XXVI~ÉCHAPPEMENT

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Je me suis réveillée accrochée à un lit, avec encore une fois des cordes liées autour de mes poignets ankylosés. Étant allongée, mon corps pouvait relâcher toute pression -ou presque- mais j'étais également en position d'infériorité. Un homme se trouvait dos à moi, il regardait par la fenêtre et n'avait pas connaissance de mon réveil. Une grosse montre entourait son poignet gauche et il avait les cheveux bruns coupés courts. Il portait un sweat noir assez abîmé, manches remontées. De nombreux tatouages décoraient sa peau le long de ses avant bras et sûrement le haut de ses bras aussi. Il n'y avait que nous. Seuls dans cette pièce principalement vide avec une cheminée éteinte, des tables de chevets de chaque côté du lit et un vieux tapis au sol. Il y avait également une commode en face du lit, avec à côté d'elle un fauteuil en cuir assez usé lui aussi. Un verre d'eau se trouvait sur la commode à côté du mystérieux homme qui se trouvait avec moi. Sans le vouloir je trahis ma présence en remuant un peu trop violemment, ce qui le fit réagir. Sans se retourner il me lança:
-Alors enfin réveillée ?
Je ne répondis pas.
-Tu ne veux pas me faire la conversation, pas de problème... Je connais quelqu'un avec qui tu auras envie de la faire.
Il eut un rire agacé et quitta la pièce. J'étais cette fois-ci vraiment seule, mais cette solitude ne dura pas. Un nouvel homme entra dans la pièce. Non... Ça ne peut pas être lui ...!
-Lissa...
-MATT ?!
Je n'en croyais pas mes yeux ! Matt? C'était vraiment lui ?! Il s'approcha de moi le pas lent et assuré.
-Ne t'approche pas !
Je tendis mon pied pour l'empêcher de faire un pas de plus, mais ceci ne l'empêcha pas de continuer sur sa lancée.
-Enfin ne fais pas l'idiote.
Il poussa mon pied et l'écrasa contre le matelas sans difficulté.
-Ne réagis pas comme ça, si je n'avais pas convaincu le chef de ton utilité tu serais certainement en train d'agoniser.
Il caressa le bandage qui recouvrait ma plaie puis fit glisser ses doigts le long de mon ventre.
-Tu nous as manqué tu sais.
-Nous ? Les autres sont ici ?!
Son regard s'assombrit puis il soupira.
-Non.
-Est-ce que Yami est ici...?
-Je t'ai dis non.
Une sensation de peine m'envahit brutalement et cette boule que je connais si bien apparut à nouveau au milieu de ma gorge. Je connaissais sa réponse mais le fait de l'entendre me brisais. Ma respiration devint rapidement saccadée et des larmes menaçaient de couler le long de mon visage. Mais je me retins.
-Écoute Lissa, je ne suis pas ton ennemi, je veux juste que les choses avancent, et je ne veux plus te voir attachée dans ce lit, bien que cette vision soit plaisante.
-Je te demande pardon ?!
Il rit, l'air moqueur.
-Je te fais marcher. Par contre je suis très sérieux, où est Andrew, je te promet qu'on ne lui fera rien de mal.
-Tu te fous de ma gueule ? Ton chef avait l'air sacrément remonté contre lui. Et puis même, je ne sais pas où il est.
-Lissa...
-Matt je t'assure ! Si tes gars nous ont chopés c'est justement parce qu'on était dehors pour le retrouver ! Il a disparu.
-Depuis combien de temps ?
-Je ne sais pas, Matt, je ne sais pas combien de temps je suis restée dans ce coffre, combien de temps je suis restée dans l'autre pièce répugnante et combien de temps ici alors je ne pourrais pas te dire.
Il grogna silencieusement.
-Bon, dans ce cas, depuis combien de temps avait-il disparu pour que vous preniez l'initiative de partir à sa recherche ?
-Environ quatre jours.
-Bien, donc il était déjà passé ici.
-Il est venu ?!
-Oui.
J'étais terriblement confuse, cette histoire était plus compliquée que je le pensais, et comme la reine des connes je m'étais fourrée dedans jusqu'au cou.
-Tu es au courant d'autre chose ?
-Je suis désolée mais non.
-Tu as soif ?
Il se dirigea vers la commode et attrapa le verre d'eau puis vint me le proposer.
J'hésitai un instant mais j'étais vraiment assoiffée.
-Mmmh.
Il s'approcha de moi et souleva ma tête à l'aide de sa main droite et vint coller le verre à mes lèvres avec sa main gauche, puis, doucement il versa le liquide dans ma gorge. Après avoir vidé le récipient, il replaça une mèche rebelle derrière mon oreille, tout comme Yami l'avait fait avant notre séparation. Ce contact me fit frissonner rien qu'à l'idée que ça puisse être Yami qui me fit ce geste si anodin... J'étais mortifiée...
-Je suis désolé Lissa..
-De quoi tu parles ?
Je le regardais d'un air incompréhensif, puis soudain mes paupières se firent lourdes. Très lourdes, je le vis s'éloigner, reculant face à moi. Puis soudain plus rien, le noir.

En me réveillant je n'étais plus attachée et un mot se trouvait sur la commode. J'eus un réflexe violent puis je me fis tourner les poignets. Ils étaient mauves et ça me faisait un mal de chien. J'étais pieds nus et en culotte et débardeur, peut être une folle idée pour m'empêcher de fuir. L'idée que l'une de ces brutes m'ait touchée pour me retirer mes vêtements me donnait des nausées. Je pris appui sur mes mains délicatement pour me lever et me rendre jusqu'à la commode. Du coin de l'œil je regardais le papier et par la fenêtre je vis Matt, le psychopathe et le «Chef » parler ensemble. Matt semblait inquiet, le psychopathe lui était impassible. Quant au chef, il était en pétards. Matt jetait des coups d'œil furtifs à la fenêtre. Il semblait vraiment préoccupé. Mon regard se détourna et vint se poser sur le papier. Un mot était écrit grossièrement dessus.
«Tes fringues sont dans la pièce d'à côté, prend aussi le sweat que je t'ai laissé tu vas en avoir besoin, fais attention en sortant, je veux que tu me retrouve derrière le bâtiment dès que tu seras réveillée. Un garde est posté devant la porte principale, je te conseille donc de prendre par derrière. Tu trouveras les cuisines. La porte de derrière sera ouverte. Fais attention au cuisinier, sois prudente. -Matt »
Dites moi que c'est une blague !
Je ramassai le papier et le glissai dans mon soutien gorge, puis me rendis vers la porte sur la pointe des pieds. En ouvrant je ne vis personne. La porte de la pièce d'en face était entrouverte. Je fis tout ce que Matt m'avais demandé de faire dans son message. J'avais une confiance aveugle en lui, alors qu'il m'avait abandonnée quelques semaines auparavant.
Par chance les escaliers étaient recouverts d'un tapis ce qui étouffa le bruit de mes pas. Arrivée aux cuisine je ne vis personne, quand soudain la porte de derrière s'ouvrit brusquement. J'eus juste le temps de me jeter à terre pour me cacher derrière les plans de travail. Il était en face de moi en train de couper ces putains de carottes... tu pouvais pas faire ça un autre moment ? Je n'avais pas beaucoup d'options, si je faisais un bruit pour le divertir je pouvais me faire repérer ou bien attirer l'attention du garde ce qui n'était pas forcément une bonne chose. Je pouvais le tuer aussi, facilement, mais ... ce pauvre homme n'a rien demandé et je ne suis pas une tueuse, de plus ça attirerait aussi l'attention du garde.

J'attendais depuis un petit moment maintenant. Il avait foutu ses carottes dans de l'eau bouillante. J'avais pas le choix je devais faire quelque chose et maintenant. Lorsque qu'il se tourna pour aller chercher des épices j'en profitai pour augmenter le feu. Étant une gazinière le feu s'est embrasé ce qui a tout de suite attiré son attention, j'en ai profité pour sortir par la porte de derrière, sans qu'il ne me voit et ça s'était joué à quelques secondes près.

Arrivée dehors Matt m'attendait déjà.
-Lissa ! Me chuchota-il
-Matt, tu m'expliques ?
Il avait toujours cet air inquiet sur le visage.
-Bon écoute je risque de me faire tuer si ils s'aperçoivent que je t'aide. Ils voulaient te torturer pour entendre ce qu'ils veulent, mais je te connais et je sais que tu m'as dit la vérité... Alors je vais t'aider à rejoindre ton groupe, pour que tu puisse sretrouver Andrew... Ils sont très mal partis et on un esprit vraiment délirant, ça pourrait très vite dégénérer. Préviens le, je sais que tu sera dans la mesure de changer les choses.
-Mais..
Il déposa son doigt sur mes lèvres, m'ordonnant de me taire.
-Chut, maintenant on s'en va.
Il m'enfila une casquette sur la tête en coinçant mes cheveux dessous puis releva la capuche de mon sweat.
-Reste près de moi et ne dis rien.
Il s'avança et me tira par le bras, m'incitant à rester près de lui. Puis doucement nous nous sommes dirigés vers la grande porte d'entrée.
-Nico, ouvre on va chercher une commande, Leila nous envoie.
Sans rien répondre «Nico» arqua un sourcil puis ouvrit tout en nous jetant un sourire dédaigneux. Apparemment il ne fallait pas se frotter à cette Leila puisqu'il obéit sans rien argumenter.

Nous étions dehors et en route pour retourner à mon camp.
-Matt..
-Hum?
-Merci...

ApocalypsyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant