CHAPITRE QUINZE

1.2K 137 37
                                    

— Tu es sûre que c'est une bonne idée Lucy ? me demanda Enzo en soupirant si fort qu'il me fit sursauter.

Nous étions devant le salon de coiffure pour sa nouvelle transformation physique. Lorsqu'il m'avait envoyé un message hier soir, j'avais immédiatement pris les rendez-vous moi-même ce matin.

— Oui et puis c'est comme dans une émission à la télé. Tu t'inscris juste pour te relooker. Et n'oublie pas que c'est l'exigence d'Elizabeth...

Mon argument ne sembla pas le convaincre. Je poussais la porte et le fis entrer, aussitôt une jeune femme arriva vers nous. Ses cheveux violets retombaient sur ses oreilles, cette couleur n'était pas habituelle, mais lui allait très bien.

— Bonjour, vous avez pris rendez-vous ?

Je fis oui de la tête et lui indiquais mon appel du matin même pour mon ami. Elle regarda Enzo de plus près en mordillant sa lèvre inférieure. Je retenais ma respiration lorsqu'il gonfla le torse comme un coq. Cette scène était vraiment hilarante.

— Allez vous asseoir sur le dernier siège au bout de la salle, je m'occupe de vous dans quelques secondes.

Je suivis donc Enzo vers le fond, il prit place sur un fauteuil et fixa son reflet dans le miroir en grimaçant.

— C'est une mauvaise idée, baragouina-t-il une fois de plus.

Il prit quelques magasines, je m'installais à côté de lui et l'observais pendant un instant. Je trépignais d'impatience de le voir enfin avec une coupe courte et des lentilles.

— Tu es obligée de rester là, Lucy ?

J'avais aperçu un magasin de lentille dans la rue d'à côté, je pouvais aller en acheter en attendant qu'il se fasse couper les cheveux. Cela nous permettrait de gagner du temps.

Lorsque sa mère avait appris l'idée du relooking de son fils, elle avait été totalement emballée. Elle nous avait donné un peu de liquide pour réussir à tout faire, je me chargeais donc de l'argent confié. Un relooking était une idée un peu étonnante mais je prenais du plaisir à le faire. Peut-être qu'avec ça, il arriverait à se dégager de sa timidité...

Perdue dans mes pensées je n'avais pas remarqué que la coiffeuse arrivait vers nous, se dandinant.

— Par ici, fredonna-t-elle pratiquement en invitant Enzo à aller dans le bac pour se faire mouiller les cheveux.

Il m'adressa un coup d'œil inquiet et s'exécuta en grommelant. Je me retenais de rire, mais lorsque la coiffeuse lui caressa le cuir chevelu, je me figeais. Elle m'énervait.

— Je vais acheter les lentilles, dis-je en me penchant vers le visage d'Enzo.

Il ferma les yeux et hocha simplement la tête.

— Je m'occupe de votre ami, me gratifia la fille avec un sourire trop aimable à mon goût.

Je pénétrais dans le magasin et choisis une couleur transparente, me ramener avec des rouges aurait été vraiment ironique... Mais il les aurait refusées... Le but étant de lui enlever complètement ses lunettes du nez.

— Voilà mademoiselle, me sourit le vendeur en me tendant une poche en plastique avec la paire de lentilles.

Je le remerciais et sortis de la boutique, que fallait-il maintenant ? Retourner en direction du salon de coiffure ? Ou bien profiter encore d'un peu de temps et faire d'autres magasins pour repérer quelques vêtements ?

Je pénétrais dans une grande galerie avec plein de commerces divers, à quelques mètres du salon de coiffure. Enzo était venu me chercher avec sa voiture, car oui comparé à moi il avait déjà 18 ans. Mon anniversaire était au moins de juin, je pouvais encore attendre un peu avant d'être « libre ». En ce qui concerne le permis, j'avais fait la conduite accompagnée et je l'avais obtenu il y a quelques semaines déjà. 18 ans et je pourrais avoir ma future voiture.

Le Chemin du CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant