajouter, il détacha mes liens et se leva en m'entraînant avec lui.
-Tu auras bientôt des réponses.
Il m'entraîna hors de la pièce en me poussant par le dos.

Il m'emmena dans un grand bâtiment barricadé au niveau des portes et des fenêtres avec de grandes planches de bois et des clous. Ce bâtiment était le seul alimenté en l'électricité, d'après ce que j'avais vu. Comment faisaient-ils ? Un générateur externe ? Peu importe, je ne savais pas où il m'emmenait et j'appréhendais ce qui allait se passer. Après avoir passé plusieurs couloirs et descendu un étage, nous nous sommes retrouvés dans une grande salle avec des bancs en bois usés, disposés comme dans une cathédrale ou bien une église. Trois hommes se trouvaient au bout de l'allée. La carrure d'un des leurs m'était étrangement familière mais je ne pouvais pas bien la voir, il était trop loin, à moitié dans la pénombre et j'étais exténuée, impossible donc de correctement distinguer chaque détail.
-C'est elle ?
Balança un des hommes face à nous.
-En chair et en os.
-Parfait. Rapproche-la.
L'homme se trouvant derrière moi me poussa brusquement ce qui me fit m'écrouler au sol pitoyablement. Visage au sol et mains liées je ne pouvais pas me relever, je n'en avais surtout pas la force.
-Relève-la. Demanda l'homme qui semblait dominer.
Mon ravisseur me tira par les cheveux m'obligeant à me tenir sur mes genoux.
-Aïe !
-La ferme !
Je retîns un grognement. Je n'avais pas la moindre force, mentale ou physique pour m'engager sur cette voie.
Un des homme s'avança vers moi, mains dans les poches et commença à parler de sa voix grave.
-Tu sais pourquoi tu es là, Lissa ?
-Non...
L'homme sembla soudain très agacé.
-Ton petit ami nous doit un paquet de ressources, vois-tu ça fait un moment qu'il nous prend d'la coke en promettant de nous rembourser, sans jamais le faire. On commence à en avoir ras-le-cul tu comprends, la dernière fois qu'il est venu il nous a supplié une fois de plus de l'approvisionner, sans rien en retour bien sûr. Nous avons refusé, c'était la fois de trop. Ça a dégénéré, il a tué un de nos gars et a foutu la merde ici. Il s'est tiré avant qu'on s'occupe de lui, depuis plusieurs de nos gars le cherchent, mais il s'est mystérieusement volatilisé. On vous a trouvé toi et ta bande mais vous ne nous étiez d'aucune utilité, sauf toi puisque tu es sa copine, ou je ne sais quoi.
Il marqua une pause.
-On veut savoir où il est.
Je ne comprend pas ! Sa copine, de la coke, un mort ?! Mais putain Andrew ! Voyant que je ne répondais pas, l'homme s'énerva.
-Où. Est. T'Il ?
Il marqua bien chaque mot par un temps d'arrêt.
-Je ne sais pas, je vous jure, je n'étais même pas au courant de cette histoire.
Le ton de ma voix était suppliant.
-TU MENS ! Je me fiche que tu veuilles le protéger, j'aurais ce que je veux, peu importe comment je dois l'obtenir.
Il me frappa et ma joue rejoignit à nouveau le sol, et je ne sais pas si c'est la peur, l'épuisement, la faim, ou ma blessure mais ce choc me fit perdre conscience.
-Et merde, emmène-la en haut.

ApocalypsyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant