Apocalypsya

XIX~DEAL

Nous étions retournées dans la voiture et parties à toute vitesse de cet endroit.
J'étais encore sous le choc, je ne pourrais pas dire combien de temps nous avons roulés mais les minutes me paraissaient interminables. Je n'arrivais pas à comprendre ce qui venait de ce passer. C'était impossible qu'il soit mort... Et les autres aussi. Je ne pouvais tout simplement pas l'accepter, je n'y arrivais pas. J'avais terriblement mal au ventre et je pleurais comme jamais auparavant. J'avais envie d'exploser, de tout extérioriser, de crier jusqu'à ne plus en avoir de voix, de pleurer jusqu'à ne plus le pouvoir, et j'avais surtout envie de mourir, de me laisser mourir. À quoi bon vivre quand nos proches meurent alors qu'ils ne devraient pas... Pourquoi lutter ? Pour souffrir ? Dans ce cas pourquoi ne pas arranger tout le monde et disparaître, comme les autres ...?
Après un long ou court moment, je ne sais pas vraiment, Emma brisa ce silence pesant.
-Bon sang, qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qui t'as foutue dans un état pareil ?! On a bien failli y laisser notre peau !
Je reniflai et ravalai un sanglot avant de lui répondre de la façon la plus morte possible sans même le vouloir.
-Yami ...
Elle ne comprenait pas, comme si au fond d'elle, elle ne voulait pas comprendre, alors je continuai:
-Je crois bien qu'il faisait parti des morts...
Elle écarquilla grand les yeux puis fronça ses sourcils, créant une émotion de tristesse sur son visage.
-Comment peux-tu être sûre que c'était lui ? Tu as vu son visage ?
- Non mais j'en suis presque sûre... Son t-shirt était couvert de sang et déchiré, et un peu plus loin avec une traînée de sang... un cadavre complètement bouffé et défiguré... c'est possible qu'ils l'aient abandonné si il était blessé.. tout comme ils l'ont fait avec moi... bordel Yami pardonne moi...
Des larmes recommencèrent à couler à flots sur mon visage.
-Merde Lissa ... Je suis vraiment ... Désolée.
J'entendis ses paroles mais n'eus point la force de lui répondre. J'étais complément perdue dans mes songes et mes pensées noires. C'était tout bonnement irréaliste pour moi.

Emma ne chercha pas à me parler, et se contentait de conduire du mieux qu'elle le pouvait dans une obscurité presque totale. Des morts défilaient sous nos yeux, comme si le mouvement de panique au Pentagone les avaient attirés. C'était une situation stressante mais très honnêtement j'en avais rien à faire maintenant...

Le cadran de la voiture indiquait qu'il était 6h21. Il nous restait quelques heures avant d'enfin pouvoir rentrer au campement. On allait se faire passer un sacré savon pour être sorties sans permission et surtout pour rentrer dans un état pareil. Notre seul point positif c'était qu'on avait ramené du matos; c'est la seule chose qui pouvait un peu nous sauver la mise.

Arrivées au campement, Emma nous fit rentrer par la porte principale cette fois-ci.
-Pourquoi on passe par là ? Lui demandais-je.
-On a des sacs lourds, et je crois pas que tu sois vraiment en état de pouvoir marcher autant avec une telle charge sur les épaules. De toute façon on est cramées, ils ont dû remarquer notre absence donc tant qu'à faire...
-Je vois... Merci de pas m'avoir laissée en plan tout à l'heure...
-Bah attend c'est normal ! T'es mon amie ! Jamais je pourrais te laisser comme ça.
Je lui fit un léger sourire mélangé à une expression faciale de tristesse, elle me le rendit aussi. Je ne pus m'empêcher de l'étreindre de toutes les forces. Je sais vraiment pas ce que j'aurais fais si elle n'avait pas été là...

Les gardiens nous firent entrer, Et aussitôt Andrew se fit informer de notre arrivée. Il nous rejoignit, toujours dans son élan classe et distingué. Il avait l'air furax. Il avançait déterminé et fugace, à en faire presque peur. Les graviers tremblaient sous son pas lourd et les rares personnes présentent s'écartaient de son passage.
-Andrew on est...
Il nous hurla dessus.
-JE VEUX RIEN SAVOIR, LISSA DANS MON BUREAU, EMMA J'AI DEUX TROIS PETITES CHOSES À TE DIRE!
-Mais ...
-DANS. LE. BUREAU.
Emma n'insista pas plus et me fit un signe pour me demander d'aller dans le bureau. Je lâchai le sac et me rendis vers le lieu demandé. En marchant j'entendais la voix grave et énervée d'Andrew et celle d'Emma qui montait avec celle du chef. Tout ça c'était de ma faute... Je n'aurais jamais dû... Je suis tellement conne. Je me porterai garante de l'entière punition.

Ayant atteint le bureau, je regardais par la fenêtre et vit qu'Emma et Andrew s'engueulaient toujours. Au bout d'un moment elle jeta les sacs, pointa Andrew du doigt tout en touchant son abdomen et s'en alla à toute vitesse. Sans perdre de temps Andrew ordonna à quelqu'un de les ranger et d'examiner leur contenu. Après cela, il se tourna vers la mairie et croisa mon regard à travers la fenêtre. Celui-ci me fit un électro-choc, j'avais peur de m'entretenir avec lui. Il me glaçait le sang. Lorsqu'il entra dans la pièce il claqua la porte et se dirigea vers moi. Il avait la mâchoire serrée, les poings fermés, les traits du visages durs et effrayants... ça allait être ma fête. Il s'approcha de moi, me regarda de haut, la respiration forte. On aurait dit qu'il se retenait de me frapper.
-Est-ce que, tu as idée, de la connerie que vous venez de faire ? EST-CE QUE TU EN AS CONSCIENCE ?!
Il frappa du poing sur la table et enchaîna.
-Emma est la seule qui me reste, et même si elle m'agace, je ne me permettrais pas de la perdre. Et toi ... toi ... T'ES STUPIDE ?! Sortir pour un garçon qui est mort alors que je suis là...
Pendant un court instant ses traits se détendirent et il me caressa la joue du revers de ses doigts.
-Pourquoi ...? Je peux te donner tout ce que tu veux ... ALORS POURQUOI ?!
Il redevint violent et shoota dans la poubelle puis se dirigea vers la fenêtre et perdit son regard dans le vide.
-Je ...
Il me coupa.
-Je ne veux rien entendre de toi, soit tu te laisses faire, soit tu subis maintenant. C'est toi qui vois. Tu m'appartiendras, tu seras ma chose, que tu le veuilles ou non. Mais quoi qu'il arrive je promets de te donner ce dont tu as besoin, de t'offrir ce qui te fait plaisir, et d'assouvir tous tes désirs... si en échange, tu assouvis les miens. Le deal est simple, tu m'appartiens et je te protège. Et en plus de ça tu n'embarque plus ma sœur dans ce genre de choses.
Sa sœur ? Un deal ? Ses désirs ?! Trop de choses en même temps, je ne comprenais plus rien ! Mais je ne sais pourquoi, au fond de moi quelque chose me poussait à accepter, après tout, je n'avais plus rien à perdre. Et si j'acceptais, tout allait en ma faveur...
-Andrew...
Il me regarda droit dans les yeux et je fis de même.
-J'accepte.