une dernière fois

95 5 1
                                    

J'ai couru. J'ai couru loin, si bien que je ne savais plus où j'allais. J'ai couru loin pour oublier, tout. Pour oublier l'hosto, la maladie, ce vide et Thomas. J'ai couru loin pour ne plus être là avec lui. J'étais un obstacle dans sa vie, j'étais son fardeau. J'étais une grenade dégoupillée qui n'attendait que le jour où elle sauterait.

Je ne me faisait plus d'illusion, j'allais crever et j'avais peur. J'avais peur et je l'ai encore en moi cette putain de peur de crever. De laisser Thomas tout seul, aux mains de ce monde de merde qui le tuera bien plus vite qu'il ne le faut. Je ne veux pas le laisser. Et je ne m'excuserai jamais assez de l'avoir rencontrer, de l'avoir embarquer avec moi. Quelle idée à la con de m'aimer. Ça me fait doucement rire. Parce que moi aussi je l'aime. Ça me rappelle mon dernier séjour à l'hôpital, quand on a cru que j'allais y rester. Que je m'étais mis à pleurer et que lui il me touchait. On s'était mis à rire comme des idiots, mais on chialait en même temps. Je me rappelle aussi que l'infirmière s'occupait mal de moi, alors Thomas devait tout vérifier après elle. Parce qu'elle aimait pas les PD, ni les folles. Moi de toute façon j'aime pas les infirmières.

Je sens un truc mouillé sur mes joues, je crois que je pleure encore. Je sens mon portable vibrer, c'est sûrement Thomas qui m'appelle, il me cherche. Mais Paris c'est grand, et j'ai couru longtemps. Et j'ai aussi pris le métro. J'ai mal. J'ai mal quand je respire, et j'entends la voix dans ma tête qui me dit "bein respire plus" si c'était si simple. Quelle idée aussi, d'être séropo. Je veux pas mourir. Je veux être avec Thomas. Mais j'ai couru pour être loin de lui. Il me rappelle, je vais répondre, je vais rentrer. Il faut qu'on soit ensemble encore un peu avant que je parte. Pourtant j'ai pas la force de décrocher, j'ai pas la force de l'entendre me parler, parce que je sais qu'il est entrain de pleurer et que si je l'entends je vais pas supporter. J'ai besoin de lui et pourtant je le fuis.

Je cours, je fais pas gaffe personne ne fait attention à moi, y'a tellement de monde. Tellement que je prends pas la peine de me demander qui ils sont, et si eux aussi, ils vont bientôt crever. Thomas recommence à m'appeler, et moi je me surprends à penser que j'aimerais que ça soit lui qui me tue, plutôt que la maladie. Ça serai plus apaisant, je serai dans ses bras au moins. Je pourrais partir en douceur plutôt que dans la douleur. Mais ça lui ferait trop mal. Alors je suis pris d'un haut de coeur et je m'arrête.

Ça fait si longtemps que je cours que je me rends compte que je suis de retour dans le haul de mon immeuble. Et j'ai mal. J'ai mal partout. A la tête, au coeur, j'ai comme une pointe dans la poitrine et tout ça ce n'est que parce que j'ai couru. Pour de vrai j'ai mal au dos, aux mollet, aux tibias, aux avants bras et dans la nuque. Ah oui, et j'ai aussi une vrai pointe dans la poitrine, et la poche qui y est reliée pendouille dans ma besace. Tout ça le fait mal. Et j'ai le nez bouché à force d'avoir tant pleuré. Je voudrais ne plus rien ressentir, juste être avec Thomas, dans ses bras. Et ne plus avoir mal nul part.

Étant tellement perdu dans mes pensées, je rends compte que je suis toujours planté devant l'interphone. J'ai oublié le code. Et le numéro de l'appart'. Je sonne au pif et pas de chance: je tombe sur notre voisine méchante. Elle non plus elle peux pas me voir en peinture. Je lui ai rien fait de spécial, mais elle a déjà parlé à Thomas et lui a dit que c'était pas moi, c'était juste mes manières qu'elle n'aimait pas et que les PD devraient tous être comme Thomas. J'avais pas très bien compris puisque Thomas n'est pas PD mais bi et il m'a expliqué qu'elle aimerai qu'aucun homo ne soit folle, parce qu'elle trouvait ça ridicule. J'avais pas encore tout compris mais je ne lui avais pas dit puisque direct après ça on avait fait l'amour, avec Thomas.

