Le Chemin du Cœur

CHAPITRE NEUF

— Ne sois pas en retard ce soir, Lucy. N'oublie pas qu'un de mes amis vient dîner ainsi que le voisin Paul.

J'observais mon père, il semblait inquiet que je ne rentre pas à l'heure. Je partais simplement faire les magasins avec Rose, elle m'avait appelé ce matin pour me proposer cette sortie. Bien sûr que j'allais venir, il s'agissait d'une très bonne occasion pour visiter la ville ! Finalement j'aurais dû le faire avec mon père mais il désirait que j'y aille avec mon amie. Et puis je serai rentrée à temps pour pouvoir préparer le repas.

— Bon j'y vais, il me semble qu'elle est arrivée ! m'exclamais-je en regardant à travers la fenêtre. Une voiture passait et c'était la sienne.

Sa mère venait occasionnellement nous conduire à la ville voisine, elle me laisserait avec Rose par la suite. Mon père arriva juste à temps me déposer un bisou sur ma joue, je lui offris un grand sourire.

— N'oublie pas pour ce soir, me rappela-t-il en tenant la porte.

J'envoyais un poutou à Mistigris, installée sur le canapé en train de ronfler. Cela me fit légèrement rire. Je m'approchais donc du véhicule de mon amie, elle sortit me dire bonjour.

— Je suis heureuse de te voir Lucy, s'exclama-t-elle joyeusement. Je vais te servir de guide !

— Moi aussi je suis contente de faire une sortie avec toi !

Après avoir glissé un dernier sourire à mon père, je grimpais dans la voiture en saluant la mère de Rose.

— C'est parti les filles ! annonça-t-elle après nous avoir ordonné d'attacher notre ceinture.

Je m'exécutais, elle démarra et nous quittâmes la ruelle. Pour l'occasion, je portais un jean, mes converses, une veste cintrée et un débardeur. Bien entendu, j'avais également mon manteau. Je m'étais aussi fait une tresse en épis de blé, je trouvais ça joli.

Le trajet se déroula dans une ambiance chaleureuse, nous parlions de tout et de rien. Le paysage changea littéralement, passant de la campagne à la ville. Les maisons s'alignaient, je pris conscience que je préférais habiter dans un trou paumé. Beaucoup de déchets se trouvaient sur les trottoirs. Pourquoi les personnes ne faisaient-elles pas attention à la nature ?

— C'est sale...

— Oui, mais les gens ne font pas gaffe ici, me rejoignit Rose en me lançant un regard blasé.

— Malheureusement, tout le monde ne fait pas comme nous, rétorqua la mère de Rose en passant sa main dans son chignon lâche. Lorsque la nature se fâchera, il sera trop tard.

J'étais contente de voir qu'elles partageaient toutes les deux mon avis.

C'est vrai quoi, ce n'était pas compliqué de jeter les déchets à la poubelle !

Une fois de plus, le paysage se transforma avec des résidences un peu plus proches, la voiture se stoppa dans un petit parking.

— Nous sommes arrivés. Je viens vous reprendre dans trois heures, tu as bien un repas de prévu ce soir, Lucy ?

— Oui madame.

— Tu peux m'appeler Clara.

Rose sortit et m'entraîna à sa suite, elle portait une robe avec des collants et des bottes à talons. Comment pouvait-elle marcher avec des échasses ? J'aurais peur d'avoir mal aux pieds à sa place. Cela lui allait bien, elle mesurait quelques centimètres de plus avec ses chaussures.

— À tout à l'heure maman ! cria Rose en agitant son bras.

— Amusez-vous bien.

Je me joignis à elle en regardant la voiture s'éloigner. Une fois sa mère disparue, mon amie me prit la main avec des yeux pétillants. Elle semblait soudainement de très bonne humeur.