Je n'ai pu dire qu'un mot et elle a directement raccroché. Sans m'avoir ouvert. Je me suis alors calmé et je me suis remis à penser pour retrouver le code que j'ai tapé à la hâte pour ensuite retrouver Thomas. Quand il m'a ouvert la porte j'ai eu beaucoup de peine. Il pleurait et était au téléphone avec je ne sais qui mais dès qu'il a vu que c'était moi il a directement raccroché en s'excusant. Il m'a ensuite pris dans ses bras pendant un temps avant de se reculer pour me gifler. En me disant que j'étais inconscient de partir comme ça, qu'il s'était fait un sang d'ancre et qu'il m'avait cru mort. Et moi, je suis resté statique, à le regarder pleurer, et je me suis dit que j'aurais du partir quand il en était encore temps. Parce qu'en me mettant à sa place, je sais que maintenant qu'il tient à moi, ma mort va être un carnage dans sa vie. Alors la seule chose de sensée que j'arrive à dire à ce moment là c'est:

-" Pardonne moi de t'avoir rencontré."

Et c'est horrible parce que ça le fait encore plus pleurer. Mais c'est la vérité, il aurait pu vivre tellement de choses merveilleuses s'il était tombé sur un autre mec que moi. Mauvais endroit, mauvais moment. Et pourtant ça le fait tellement mal de penser ça. Dans un sens je suis un peu égoïste mais j'ai trop besoin de lui. Et c'est bizarre mais il a pas l'air de vouloir me lâcher. Et ça me rend mal, il s'accroche à moi alors qu'il sait très bien que je vais me noyé, que ça ne sert plus à rien d'essayer de me faire sortir de l'eau. Je ne veux pas le voir malheureux, mais il vit avec un mort vivant, comment pourrait-il ne pas être malheureux.

Tout en pensant ça, je vois ses lèvres s'étirer, il sèche ses larmes et me reprends dans ses bras. Ça faisait 5 minutes que je le fixais, en pensant alors qu'il pleurait, je ne sais pas ce qu'il s'est dit, en tout cas ça n'a pas l'air triste. Contrairement à moi. Puis j'ai perdu l'équilibre. Et connaissance.

Je ne sais pas comment mais je me suis réveillé dans mon lit. Puis à l'hôpital. Puis dans une ambulance ou quelque chose qui s'y apparente. Et de nouveau dans mon lit. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je ne sais pas combien de temps s'est passé. Mais je sens que mon état s'est dégradé. Je le sens quand je respire, quand j'essai de bouger ou de parler. Thomas ne travaille plus. Il reste tous les jours avec moi, et toutes les nuits, il somnole à mes côtés. Souvent quand je me réveille je le cherche puis le retrouve planté sur une chaise plutôt qu'allongé. Il ne dort plus, il ne mange plus. Mais il me couche, me fait manger, il prend son bain en même temps que moi, il me déplace. Et moi je ne sors plus. Et lui non plus. C'est horrible. J'ai l'impression que ça fait des mois qu'on attend dans notre appartement alors que ça ne fait que deux jours. Chaques mouvements est un supplice. Chaque inspiration un calvaire. J'ai l'impression de porter trois dictionnaires sur chacun de mes membres et de respirer l'air d'un volcan.

C'est horrible de se dire qu'on ne peux plus rien faire par soit même. Parfois Thomas se réveille en panique de ses micros siestes se tourne vers moi à la hâte, et moi en riant doucement je lui souffle que je ne suis pas encore mort. Mais déjà au bout du 5e jour je n'en pouvais plus. Et sans cesse des mots me brûlaient les lèvres, des mots qui tueraient Thomas, mais je voudrais tellement les dire. Je ne pouvais plus continuer à vivre de la sorte, et je voyais Thomas tomber avec moi. Tout était allé si vite.

Je ne compte plus les jours, je ne pense plus qu'a une chose, demander à Thomas de le faire. Dès que je ferme les yeux je me vois lui dire "je t'en pris, je t'en supplie, fais le." Mais quand je me réveille en pleure, les mots ne veulent pas sortir. Je n'ai jamais voulu ça pour lui. Le voir triste, le voir me regarder mourir. Alors en attendant que tout se termine, je continue de l'aimer, de le charier, de plaisanter. Et lui il continu de m'embrasser, de m'aimer trop fort, et de me toucher. Partout, tout le temps, on continue de s'aimer. Jusqu'à ce que la mort m'emporte avec elle. Au moins on de sera aimer, jusqu'à la fin.

•○Fin○•

Hey, voilà un petit texte pas très joyeux que je viens de retrouver et que je n'avais pas terminer.
Si l'histoire est à peu près similaires au film 120 battements par minute c'est normal je l'avais écrit juste après l'avoir vu.
Désolée pour les fautes de frappes et celles d'orthographes.

Merci de m'avoir lu! Gros bisous!❤

Bibi.

Excusez moi, je crois que je t'aime -Newtmas-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant